Camino Norte, Santander-La Isla, 18-25 septembre 2023

Nous nous baladons dans la rade de Santander, les grands immeubles sont de style homogène puisque tous reconstruits après un important incendie accidentel en 1941. Nous grimpons en-haut du centre Botin pour la vue, visitons la cathédrale puis allons vers le vieux quartier des pêcheurs.

Nous attendions plus d’animation, un marché aux poissons par exemple; alors lorsque nous voyons un attroupement attendre devant un grand bâtiment gris au bord de l’eau, nous nous renseignons. Ah non, c’est l’école, les bambins vont sortir tout soudain. Encore un autre monde parallèle,  le plus important, le quartier vit et n’est pas si touristique. Ayant humé l’atmosphère de cette ville, nous la quittons directement en train, celui-ci étant inévitable plus loin pour traverser le Rio Pas.

Une mini étape en fin d’après-midi, une soirée déluge où nous mangeons avec un couple de pélerins hollandais fêtant ces jours leur anniversaire de mariage et son anniversaire à elle, puis une étape dans une belle campagne, mais toujours sur le goudron, nous amènent à Santillana del Mar.

Voie romaine

Un magnifique village, une église pleine de curiosités ou quand la religion était source d’histoires symboliques dramatiques, comme cette sainte Juliane, qui, ayant refusé de se marier tire le démon de la chair en laisse. Autre curiosité: des fonts baptismaux avec Daniel dans la fosse aux lions, et nous sommes le jour de mon anniversaire !

Mais que de touristes, le Camino fait partie du décor, nous sommes les animaux du zoo.

C’est notre premier souper et déjeuner entre pélerins pris à l’auberge où nous dormons, un ancien couvent en grosses pierres avec jardin intérieur, alignée de mini-chambres d’une paire de lits superposés chacune.

De plus, nous avons la possibilité de participer à un moment d’échanges mené par une nonne carmélite, en habits civils.

Trinité en matériaux, déchets trouvés sur la plage

Plusieurs langues, une trentaine de personnes,  nous avons l’impression que pour beaucoup la motivation d’entreprendre le Camino est une combinaison de plusieurs éléments: un temps à part, un objectif demandant de tenir dans la durée, la nature, un retour à l’essentiel, mais ce ne sont que des impressions. Les mots verdure, immersion dans la nature, nombreuses vaches, chevaux reviennent dans les commentaires des New Yorkais, et moi qui en ai marre du goudron, de l’odeur de l’herbe fermentée dans les ballots plastiques entre autres odeurs camagnardes et de l’habitat dispersé! Mais le vert partout, les nombreux chevaux, c’est incontestablement beau;  des jeunes Sud-Africains nous le confirment,  cela les impressionne.

Le long de belles falaises, nous arrivons à Comillas.

Université pontificale

Les étapes sont courtes car cette ville sera synonyme de journée culturelle pour nous. Nous voudrions y fêter mon anniversaire, mais je suis arrivée en ayant tellement mal à un pied que le moral n’est pas au beau fixe. Soirée fruits de mer quand même, magnifiques maisons anciennes à balcons fermés par des vitres à petits carreaux, voie romaine, plage  entourée de rochers; la météo a changé d’un coup et la journée plage farniente est remplacée par la visite du « Caprice de Gaudi », la première création de cet architecte du 19ième s. Des couleurs, des fleurs, de la lumière, des formes loufoques, vraiment spécial et gai, avec de magnifiques bois exotiques dans chaque pièce.

Après Comillas, nous alignons trois bonnes étapes (28-33km) puis une matinée de beaux coups d’œil sur l’océan, de prairies vertes peuplées de vaches aux très longues cornes se terminant abruptement à l’océan, de reliefs et rochers calcaires aux couches sédimentaires verticales ou obliques bien  visibles, de forêts de marronniers et d’eucalyptus.

Les Picos de Europa

La météo est parfaite, du beau soleil, de la chaleur mais plus de canicule humide. Nous quittons la Cantabrie pour entrer dans les Asturies aux couleurs et à la végétation plus exotiques. Certaines maisons sont colorées en bleu, et sont assez tarabiscotées telles des mini-palais. Ce sont les maisons des Indianos, Espagnols ayant fait fortune à Cuba ou ailleurs en Amérique latine. Le caprice de Gaudi avait été commandé par un Indianos.

Les jardins ont des bougainvillier en fleurs, des palmiers, un air mexicain flotte dans l’air.

Buffones: Sur ce sol calcaire, l’océan à creusé la côte et par endroits, la mer s’enfile sous le sol. La puissance des vagues et du ressac peut la faire jaillir en geysers. Quand nous passons, l’océan est relativement calme, pas de geysers, mais des rugissements terribles venant du sol,  de la prairie au bord du sentier ou de fissures, de petits gouffres d’où jaillissent de la poussière, de la brume lors des plus forts grondements.

En route, tout naturellement, Anita, une pélerine parisienne se joint à nous; échanger, partager la vue de cette belle côte est un plaisir, comme de découvrir le soir le cidre local. Il est servi en petits verres, et doit être oxygéné, soit par le serveur qui le verse de très haut dans le verre tenu en biais, soit servi d’une bouteille avec une pompe. C’est un cidre plus clair, plus acide, bien différent du cidre breton. Nous voyons d’innombrables vergers de pommes, des citronniers bien chargés, quelques orangers en route, mais il est évident que les pommiers sont vraiment les plus nombreux.

Le serveur de cidre

Dans notre organisation, les points à résoudre sont toujours

-De trouver les logements quelques jours en avance, beaucoup de pélerins trouvent que c’est un point problématique, cet aspect ne nous pose pas de soucis pour le moment.

-Le déjeuner: partir vers 7h30 ou 8 heures avec quelquechose dans le ventre. Seules les auberges pour pélerins servent un déjeuner,  celles offrant des dortoirs et lits superposés mettant en évidence notre besoin d’un minimum de confort pour avoir un sommeil récupérateur. Les boulangeries ouvrent souvent tard, nous apprécions parfois en route les toasts avec purée de tomates des bars, ou mangeons des joghourts en chambre, histoire d’éviter à Pierre-Olivier de partir à jeun.

-Devons-nous porter un pique-nique ou allons-nous croiser des buvettes ? Le début du Camino nous avait gâtés, mais dans les Asturies, certains tronçons ont été  longs le ventre creux. Nous ne sommes ni des pélerins marchant deux heures avant la première « morce » , ni de ceux liquidant l’étape sans croquer au moins une tortillas, l’occasion de joyeuses retrouvailles. Nous essayons d’avoir toujours deux pommes dans notre sac. Dommage que la qualité des fruits des épiceries soit catastrophique, septembre et aucun bon raisin !

-Le souper, souvent au restaurant, toujours de magnifiques salades, mais pas avant 20h., servies en terrasses et il fait vraiment frais ou froid le soir.

La conclusion de cette organisation est que la liseuse et le Scrabble sont en trop dans notre sac à dos, nous sommes occupés par l’essentiel, dormir, manger, c’est le Camino.

-Le séchage….

Les chaussettes à la ceinture
Ou sur les bâtons

A la Isla, dernier village au bord de l’océan avant de s’engager dans les terres pour Oviedo, nous nous sommes octroyés un après-midi plage. Il souffle, de bons petits rouleaux, mais installés à l’abri près de rochers, c’est sieste au soleil et trempette. L’eau n’est pas froide et c’est pourtant l’Atlantique, impressionnant, agréable pour nous à défaut de  l’être pour la planète.

A La Isla, bien des hôtels et restaurants sont fermés, dans d’autres petites stations, les écoles de surf se suivaient mais n’étaient plus trop actives, ambiance de fin de saison, peu de touristes, on se retrouve, revoit des pélerins perdus de vue depuis quelques jours, l’énergie du réseau variable se déploie.

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