Moscou, le retour, la flegme vers le soleil

Se familiariser avec Moscou a été un peu plus difficile, les touristes voyageant individuellement doivent être très rares:
  • Trouver un plan papier nous a amenés à visiter le hall de l’hôtel Métropole, magnifique 5*,
  • La persévérance pour trouver l’office de tourisme ouvert nous a conduit vers un petit bureau, une seule personne mais très efficace et aimable,
  • De l’aide spontanée nous a été proposée dans le métro par des passants, et devant notre perpléxité à la lecture des noms de rue principalement en cyrillique
  • Le monde dans les métros, le bruit partout, les routes à 8 pistes en pleine ville, comment peut-on s’y habituer?
La météo, crûe, venteuse et humide durant notre visite guidée à pied a eu l’énorme avantage de diminuer la foule sur la place rouge. Voir le mausolée de Lénine, visiter le Kremlin, par beau temps cette fois, ont naturellement été parmi les temps forts de notre séjour. Nouveauté: les grands jardins ouverts en 2017 sur la colline constitiuée par la démolition de l’un des grands édifices staliniens, un hôtel à plusieurs milliers de chambres.

Hôtel stalinien détruit, remplacé par une colline et des jardins.

Quelques autres vues de Moscou.

Le port, où nous sommes arrivés en bateau.


Les stations de métro sont vraiment intéressantes, « palais pour le peuple », vénérant les différentes activités économiques, ou honorant la pensée soviétique par des fresques, des statues ou d’autres oeuvres d’art de l’époque stalinienne.


Musarder dans le long centre commercial Goum, attenant à la place rouge :

  • Charme de cet immense bâtiment de tout temps destiné au commerce, toits en verres, allées et traverses intérieures, arcades et splendide longue façade en font le charme,
  • A l’origine, chacun pouvait venir y vendre quoi que ce soit, et tous les Moscovites le fréquentaient comme le marché central de nourriture et d’objets. Les prix diminuant à l’étage supérieure.
  • Puis pendant la seconde guerre, il servit de logements aux familles ayant perdu le leur; retrouvant sa vocation commerciale en 1945,
  • Pour notre jeune guide, il est synonyme de queues interminables durant son enfance, une spécialité stalinienne bien présente dans les souvenirs. Dans les années 80s, le manque de nourriture a conduit à l’émission de coupons. Accompagner sa maman leur donnait droit à plus de pain et c’était toujours l’endroit où chacun venait se ravitailler,
  • Maintenant plus de queue du tout, le défilé des enseignes luxueuses alignant les grands noms de la parfumerie, de la couture et de la joaillerie ainsi que l’absence totale d’autres marques incitent chacun à musarder pour contempler les décorations absolument superbes, adaptées à la saison. Courges, bicyclettes de toutes sortes décorées avec des feuilles mortes, bottes de foin, fruits, toute la beauté campagnarde automnale était présente dans ce temple du luxe capitaliste, juste en face du mausolée de Lénine.

Notre objectif en arrivant à Moscou était de trouver des cartons pour nos vélos. N’ayant pas trouvé de billets de train pour rentrer de Moscou, nous avions prévu l’avion. La compagnie Swiss nous avait informés qu’elle en exigeait des cartons mais n’en fournissait pas, nous suggérant de voyager avec! Grâce à la jeune femme très compétente de l’office du tourisme, nous avons eu l’adresse d’un club de cyclistes, situé tout près du centre. Logé dans une cave, avec une porte donnant sur une cour intérieure fermée nous sommes arrivés par chance devant la grille en même temps que le balayeur, qui après s’être éloigné sans nous aider, s’est ravisé, est revenu vers nous pour nous ouvrir et nous montrer la cage d’escaliers, véritable trappe obscure. Un jeune était présent, à qui nous commençons à expliquer d’où nous venons. Le commentaire a été immédiat: « il vous faut des cartons, je vais vous en chercher ». Et voilà, juste la pluie pour le retour à notre hôtel et l’étape « trouver des cartons » était paquetée!

La seconde étape a été un peu plus longue et a nécessité d’envahir le hall de notre petit hôtel: démonter les vélos pour les faire entrer dans les cartons, colmater les espaces avec nos habits de façon à vider certaines sacoches pour diminuer nos bagages de soute. Après plusieurs essais et répétitions pour « emballer mieux », nos cartons étaient pleins, scotchés et nous étions prêts pour nous rendre à l’aéroport avec un taxi XL.

Auparavant nous avons bien profité de nos soirées en allant écouter l’orchestre philarmonique de Carélie et sa pianiste. Concert unique, au Tchaikovski hall pour lequel nous avons trouvé des billets dans l’après-midi même, convaincus par la caissière qu’il n’y avait pas de dress code. Oups…je suis restée assise à l’entracte pour ne pas trop me montrer, la salle était bien élégante par son architecture et son public! Le concert était vraiment exceptionnel, la pianiste Ekaterina Mechetina couverte de fleurs par le public, a multiplié les prolongations. Le programme incluait du Glinka (j’ai adoré), du Rachmaninov et du Tchaikovsky. Pour notre dernière soirée, nous avons été emballés par la troupe de danse folkloriques Djel, ses chorégraphies extrêmement dynamiques des différentes régions de Russie, les costumes colorés de cette troupe de plus de 50 danseurs dont des étoiles aux performances techniques et sportives époustouflantes.

En Russie, aller au spectacle est vraiment à mettre à tout programme de voyage.

Puis ce fut le départ pour l’aéroport où nous avons dû couper tous nos scotchs pour faciliter les quelques secondes d’inspection par le caniche de service et emballer au moyen du plastique fin, disponible au mètre et à prix exagéré, les sacoches et sac restants.

A Cointrin, dans un petit coin tranquille, Pierre-Olivier a remonté les vélos, j’ai remis nos affaires dans les différentes sacoches pour prendre le train pour Lausanne.

Merci à Nathalie d’être venue nous chercher à la gare et à Maxime d’avoir cuit d’excellentes pâtes « maison », la montée de nuit au chalet à Gobet où nous avons pu dormir dans notre hanneton nous aurait vraiment rallongé la soirée et fait souper au milieu de la nuit!

Ce voyage:
  • Un plongeon dans l’histoire du 20ième siècle encore incroyablement présente,
  • La visite approfondie de Berlin, Gdansk, Tallin, St Petersbourg et Moscou,
  • Le voyage à vélo, toujours une bonne leçon de lenteur, de persévérance, nous plongeant dans la campagne en y mesurant les immense et incroyables contrastes relativement aux villes: absence d’infrastructure, de magasins, de points de rencontre, habitat vétuste dans les pays baltes mais présence de belles maisons et jardins très soignés et sophistiqués en Pologne, où l’agriculture était aussi très mécanisée. L’obligation de faire ses emplettes dans les villages est très instructive, après avoir appris à reconnaître un magasin!
  • La traversée de toutes sortes de forêts, denses et variées en Pologne, plus lumineuses au nord et de campagnes aux très nombreuses cigognes souvent parsemées d’étangs,
  • Côté chiffres: 2450 km à vélo, 87 jours de voyage dont 35 de vélo, à raison de 70km par jour de moyenne, 16 à 20 kg de bagages par vélo, 20 nuits sous tente, nécessitant toujours d’enfiler des habits humides le matin, des innombrables aboiements de bergers allemands derrière les clôtures mais que deux réels affrontements avec des chiens en liberté agressifs, pleins de bonnes glaces en Pologne, une semaine à Tallin, une à St Petersbourg, 5 jours en croisière et une petite semaine à Moscou et …4 jours de repos, généralement dédiés à la lessive,
  • Par contre, la Baltique si peu profonde, souvent riche en planctons ou autres micro verdure la rendant verte est peu avenante pour la baignade, bien que pas froide du tout même en septembre..Disons que l’un de nous deux a eu un peu de peine à prendre le temps de se baigner, à être au bon moment avec la bonne météo vers les plages. Quant aux arrêts gourmands, aux terrasses ensoleillées, là, mieux vaut ne pas y penser, pas à cause du manque de soleil mais par manque de restaurants et autres terrasses.
La tête pleine de cette histoire vivante, explosant d’informations à digérer, bien refoidis à Moscou, nous sommes vite partis en Sicile avec comme seul but la baignade et la détente au soleil, bref, des vacances « flegme ». Du soleil, nous en avons eu, mais de fortes pluies aussi nous laissant bien du temps pour compléter notre voyage par quelques lectures sur Marx, la Révolution d’Octobre ou l’histoire de la Grande Guerre.

Pas de bons wifi dans les campings, nos occupations entre les deux voyages et peut-être un peu de flegme sont nos excuses pour cet énorme retard dans nos nouvelles. Nous sommes de retour avec la preuve que notre hanneton est étanche!