Green vélo

C’est le nom d’un itinéraire cyclable polonais qui suit plus ou moins la côte baltique vers l’est depuis Elblag aux environs de Gdansk, jusqu’à la frontière russe de Kaliningrad pour ensuite continuer par les terres et descendre au sud vers l’Ukraine en traversant notamment une forêt primaire, peuplée de bisons.

Nous roulons sur la partie du nord, environ 400km, longeant Kaliningrad de virolets en zig zag, sur des petites routes sans circulation, ou des pistes forestières, des chemins caillouteux où les poignets souffrent plus que les jambes pour garder l’équilibre. Bref, toutes sortes de revêtements qui nous font parfois apprécier a postériori les dalles de béton des chemins de bord de mer! La signalisation par panneaux oranges est excellente, nous recevons des cartes et même un atlas extrêmement détaillé décrivant le parcours dans certains offices du tourisme.

La qualité des routes et chemins semblent être la moins roulante en début de parcours. Rejoindre par ferry à Frombork peut être une bonne option pour les NON VTT.

La côte n’est plus touristique, l’eau très peu profonde, plutôt des zones marécageuses, les champs de blé souvent immenses. En progressant vers l’est le paysage devient plus varié, alternant cordons boisés, prairies, marécages. Les églises sont imposantes, de briques rouges, et les calvaires, croix le long des routes, sont très nombreux et fleuris, comme les jardins.

Quelques grandes maisons bien rénovées ou neuves, entourées toujours d’un parc immense, incluant étang, cabanon sur l’eau, zone boisée, potager, petits fruits, très bien entretenu, arrangé, tondu. Les villages ne sont pas attractifs, et dans les bourgades plus grandes, les blocs alignés, avec leur adresse en grand sur le mur, fascinent de fonctionnalité plus que de charme!

On rit avec les Polonais, en essayant d’apprendre quelques mots, en faisant nos commissions parfois avec le traducteur sur le téléphone. Nous campons une nuit dans le parc d’un petit domaine (42 hectares, il en faut 200-300 pour être bien viable), excellent souper et petit déjeuner gargantuesque sur la terrasse.

La green velo, et conséquemment l’agrotourisme représentent une nouvelle opportunité pour les fermiers, qui selon notre hôte s’en sortait financièrement nettement mieux avant 1989; l’élevage spécialement étant devenu précaire.

Nous avons la chance d’arriver à la basilique de Frombork juste pour le concert d’orgue et de voir un mariage partir d’un village en calèche au son de l’accordéon.

Nous pédalons 50 à 75 km par jour selon les visites, le sable, notre pire ennemi! Et les cailloux! Par un beau soleil et une bonne voir extrême chaleur.
Pour info, les petites bonbonnes de gaz, style Primus, sont très difficiles à trouver, nous en trouvons une de marque Markill très onéreuse pour le pays (env. 12 euros) dans un magasin de sport.

23, 24 juillet, de belles journées

Comment se passe notre progression?
Nous sommes hyper documentés grâce à un atlas avec carte très détaillées reçu à l’office du tourisme de Lidzbark Warminski mais les revêtements restent partiellement des surprises. Nous partons donc sur de jolies petites routes, puis des chemins de terre, étangs, prairies se suivent, c’est paisible, vaste mais pas monotone. Suivra un passage de sable bien profond où nous poussons nos montures avant de s’engager dans une forêt incroyablement dense.

Là, j’écope d’une attaque de moustiques et autres insectes, cela devient si intenable que nous rejoignons une route pour les derniers kilomètres.

Une forêt magnifique striée de ruisseaux sans moustiques, c’est comme un marchand de glaces sans longue file ou comme un automobiliste polonais ne cédant pas la priorité aux cyclistes et piétons le long de notre parcours; juste introuvable!

Nous faisons une pause vers un monastère, les villages n’ont pas de place, ni de bancs, mais des abris avec parc à vélo ont été construits et sont sur les cartes.
Nous reprenons notre route, ramassant quelques pommes sur le bord du chemin, il y en a des tonnes de perdues, et découvrons la surprise du jour: une nouvelle sorte de pavés, octogonaux, bien disjoints, hauts, une vraie nouveauté battant tous les records! Jusqu’à maintenant, nous pouvions hésiter pour le palmarès du pire chemin, mais là, plus de doutes, c’est le top 1. Le chemin est en plus en dos d’âne et nous en avons pour 10 km ! Auparavant nous avions eu droit à croiser une moisonneuse alors que la petite route était couverte de restes de paille et avions roulé sur une route en rénovation, donc dans la poussière. Avec la crème solaire , le produit anti-moustique et la sueur, nous sommes vraiment enduits d’une colle sympathique!
A Bartoszyce, ereintés nous faisons la queue pour la glace méritée puis trouvons le petit bureau de l’office du tourisme où je peux faire réserver un agrotourisme, à 20 km. P.-O peut regonfler les pneus, resserrer une petite fixation d’un de mes pare boues grâce à la pompe et aux outils à disposition, génial! Nous repartons, Monsieur Vélo fait un bruit de vendeur de casseroles ambulant mais c’est la boule à thé dans la bouilloire, tout va bien, la cafetière italienne se tient tranquille, elle. L’hôtesse de ce petit kiosque pour touristes était très souriante, mais ne parlait que le russe en plus du polonais, elle me l’avait précisé comme une évidence naturelle. Le langage non verbal avait bien fonctionné, mais arrivés à cette agro tourisme, nous recevons une cabane en bois avec 2 matelas pneumatiques et P.- Olivier doit retourner au village faire les commissions.

L’espoir d’un souper déjà cuisiné, d’une douche chaude et de vrais lits est remplacé par une une douche tiède,ouf, le plus important!

Nous sommes dans le jardin de la maison, comme toujours de jeunes arbres et ici des framboises, ont été plantés très proches les uns des autres, même des sapins. Il y a un joli étang avec passerelle et petit cabanon sur l’eau, beaucoup de fleurs, des plants de rhubarbe au milieu de l’herbe, ainsi que des sculptures en bois et des personnages de décoration. Des tables et chaises en bois à disposition. Comme nous avions acheté par erreur de la crème, nous avons boulgour aux légumes, champignons à la crème et framboises à la crème.
Deux cyclistes polonais arrivent, sitôt les roues arrêtées, le coca, les bières et les saucisses sont dévorées, le haut parleur est fonctionnel, distillant au moins de la musique à notre goût. Arrivent aussi les 2 Hollandais vu déjà quelquefois qui préfèrent monter leur tente. Notre souper aura été certainement le meilleur!
Le lendemain, étape de petites routes ou de routes de moyenne importance avec piste cyclable séparée, quel travail pour développer cet itinéraire! La difficulté du jour est l’extrême chaleur et quelque 10 km d’une piste ayant quelques passages caillouteux ou sablonneux sous un soleil de plomb. Une fois, je n’ai plus pu remettre Luciférine sur un tracé rectiligne et elle s’est couchée dans le sable. Pas de mal, mais lourde à redresser! La fin de l’étape, en petites montées et descentes sur du bon goudron nous mène à Wegorzewo où nous campons dans un vrai camping au bord du lac et soupons avec les Hollandais. Ce couple et les 2 Polonais ont manqué la balise et leur fausse route leur a fait éviter les 10km de mauvais chemin!

Gdansk, 18-20 juillet

Gdansk nous a séduit et même enthousiasmé, nous avons apprécié:
  • Se balader le long de l’estuaire et des canaux, dans des rues piétonnes animées, reconstruites après la guerre pour redonner à la ville son apparence à son apogée de ville hanséatique, exportant les céréales polonaises,




  • La visite guidée à pied de la ville: instructive par exemple nous avons appris que c’est à la poste de Gdansk et à l’entrée de l’estuaire que démarra la deuxième guerre car Gdansk a été la première ville à s’opposer à Hitler. Notre guide nous explique aussi la vie sociale de cette ville aux maisons très étroites, largeur proportionnelle à la richesse du propriétaire, terrasses sur le perron; tout était fait pour le commerce, montrer sa richesse, et être vus.



    Grue de chargement des bateaux avec 2 roues gigantesques dans lesquelles des hommes marchaient pour activer le mécanisme..

    Résumé aussi de l’histoire de ce pays, dont les frontières n’ont pas cessé d’évoluer. Si jamais vous passez par Gdansk, la visite consacrée à l’histoire moderne de la ville et à Solidarnosc a l’air très intéressante.

    Basilic Sainte-Marie pouvant accueillir jusqu’à 25’000 personnes.

  • Le musée sur la deuxième guerre, très moderne et complet, 4h de visite en sautant bien des parties, très interactif.
  • D’admirer avec émotion le monument en hommage aux premiers ouvriers des chantiers navals ayant fait grève en 1970 au prix de leur vie, initiant ainsi la première brèche dans la structure du bloc soviétique et le développement de Solidarnosc.
Enchantés mais bien fatigués, nous sommes contents de reprendre nos vélos, pour nous reposer! La ville est vraiment le sport le plus éreintant pour les pieds!

Pistes cyclables et circulation, 16 juillet

Article pour les passionnés de cyclo-voyages. Nous sommes partis de Greifswald/D. Les pistes cyclables sont bien marquées avec en général un bon revêtement jusqu’à la frontière polonaise; parfaitement balisées, même dans les localités par des poteaux indicateurs avec le nom des localités et le nombre de km restants Nous avons été impressionnés par le nombre de vacanciers qui se déplacent à vélo; ce qui ralentit l’allure.

En Pologne, dès Swinoujscie, suivre les panneaux R10 avec un symbole de vélo. Certains carrefours ne sont pas balisés; lorsque nous avons demandé notre route, les polonais ont été charmants et ont toujours cherché à nous aider. La piste traverse une splendide forêt très grande, mais attention à la boue et au sable; c’est parfois « rock’n roll ».

Nous avons ensuite emprunté des routes à faible traffic en pleine campagne, sans inquiétude. Les conducteurs polonais ont été très corrects voire prévenants avec nous. Ils se sont souvent arrêtés pour nous laisser traverser la route ou changer de présélection.

2ème étape au Camp Ana Zaprasca à Trzesacz, ul. takowa 30, le long de la route balisée R10 (janna24@gmx.net). Très petit camping sympa, près de la plage, très propre et calme, machine à laver. Le patron, omniprésent, parle allemand.

Premiers coups de pédale

Et non, encore un peu de train, sans encombre, pour nous rendre à Greifswald, et son pont sur l’estuaire dont l’ouverture est manuelle.

Le long de la dune, nous roulons vers Peenemünde, endroit de développement et de tirs des premières fusées, ayant pour cible l’Angleterre, Londres plus spécifiquement. Visite intéressante, synthèses historiques claires, mettant bien en parallèle les intérêts techniques vite récupérés à des fins militaires, la responsabilité des experts scientifiques de haut niveau et leur récupération instantanée par les alliés dès la fin de la guerre.

Côte est jusqu’à la frontière polonaise:
La dune, généralement bordée par un cordon boisé côté mer. Coté terre les jardins, vieux hôtels parfaitement rénovés, places de jeux, campings, maisons de vacances modernes s’alternent pendant une centaine de kilomètres, entrecoupés par quelque bois. Aucune circulation, la route est plus éloignée de la côte, mais parfois des bouchons de promeneurs et de cyclistes, dans la bonne humeur d’une foule se rendant à la mer avec l’indispensable paravent, en plus du matériel habituel de la famille à la plage. Urbanisé, mais beau et luxueux.

Ainsi nous passons la frontière polonaise sur fonds de musique de plage, attendant notre tour comme chaque cycliste pour la photo de la borne. Aucun douanier mais des restes de barrières en fils barbelés, perpendiculaires à la piste et dont l’anachronisme est accentué par la modernité de la piste et l’aspect large et aéré de cette place.

Swinoujscie à la frontière nous apparaît comme la caricature de la station touristique trop dense. Puis la piste bien indiquée nous fera traverser de magnifiques forêts, mais l’exercice d’équilibre de racines en cailloux sans oublier les subits risques d’arrêts net dans le sable rend la contemplation en roulant très risquée! Les intermèdes forestiers nous mènent d’une station touristique à l’autre. La forte
densité des vacanciers sur la plage est battue par celle des flippers, châteaux gonflables, luna park, terrasses et boutiques dans les rues commerçantes en deçà de la dune.

Au centre d’une petite station, un jardin d’où s’élèvent de merveilleux chants. C’est dimanche, vu l’affluence à la messe, les portes de l’église sont ouvertes et le public est sur des chaises de camping, en shorts et débardeur.

Les poissons sont bons, nous découvrons les piérogis, sortes de raviolis, et rigolons bien avec les polonais. Notre stratégie est de choisir à vue dans les assiettes déjà servies, de montrer ainsi ce qui nous fait envie et même de nous faire écrire les noms. En vrais gourmands, nous savons commander viande, poissons ou dessert en un jour même si Pierre-Olivier se moque de mes efforts pour dire merci en polonais!

La bonne trouvaille est un petit camping, au propriétaire très attentionné, toujours sur place, prêt à aider même pour la mise en marche de sa machine à laver. Petit, un évier, un frigo, une salle de bains dans un cabanon en bois, un étendage, de belles tables en bois. Bon, pour toute formalité, et explication, nous avons attendu la fin de la finale de foot, montant notre tente dans la joyeuse ambiance des buts, à quelques mètres de l’écran installé pour l’occasion.

Berlin, 6 au 11 juillet

Par beau temps nous avons apprécié les parcs, surtout « Gärten den Welt » que nous avons visité avec nos amis Gertraud et Stephan, connus il y a 14 ans par un échange linguistique de nos filles et revus à quelques occasions depuis.

Le mur, ou plutôt justement son absence et la réunification sont partout présents, une de nos visites très complète a été l’expo East side Gallery.

Malgré la fin de certains privilèges pour les habitants de Berlin-ouest, comme l’exemption d’impôts, les passants nous apparaîssent très jeunes. Où sont les personnes âgées? A cette période estivale en tout cas, la ville est calme, tout est large et très arborisé; plaisir de se balader dans quelques différents quartiers souvent au bord de la Spree ou d’un canal, et de terminer par une bonne choucroute. J’avais connu Kufürstendamm et ses commerces en 1975, mais il est clair qu’elle a été supplantée par la Potsdam Platz comme symbole de la modernité, impressionant en se référant au terrain vague des années 70. Ayant passé Check point Charlie à l’époque, le tourisme, les faux visas et faux militaires m’ont déplu. A mon avis, une ambiance légère, de place d’attractions ne rend pas hommage à l’atmosphère lourde réelle de l’époque.

Nous avons rencontré avec beaucoup de plaisir Lydia et sa famille, la fille de nos amis, à Potsdam, ville de quartiers chics et de châteaux dont les parcs ont viré au jaune après ces deux mois de sécheresse; petite ballade en radeau moderne.

Ainsi la grosse pluie accompagnant notre départ pour la gare réjouissait les Berlinois.

Train jusqu’à Berlin, 6 juillet.

L’équipage du hanneton farceur se remet en route, en version minimaliste, puisque sans notre hanneton (notre camping car, pour les nouveaux). Il va nous paraître luxueux et spacieux au retour!
Comme nous restons gourmands, voici la cuisine

et n

otre nouveau logement (2kg) avec éclairage solaire, vu que notre bonne tente Salewa s’est vue recalée à cause de son surpoids

.

et nos montures avec nos affaires: Luciférine et Monsieur Vélo.

Ce que nous avons apprécié:
  • Que Nathalie se lève pour nous dire au revoir, et même nous prenne en photo, comme nous le faisions lors de leurs départs en camp, les immortalisant avec leur sac à dos. En consultant nos albums, la croissance du dit sac est assez impressionnante, alors moi j’espère juste que mes sacoches vélos suivent la progression inverse!
  • L
    a fin de la pluie avant notre départ,
  • Le trajet sur la grande route et la traversée de la ville sans circulation à 4 heures, la traversée de la Riponne et le la descente directe par le Petit-Chêne; petits plaisirs pour cyclistes nocturnes.
Ce trajet bien organisé avec toutes les réservations, dans des trains acceptant les vélos, s’est déroulé de façon assez imprévisible. Camionnette obstruant la voie, train annulé en conséquence, puis retard, autres annulations de trains, en ont fait un voyage où nous progressions en choisissant l’option ayant le plus de chance de nous rapprocher de Berlin le jour même, comme dans une partie de jeu, assez sportive, vu le poids des 2 pions!
Ce que nous avons appris: la meilleure façon de changer de quai en moins de 5 minutes dans les gares allemandes est que je pousse Monsieur Vélo, si incroyablement chargé et grand en prenant l’ascenseur (trop petit pour 2 vélos) pendant que Pierre-Olivier porte mon vélo dans les escaliers. C’est plus rapide que deux aller retours en ascenseur, testé pour vous!
L’exceptionnelle rencontre de ce voyage, et le terme sort de la bouche de cyclistes allemands: celle du chef de gare et du chef de train à Würztburg qui nous ont laissés entasser vélos, cyclistes et bagages dans le wagon vélo déjà plein et ont ainsi permis aux 10 à 20 cyclistes qui restaient en rade sur le quai de ne pas devoir prendre un hôtel ou continuer leur voyage en trains régionaux, à pas toujours plus petits vers leur destination. Nous étions les derniers, Pierre-Olivier a donc aidé avec conviction et efficacité à charger et tasser vélos et bagages. Ma Luciférine s’est retrouvée coincée dans les toilettes. Mais nous étions tous dedans. Joyeuse ambiance, où les réservations, et directives pour fixer et aligner les vélos étaient caduques! Grâce à ce tour de force, à la chance et à nos changements rapides, nous sommes arrivés à Berlin le soir même, sans passer de nuit en route, ce qui semblait pourtant être notre sort tout au long de la journée. Nous terminons notre voyage après notre 6ième changement dans un train où la contrôleuse nous a fait fixer et aligner nos 2 vélos selon les normes!