Tallinn, 25 – 31 août

Nous arrivons à Tallinn après être entrés en Estonie au sud, à Anaiz, 16 jours et 850 km auparavant. Tallinn est un autre monde et seule la langue nous apparaît comme point commun entre la campagne et la capitale.
Nous avons beaucoup de plaisir dans cette ville et y passons finalement une semaine, dans un bel appartement (Kotzebue 5) aux portes de la vieille ville, près des arrêts de tram et de la gare Balti jaam.
La vieille ville, ses remparts, ses tours et les maisons des guildes (corporations) hanséatiques ont beaucoup de charme, et de pavés de toutes sortes!

Nous avons évidemment admiré les monuments tels que la cathédrale orthodoxe Nevski,

l’hôtel de ville,

Entre autres, mais c’est plus l’ensemble de la vieille ville qui nous a séduit.

Elle est composée d’une partie basse, entourée des remparts, qui était dédiée aux marchands et d’une partie haute, Tompaee où se trouve les ruines du château, habitées au passé par les riches barons baltes, germanophones. Parmi les découvertes, une plaque rendant hommage à Boris Yeltsine pour sa résistance à la volonté de Gorbatchev (putsch de 91) de réprimer la volonté d’indépendance de ce peuple, ses idées plus ouvertes, moins centralisatrices qui ont aidé l’Estonie à se sortir du joug soviétique.

Nous visitons différents musées, et faisons des tours à pied ou en bus sightseing. Nos favoris auront été le musée d’histoire de l’Estonie, ouvert en février 2018, et le Seaplane museum sur la marine.

Icebreaker à charbon

Très poignante aussi est la visite des cellules du KGB…

Rocca del Mare, une agréable balade parmi les fermes estoniennes, moulins, école et église rassemblés dans ce musée open air,

de même que les jardins du palace de Kadriorg.

Musée de l’histoire estonienne au palace Maarjamae: ouvert en février 2018 pour les 100 ans du pays, très moderne, il présente l’histoire de 1905 à aujourd’hui dont voici quelques repères. Avant 1914, l’Estonie faisait partie de l’empire russe, économie et pouvoir détenu par les barons germanophones. Les Estoniens sont des ouvriers agricoles, le servage est aboli en 1819, à ce moment seulement les paysans commencent peu à peu à devenir les propriétaires de leurs terres, le sentiment national et la langue se développent aussi, 1er rassemblement de choeurs en 1869.

En 1918, les Estoniens proclament leur indépendance après avoir repoussé les troupes bolchéviques, affaiblies par la révolution d’octobre 17. Mais cette indépendance est très éphémère, les troupes allemandes arrivant quelques jours plus tard. Les Bolchéviques veulent reprendre immédiatement le terrain libéré des Allemands mais sont repoussés après de violents combats par les Estoniens, (aidés des Finlandais), combattant pour leur indépendance, unis maintenant par un sentiment national, décidés à se libérer des barons germanphones comme des bolchéviques, c’est la guerre d’indépendance, reconnue en 1920.

Les invasions se succèdent durant la seconde guerre: Russes, puis Allemands, puis Russes en 1944. Les Allemands sont perçus d’abord comme les libérateurs face au Soviétiques. Beaucoup de germanophones rejoignent les troupes allemandes pour lutter contre le bolchévisme. Suivra évidemment la grande période d’occupation soviétique. Puis les manifestations populaires (87-91) contre l’ouverture d’une nouvelle mine de phosphate, le renforcement du sentiment national, la chaîne humaine de 680km de long donnant de la visibilité aux pays baltes auprès des pays d’Europe de l’ouest, la publication tant demandée du traité Ribentropp-Molotov (datant de 1939). Lors de manifestations de chants, très importantes dans la culture, les Estoniens commencent à ressortir leur drapeau, interdit par les soviétiques. L’implosion de l’URSS, la chute du mur, forment un contexte favorable pour que l’Estonie retrouve son indépendance la révolution chantante…

Nous terminons la visite du musée par les photos des quartiers industriels soviétiques transformés en zones d’hôtels et restaurants (Rottermannini) ou en zones annimées plus jeunes (Telliskivi) en 2010 et en 2017, quels changements!

En nous baladant, nous admirons avec enthousiasme le nombre de juxtapositions d’anciens murs et de bâtiments modernes originaux, aux lignes souvent cassées, inattendues, jouant sur l’utilisation de matériaux différents et préservant toujours des parties d’anciens hangars, de vieilles usines. Les étages d’habitation ainsi que des balcons ont été souvent rajoutés.
Les centres commerciaux montrent une soif d’aller vers la société de consommation luxueuse, bien loin de l’époque soviétique. La différence d’attitude face à nous, étrangers ne pouvant demander des renseignements qu’en anglais est énorme entre les générations. Partout en Estonie, pour nous parler, on va chercher le jeune de la famille. En ville, des jeunes viennent discuter, proposent spontanément de nous aider alors que les plus âgés sont muets voire éffarés par nos questions. Un chauffeur de bus, un employé préposé à la vente de billets de train, une réceptionniste d’hôtel, d’âge mûr, peut souvent n’avoir aucune connaissance d’anglais et même ne pas vouloir juste communiquer.
Nous faisons toujours très attention à nos vélos, beaucoup plus que d’autres cyclotouristes, mais se balader en ville donne une grande impression de sécurité, calme, même le soir. Il reste pour nous deux dangers à Tallinn: apprendre rapidement que les trams traversent les rues à certains endroits, dont un près de notre logement sans crier gare! Ni feux, ni barrières, les voitures regardent et s’arrêtent, ne pas être distraits et penser que les voies sont doubles! Et les pavés de toutes sortes, et autres inégalités sur les trottoirs, …

Cyclistes : adresses utiles pour régler ou réparer votre vélo

Lettonie : Sigulda. Dans le village, sur le tracé de l’Eurovélo du côté nord de la grande route A2. Magasin de cycles où nous avons fait régler nos vitesses. Le mécanicien admirait nos vélos et du coup les a bichonnés.

Estonie : Haapsalu, Tallinna mnt 1. Hawaï express, chaîne de magasins de vélos ayant des succursales à Tallinn et à Narva entre autres. La liste des marchands de la chaîne est sur leur page d’accueil http://www.hawaii.ee, disponible en anglais. Le magasin de Haapsalu est géré par une jeune dame dont la devise est « don’t miss the perfection ». J’avais (Danièle) des douleurs mal placéées et une selle ayant peut-être trop vécu. Elle a fait des réglages pendant une heure ou deux, avec une précision et une passion hors du commun, en insistant pour que nous prenions le temps nécessaire, avec le sourire et de l’humour en prime. J’ai retrouvé le plaisir de pédaler.

Estonie: bivouacs, 15 et 16 août

La définition que je propose: Un bon bivouac est un endroit pour passer la nuit où la beauté du site est supérieure à son inconfort.
Estonie, île de Saaremaa: nous plantons notre tente au-dessus des petites falaises, vers le phare, avec une vue imprenable sur le coucher de soleil.

Les touristes viennent la journée pour la beauté du site et certains restent jusqu’au coucher du soleil, vers 21h15, à mi-août.

La seule auberge à la ronde est occupée par un camp d’activités créatrices pour adultes russes venus retrouver leur créativité enfantine, selon leur propre explication, donnée dans un excellent français. Nous sommes enrôlés comme acteurs le temps d’une réplique, en français, pour un de leurs films. L’intendante nous dit que dans le parc de Panga, un des endroits les plus visités de l’île, nous n’avons qu’à mettre notre tente où nous voulons. A essayer dans le jardin du Denantou?

Alors ce fut un bon bivouac, mais bien humide la nuit, froid et sans accès à la mer vu qu’elle était à nos pieds 25 mètres plus bas, ni à aucune autre eau.
Malgré cette formidable tolérance et ouverture d’esprit, le parc était propre, le parking attenant aussi. Nous ne voyons jamais de poubelles débordantes, peu de détritus, beaucoup de sanitaires publics spartiates mais propres.

C’était la seconde nuit consécutive en bivouac. La veille, nous pédalions avec une certaine lassitude le long de grands tronçons rectilignes, forêt à droite et à gauche, mer proche mais toujours cachée derrière les arbres, lorsque nous avons fait le crochet au centre de visite du parc national des îles Vislandi.

Nous rencontrons là un éducateur ou/et homme d’église au format de bûcheron et une quinzaine de jeunes, et d’adolescents. Cet homme m’explique immédiatement et spontanémemet que son équipe a commencé à nourrir les enfants des rues de Tallin en 1997, puis a ouvert une structure dans l’église pour les héberger. Le processus de les convaincre d’être logés plutôt que nourris en rue a pris 2 ans. Selon lui, il n’y a plus d’enfants seuls dans les rues de Tallin actuellement, le dernier recueilli chez eux l’a été en 2005. Toutefois, sa structure existe toujours puisqu’ils sont justement en camp et que certains ne doivent pas avoir plus de 13 ans. Tous ont été récupérés alors qu’ils étaient toxicomanes déjà dans leur enfance. Cet homme extrêmement sympathique, direct, à l’allure imposante résume très vite son action: « nous avons commencé par leur apporter à manger, puis des règles et la bible. Et maintenant, nous laissons nos bus, chargeons les sacs à dos et les tentes et partons dormir à 6 km au bord de la mer avant de traverser pour les îles Vislandi ». Traverser? Étonnant, je n’ai pas vu ni port ni bac dans les parages. Mon interlocuteur n’est jamais allé sur ces îles mais est toujours aussi enthousiaste, de même que la gérante du centre de visite d’ailleurs. Il suffit de suivre le chemin jusqu’à la plage de cailloux, puis de passer les différents petits bras de mer à pied, en portant les bagages, l’eau vous arrivant au maximum à la taille.

Balise du chemin.

Voilà son programme, aller 3 jours marcher, bivouaquer sur ces îles avec ces jeunes, en vivant en groupe. Nous pensons évidemment à notre famille, scoute de génération en génération, et au travail de notre fille, éducatrice en foyer! La différence du support biblique ne paraît pas si importante lorsque nous les dépassons à vélo sur le chemin, en train de déjà réajuster leur sac. Nous pensons au travail de motivation que cet homme doit certainement fournir. Arrivés à la mer, notre compteur indique 10 km et non 6!

Nous avions en effet décidé d’abandonner l’idée de rejoindre l’auberge du prochain village, n’ayant vraiment pas encore trouvé le charme des agglomérations, au profit du bivouac en bord de mer. L’endroit est si vaste que nous nous installons absolument pour nous face à la mer.

Un Lituanien cycliste vient nous dire bonjour, s’étonnant que nous ne prévoyons pas de traverser! L’eau à la taille, nos 6 sacoches vélo, deux sacs plus nos petites sacoches guidon, je ne m’y vois pas franchement, non! Le cycliste avait caché ses sacoches dans la forêt et avait porté son vélo pour aller pédaler sur les îles. Ceci illustre le sentiment de sécurité que nous ressentons aussi dans ce pays.

Le lendemain, nous partons entre les roseaux voir le premier canal à traverser. D’autres en profitent allègrement.

Lettonie

Traversée de la Lettonie: pour le cycliste, deux possibilités
  • la côte: ses belles plages, et autres curiosités, mais des parties sur la piste cyclable de l’autoroute
  • les routes par l’intérieur, option que nous choisissons.
Pour l’itinéraire, c’est extrêmement simple: sortir de chacune des quelques villes par la bonne route et rester toute la journée sur l’asphalte, en ignorant les routes partant à droite ou à gauche garantissant l’enlisement dans le sable après quelques mètres.

Nous devons renoncer à un camping car inatteignable pour nos vélos (7km de sable).

Un peu de circulation au sud, les camions nous dépassent avec beaucoup de précaution mais certains sont longs, transportant des troncs. Des bons tronçons rectilignes, méditatifs selon P.-O, du goudron plus ou moins en patchwork.

Nous campons au bord d’un lac très sympa, devant un bâtiment de camp de vacances, centre olympique de canoéistes.

Les installations sont vétustes, les enfants. et jeunes participent à toutes sortes de sport, et s’en donnent à cœur joie. A 22 heures, ils se baignent encore, je vais donc tard prendre mon bain d’eau vaseuse remplaçant la douche.

Paysages de forêts mélangées, plus de pins sylvestres, beaucoup de bouleaux et de grandes prairies aussi, et un peu de céréales pas encore moissonnées, basses sur tiges. Le foin en rouleaux est laissé dans la prairie, déjà de nouveau verte. Très peu de bétail visible, quelques hangars qui pourraient abriter des bêtes, certains sonr vraisemblablement des kolkozes abandonnés. Peu de fermes, peu de monde, aucune plaque étrangère, aucun cycliste. Il fait toujours une chaleur exceptionnelle.

La traversée de la Lettonie a été facile par cet itinéraire, sauf la sortie de Riga.

Auparavant, nous avions visité Riga et Vilnius, et traversé la Lituanie en train. La canicule, le monde et en conséquence les mauvais logements ont rendu nos visites un peu superficielles, nous retournerons à Riga.

Expo d’ours peints, chacun représentant un pays, à but carritatif pour l’enfance.

A vivre aussi absolument: la traversée de Vilnius à Daugavpils par les lacs des parcs nationaux de l’est de la Lituanie.

Nous vous présentons juste l’auberge de jeunesse de downtown à Vilnius, mythique, au bout d’une route de terre défoncée dans la vieille ville. Tout y était: le jardin intérieur avec BBQ, hamacs, musique cool, un accueil sympa, un chat donnant le ton « dynamique » par cette chaleur, et chambres donnant sur l’animation.

Tableau noir pour s’inscrire pour les croissants et la visite de la ville.

Et le camping à Riga dans la ville: Des containers fonctionnels, une sorte de hangar de sport, pas bucolique mais près du centre. Une zone pour les tentes où nous faisons la connaissance de 2 couples de cyclistes allemands venant de Tallin. Échanges très sympas, un couple a les kilomètres sponsorisés pour un projet humanitaire en Bosnie, l’autre nous offre leur guide, la nouvelle version en allemand, qui nous sera très utile pour éviter la grande route côtière. Mais Riga est aussi une ville très festive, et c’est ainsi que je vais chercher nos sardines sous les fesses de fêtards écroulés contre notre tente, dormant dehors plutôt que dans leur bus, déjà placé à un mètre de notre tente.

Riga, on reviendra, pour les musées, le kayak sur les canaux, sortir le soir…mais là ….Nous avons besoin de nature, de moins de monde, de calme. Mais parmi les cyclistes, notre tente est admirée, elle fait des envieux!

A la frontière Lettonie-Estonie, visite d’un petit musée, juste une maison en bois, ancienne école de marins. Les valeurs de base ne changent pas, les cahiers sont de 1864!

Les petits espoirs et imprévus

En Pologne, nous visons une pension un soir car le restaurant est annoncé comme typique et très bon. Nous y arrivons vers 18h, heure de fermeture de la cuisine, ne fonctionnant qu’à midi! Nous avons d’excellents Pierogi, sortes de raviolis mais ceci, nous connaissons depuis notre arrivée en Pologne.
En Lettonie, après une longue étape où nous sommes sortis de Riga par la zone industrielle, la lente progression en suivant Maps.me et de fortes averses, nous décidons de nous offrir le manoir de la région, très abordable, et ne nécessitant un détour que de 10 km. Et bien, c’est magnifique mais le cuisinier a congé ce jour! Il ne nous reste plus qu’à reprendre nos bicyclettes pour 20 km et une nouvelle averse si nous voulons nous coucher l’estomac plein.
En Lettonie puis en Estonie, en cherchant un camping avec machine à laver, nous trouvons un magnifique coin de bivouac au bord de la rivière.

Heureusement, nous avons trouvé l’épicerie pour les 15 km à la ronde.

La lessive est remise à une date ultérieure. C’est bicoulet et sympa, mais des kayakeurs polonais sont arrivés et chantent jusqu’au petit matin. Surprise le lendemain, quand solennellement ils chantent pour débuter la journée un chant religieux, comme chaque jour. En continuant notre quête de camping avec machine, nous trouvons au bord de la Baltique la signalisation de l’Eurovélo 10. Nous la suivons pour atterrir sur la bande latérale d’une sorte d’autoroute. Le guide avait un autre itinéraire, j’avais été moins attentive à cause de la présence de la signalisation. Nous devons donc revenir en arrière et nous arrêter avant les prochains 40 km que nous savons être en totale nature. Après un essai dans un hôtel magnifique proposant des places pour tentes, mais dont le restaurant est fermé pour cause de mariage, nous continuons et atterrissons dans un hôtel qui servait de repos pour les cosmonautes russes, mais ni restaurant ni machine à laver.

L’endroit est idyllique et nous avons notre gaz et batterie de cuisine, donc tout va bien, sauf la lessive!

Le lendemain, camping avec machine à laver, à Parnu mais la zone tente est supprimée au profit d’une exposition d’anciennes machines et de vieilles voitures.


Mais nous pouvons mettre notre petite tente là au milieu jusqu’à 8h. le lendemain.

La machine tourne et il se met à pleuvoir. La gérante est vraiment sympa et notre lessive sèche dans l’arrière de son restaurant avec son linge; le séchoir est en panne!

En pédalant, je pensais au bon petit restaurant trouvé en France transformant une journée de vélo sous la pluie en étape gourmande, ou aux nombreuaes petites places de villages avec un petit café, une terrasse. Ici, même si vous voudriez succomber à la tentation, et bien il n’y a pas de quoi! Par contre, ces imprévus font partie du charme du voyage; et aujourd’hui pour éviter le sable nous avons pédalé sur l’herbe d’un terrain de golf, si ce n’est pas chic! Et en plus aucun joueur n’a trouvé à redire quoi que ce soit.

Au revoir Pologne

En Pologne, les bonnes découvertes auront été
  • Gdansk, un petit coup de foudre,

  • Les habitants, leur attention pour nous, cyclistes étrangers, la priorité au vélo dans les villes, le calme et la patience des automobilistes, chauffeurs de car et camion inclus sur les petites routes,

  • Un pays vert, où l’eau est toujours présente, campagne paisible. En allant vers l’est, les immenses champs de blé font place à des prairies, des collines, un paysage plus varié. Les jardins sont fleuris, arrangés, toujours garni d’un étang,

  • Les cigognes, partout, bien opportunistes derrière les moissonneuses, ou à 3 ou 4 au nid,
  • plus de 700 km pédalés sans jamais être gênés par la circulation, sauf sur la côte avant Gdansk où en plus, c’était le déluge et nous avons pris le train. L’itinéraire green vélo, un must dans les parcours cyclables longues distances, petites routes ou pistes, et quelques routes moyennes avec piste cyclable séparée,

  • Les forêts, denses, impénétrables, mais aucun bison ni loup n’est venu couper notre route. De jour et par une chaleur pareille, ils ne sont pas fous et font la sieste, eux!
  • La visite guidée de la forêt primaire de Bialowieza et le musée présentant entre autres les différents types de forêts, dont l’aulnaie où les chabis (racines d’épicéas) et la matière organique en décomposition forment des îles propices à la nidification des grues, par exemple. Les épicéas dépassent de loin la canopée, mais le réchauffement climatique, entraînant un abaissement du niveau d’eau est néfaste à leurs racines peut profondes. Dans cette forêt, tilleuls et chênes se côtoient, leur écorce est assez semblable mais le tilleul assure sa relève par des rejets au pied de son tronc.


    600 bisons et deux meutes de loups habitent le côté polonais du parc, environ une même population se trouve du côté biélorusse. Les bisons ayant dû être réintroduits, leur génétique est semblable à 80%, rendant l’espèce menacée et fragile; en conséquence un élevage est maintenu. Les loups chassent en fatigant leur proie, grâce à leur endurance à la course et en se mettant à plusieurs sur un cerf, alors que le lynx est un sprinter, comme le chat, à l’affût , bondissant seul sur un chevreuil de préférence par surprise. Les petites musaraignes perdent 10% de leur poids en hiver, en diminuant le poids de chacun de leurs organe même leur cerveau. Une stratégie d’économie vu que leur métabolisme rapide exige 1.5 fois leur poids corporel d’insectes et de vers par jour,

  • Les bonnes bières, les Pierogi oui…mais le meilleur de la gastronomie sont leur glaces, et les confitures, sirops à base de fruits qui en ont vraiment le goût.
Les moins bons côtés auront été le monde sur la côte baltique, et en général, les trains sous-dimensionnés pour les cyclistes surtout. Développer du tourisme vert et un itinéraire comme la green vélo de 1700km, c’est génial mais faciliter son accès en transport public serait logique.
L’architecture: les belles maisons font très neuves, ont peu de caractère, beaucoup de briques grises, de villages sans centre, ni place ou bancs. Les blocs de béton, rénovés ou non, avec la grosse inscription de leur adresse sur leurs murs donnent un aspect triste, austère et froid aux bourgades. Cela nous apparaît comme une caricature bien réelle de l’architecture soviétique.

Les églises de briques rouges apportent beaucoup d’humanité dans ce contexte très fonctionnel, enfin c’est notre ressenti. En allant vers l’est, plus de maisons en bois, plus de villages, les églises orthodoxes avec leur boules sur la tour se joignent aux catholiques.

Et non, pas de gros mollets ou de cuisses bétons….nous avons beaucoup visité, pas roulé chaque jour, et les poignets, les mains et les avant bras souffrent plus de tenir la monture sur les pistes caillouteuses que les jambes. Le plus difficile aura été la chaleur, surtout à la fin du séjour, mes mains dégoulinant de sueur peinaient à tenir le guidon.

Lorsque nous campons, l’inconfort est de s’habiller avec des habits bien humides. Dans la tente, sous l’avant-toit, tout est humide ou trempe par la rosée. Nous séchons le dessous de la tente pendant le petit déjéûner. Le soir, les moustiques arrivent, mais vu notre fatigue, nous leur laissons quartier libre en allant nous ranger sous notre toile sans hésitation.

Réseau familial en voyage

L’étape au parc de Bialowiesa sera malheureusement attristée par la nouvelle que Nathalie et Maxime sont bloqués à l’aéroport de Münich à cause de la suppression des vols suite à une alerte liée à la sécurité. J’avais préparé leur voyage de noces avec tant d’enthousiasme, je suis triste comme vous ne pouvez l’imaginer. Voyage de noces à leur image: randonnée et bivouacs en kayak au nord de la Norvège, une surprise.
Nous sommes dans un petit camping sans wifi, mais avec une prise à côté de l’unique évier. La famille, le partage prennent totalement le dessus, nous essayons de trouver vols et bus de remplacement, de les contacter.

Nos outils sont un petit banc que nous déplaçons pour trouver du réseau, deux téléphones portables avec des forfaits internet, dont celui d’Isabelle qui nous donne l’excellente idée du Flexibus et essaie de me remonter le moral avec philosophie, un petit accumulateur, une prise où il n’y a pas de réseau, du réseau où il y a du soleil et une chaleur humide tropicale. L’initiative d’Isabelle Joy for the planet est passionnante et pleines de questions pour nous, mais je suis absorbée, on ne se change pas en voyage!

Le lendemain après-midi, nous partons quand même nous renseigner pour visiter la forêt et tombons sur un groupe de Français sur le départ avec une guide francophone.

Nous nous joignons, unique opportunité de ces jours, et Joseph, depuis son île groenlandaise prend le relais et aide efficacement Nathalie et Maxime à sortir de cet aéroport de Münich après 36 heures pour gagner la Norvège en bus, et sans bagages. Nathalie et Maxime auront voyagé sans nuit réelle de samedi 3h du matin à mardi soir! Quand vous partez avec un guide dans la nature, les nuits d’hôtel ne vous rapprochant pas de votre but et les vêtements de première nécessité payés par la compagnie sont peu de choses à côté de vos souliers de marche, sac de couchage, bonne polaire, réchaud, matelas etc….Mardi soir 31 juillet, ils seront à destination, ayant manqué deux jours d’activité, bravo, le moral a tenu! Chacun se rappelle de son voyage de noces,…pour des raisons diverses.

Décisions, rencontres, serviabilité des Polonais

Le 28 juillet, nous roulons de vallons en collines progressant toujours le long de la green vélo vers l’est; les paturages et les troupeaux de vaches ont largement remplacé les champs de céréales. Nous atteignons la borne « point triple », frontière entre la Pologne, la Lituanie et Kaliningrad. De la nouvelle borne de 2010, des angles sont dessinés sur le sol, montrant la partie fermée de Kaliningrad, entourée de barbelés et d’un couloir vide.

Nous rencontrons deux cyclo voyageurs français, premier contact dans notre langue. Nous sommes le long d’une petite route: devant nous à l’est la Lituanie, au sud la perspective de visiter la forêt primaire de Bialowieza, et au nord notre fil rouge qui est de rejoindre la Baltique.

Pour la Lituanie: pas de carte, pas d’itinéraire balisé mais l’espoir de bus de campagne, passant plus d’une fois par semaine (?) et acceptant nos vélos (??).
Deux petits coups de chance: un peu de 3G à cet emplacement et un Polonais parlant l’anglais, en route sur la green avec son fiston venant nous demander si nous avons besoin d’aide. Avec lui, l’option du sud, vers la belle forêt et potentiellement les derniers bisons d’Europe en liberté est retenue car elle nous fait passer par Bialystok, grande ville avec bus et trains pouvant nous ramener vers le nord. En route donc pour le sud, par la green velo, juste 47 km pour une après-midi de montées, descentes et virolets pour atteindre Suwalki, grande ville, chantier d’autoroute, les locatifs blocs, similaires à ceux de toute autre bourgade, sont bien repeints, entretenus, colorés.

Nous trouvons vite la gare, un vieux bâtiment traditionnel de briques rouges, complètement fermé, 2 quais, passage d’un quai à l’autre par les voies évidemment et un panneau avec l’horaire des trains!

Le but est de gagner du temps pour rejoindre le parc. Pour Bialystok, avec le symbole vélo, il y en a deux par semaine dont un le lendemain matin, une bonne étoile nous suit. Trouvant un bon hôtel, avec un bon restaurant et du wifi, nous recevons le coup de téléphone d’Isabelle, qui progresse dans son tour d’Europe pour amener, partager et relater la joie de personnes rencontrées, toutes exceptionnelles à leur façon. Bizarre, saugrenu….allez voir joyfortheplanet.org , un bol d’énergie positive. Rendez-vous pris pour le lendemain.

Le lendemain, 29 juillet, nous allons à la gare où arrivent progressivement 2 autres paires de cyclistes. Sourires, échanges, et même présentation en bonne et dûe forme. Arrive le train, deux petits wagons dont les espaces vélos sont déjà pleins. L’employé nous dit qu’il n y a pas de place, nous montons un vélo, un polonais explique que nous sommes ensemble, et nous voilà les deux dedans. L’occasion de pousser, tasser, enlever les sacoches, et les deux Polonaises qui avaient, elles, billets et réservations sont dedans. Les deux hommes ont l’air d’accepter avec le sourire de rester à quai, alors qu’ils ont discuté pour nous et pour elles et qu’il y a deux trains hebdomadaires. Nous comprenons qu’une fois de plus, nous avons été privilégiés parce que nous sommes étrangers. L’employé se radoucit, les embarque par l’autre porte, il peut arpenter ses 2 wagons malgré son bon format. Une technique nouvelle pour nous est de serrer les vélos sans bagages et de mettre des vélos couchés horizontalement par-dessus. Bonne humeur assurée, poignée de mains pour se féliciter d’être tous dedans, et à l’arrivée pour se dire au revoir et bon voyage.

J’avais envie de vous faire partager cette attention et tous ces coups de pouce qui nous sont très discrètement accordés.

A Bialystok, nous retrouvons Isabelle et chargeons vélos et bagages dans son camping car Begodee, un poème, un musée, de bois, de décoration, et nous roulons au sud, vers la réserve de bialowiesa en prenant soin d’arrimer Christophe qui se croit un peu trop au Lunapark. Christophe? C’est sa plante verte, pendue au plafond.