Norvège à ski de fond: de Fefor à Skeikampen, 22-25 mars 2024

Par une journée superbement ensoleillée, nous descendons de Fefor au lac de Gala par un chemin parfois assez raide, un peu tortueux, en forêt.

Notre petit groupe est sympathique, nous sommes avec Olga, et Paul et Heather de Gryon. Après quelques kilomètres de descente, une belle balade de forêts de pins en clairières nous régale les yeux. Un des groupes de Suisses avec leur moniteur nous dépasse, oh là là…. Quelle vitesse, nous sommes des canards à côté d’autruches. En plus, la balade le long du lac nous demande bien des efforts car nos skis collent; il fait chaud et nous sommes en-dessous de 800m. d’altitude. Au bout du lac, la remontée sur l’autre rive jusqu’à Gala est bien progressive. Les lacs sont totalement enneigés, apparaissent gelés mais aucun parcours ne les ont traversés jusqu’à maintenant. Gala semble être une station touristique,  de nombreuses maisons de vacances en bois rouges, brunes ou vertes jalonnent notre parcours. Des piquets plantés en biais les protègent des congères. Nous approchons de Pâques, donc d’une période de haute saison après celle de février mais le village est mort, un seul des deux hôtels est ouvert, une épicerie, une cafétéria et le stade de ski Peer Gynt complètent l’infrastructure de la station au 32 résidents. Nous traversons quelques pistes de ski alpin, neige excellente, jolie pente. L’étape a été technique pour nous, descentes, neige collante et  montées, mais courte (14 km). Il fait si beau que je repars tourner au-dessus de Gala avec Olga. Nous grimpons à une tour d’observation offrant un point de vue exceptionnel sur les sommets du Jotunheimen (1500-2300m) et ceux de Rondane (2000m env.). 

L’hôtel est une grande bâtisse en bois rouge, surplombant le lac de Gala, à 950 m.  d’altitude. Bois vert à l’intérieur, feu de cheminée, vue magnifique mais une maison à l’architecture moins chargée d’histoire que l’hôtel de Fefor, moins chaleureux aussi à bien des points de vue.

Samedi 23, temps gris, le soleil est voilé le matin, il neige au milieu de la journée, puis jour blanc. La région offre de magnifiques parcours, du vrai ski de fond et non du passage de forêts…

Nous évoluons dans une neige légère, la carte montre des petits lacs et des marais.

Quasi plus aucun pin, de petits bouleaux très espacés bien recouverts de lichens, le paysage est vaste, les traces datent du matin, la neige est si légère qu’il suffit d’un petit peu d’air pour les recouvrir. Plus d’un mètre de hauteur de neige, nous pique-niquons à raz la piste. Surtout, ne pas enlever les skis si on veut s’en éloigner au risque de s’enfoncer jusqu’en haut des cuisses, posture assez fatigante pour s’en sortir !  Nous regrettons le soleil, la vue doit être grandiose. Nous croisons un peu plus de skieurs, quelques dizaines pour toute notre journée de 24 km, pas plus et heureusement car ce qui fait le charme de ces journées est vraiment d’être dans une nature si peu domestiquée. Leur vitesse et leur aisance nous laissent pantois, descentes et virages comme s’ils avaient des skis de piste, la tenue Patrouille des Glaciers de Pierre-Olivier ne détonne pas du tout, beaucoup moins que notre style et notre rythme.

Dimanche, départ pour Skeikampen, il neige, 28 km à parcourir qu’elle que soit la météo.

Parcours facile, descentes douces mais nos skis collent, ceux d’Olga encore plus que les nôtres. Alors, elle demande de l’aide à l’unique skieur rencontré, qui lui offre un fart dont il peut se passer. Quelle gentillesse !

Nous repartons un peu plus rapidement, j’avais surpris et un peu attristé Pierre-Olivier en prévoyant notre arrivée vers les 17h30 ! Après 7 km et une intersection, deux options pour le tronçon suivant se présentent. Nous choisissons sans le savoir celle non dammée, le Peer Gynt officiel. Nous voilà nous tordant les chevilles en enfonçant plus ou moins, je colle un peu, nous suivons les branches de bouleau plantées pour marquer le tracé, les quelques piquets jaunes, la couleur de notre parcours du jour.

C’est magique, encore plus grandiose. Lisant ces jours « Blanc » de Sylvain Tesson, je médite: ne pas penser à l’arrivée, juste profiter de s’immerger dans le blanc,  penser au prochains mètres pas plus. Pierre-Olivier réalise notre avance, ou plutôt justement notre lenteur, alors pas de photos, pas de vidéo; c’est bien la première fois qu’il stresse un peu alors que je plane dans cette ambiance fabuleuse. Les descentes sont bien plus faciles sans traces, un vrai plaisir d’enfant de retrouver les réflexes du bon vieux chasse-neige. En approchant de Fagerhoy, le relief descend toujours plus, nous rattrapons un peu notre retard mais je suis sûre que nous nous rapprochons du passage de la fameuse machine, déesse du skieur de fonds.

Le ciel se dégage, il a arrêté de neiger depuis un bon moment, et la vue apparaît progressivement. A Fagerhoy, un restaurant avec un hall nous abritant pour notre pic-nic; nous nous réjouissons toujours de nos sandwichs vu que chacun les prépare à son idée au buffet du petit déjeuner. Autant dire que nous faisons une cure de poissons. Nos thermos sont aussi remplis de thé par les hôteliers , c’est l’organisation bien pratique  de la région. Il vente, mais la vue est splendide pour les derniers 14 km de descente tracée jusqu’à Skeykampen, une station de ski de fond et de ski de piste.

Zone de pêche, si, si…

L’hôtel Thon aux buffets incroyables nous plonge dans une ambiance de vacances de ski moins dépaysante que celle des jours précédents. Finalement, nous arrivons à 17h., avec 30 km dans les jambes et les bras et sommes heureux d’avoir choisi par hasard l’option plus sauvage; j’ai adoré les descentes, le décor vierge.

Un seul skieur nous a dépassé vers la fin: mais comment fait-il avec des skis plus étroits que les nôtres pour laisser une trace de deux lignes juste peu enfoncées et parfaitement parallèles ! Il a la gentillesse de nous dire qu’il a profité de nos traces jusqu’à notre rencontre, il a plutôt dû être surpris de la profondeur, de l’irrégularité et de l’indiscipline de nos empreintes !

Le lendemain, nous quittons Olga à Lillehammer, Paul et Heather suivaient déjà la veille un autre itinéraire, et prenons le bus pour Otta où un conducteur nous attend pour les 70 derniers kilomètres jusqu’à Bessheim.

Norvège à ski de fond: de Dalseter à Fefor, 18- 21 mars 2024

Le train nous mène au nord, à Vinstra en passant par Lillehammer au paysage aussi peu enneigé que chez nous. Nous sommes rassurés en constatant que nous roulons encore 50 minutes en voiture en prenant bien de l’altitude pour atteindre Espedalen. Là, l’hôtel Dalseter (940 m) est au-dessus d’un lac; en face les sommets du parc national de Jotuntheimen sont bien visibles, magnifiquement blancs, vaporeux, arrondis, montagnes sans rochers apparents. 

Derrière l’hôtel, des pentes plus douces, et des sommets émergeant aussi de la forêt, tout aussi blancs immaculés. Aucun hameau n’est visible aux alentours. L’hôtel a un charme vieillot, des immenses baies vitrées arrondies donnant sur le lac face aux montagnes; sommets de plus de 2000 m. situés à quelques dizaines de kilomètres.

La vue est impressionnante, les courants d’air aussi! Les possibilités de ski de fonds sont multiples et variées, autour du lac, et en hauteur. Le lendemain, nous choisissons un parcours montant au-dessus de la forêt, dont la limite est aux environs des 1000m, passant par une petite hutte Bingsbua (1179m), et continuant par une boucle avant de revenir à l’hôtel par une trace inférieure, en forêt. La forêt est mélangée, pins, sapins et bouleaux bien espacés, des traces pour le ski de fonds, plus qu’il n’en faut, bien des intersections sans panneaux, mais j’ai la carte.

Nous montons progressivement, sortons de la forêt, la vue est splendide, un paysage large, des sommets tout blancs, une impression d’être sur le toit du monde. De ce côté-ci du lac, un seul sommet, le Ruten (1515m), nous domine.

Le vent commence à bien nous fouetter, le chemin tracé à la dameuse reste toutefois visible, deux montées courtes mais bien raides me demandent bien des efforts pour progresser en ciseaux. Nous atteignons l’abri, petite cabane de 2 mètres sur 3, en bois rouge, mignonnette  à l’intérieur. Olga, notre compère de Boston nous y attendait. Le paysage est grandiose. Immense, balayé par le vent, aucune trace de civilisation n’est visible.

Nous pique-niquons, alors qu’Olga, nettement plus expérimentée que nous surtout dans les descentes préfère rentrer à l’hôtel pour le dîner. Après cette pause requinquante, nous suivons le tracé juste visible jusqu’à la séparation: la boucle pour rejoindre la forêt en tournant autour d’un petit sommet ou la descente par la piste directe, ou en dernier ressort faire demi-tour. L’option initiale de la boucle est vite abandonnée, trop exposée au vent. Nous avançons jusqu’au point le plus haut, bien soufflé et voyons la trace qui descend, chic,… Mais elle file droit en-bas, une belle descente dans une fine couche de poudreuse, avec d’autres skis !  Nous déchaussons pour descendre plus rapidement, c’est notre première sortie et un jour blanc parfait, l’impression d’être dans de la ouate.

Nous atteignons la forêt et une magnifique trace avec une bonne débattue aux mains, n’ayant pas pris le temps de sortir nos gros mouffles de peur que le peu de visibilité et de traces disparaissent pendant ce temps. Le passage d’Olga est effacé, nous découvrons en-bas son message: « déchaussez, c’est raide ». Le temps de rentrer, il se met à neiger, ce n’est que 15 heures, Olga ressort, les tracés en forêt sont protégés. Nous contemplons la neige et profitons du sauna. Là, Pierre-Olivier fait la connaissance de Paul, skiant avec sa femme sur le parcours dit de Peer Gynt, comme nous, et habitant à quelques centaines de mètres de chez nous.

Grand soleil  le jour suivant, départ pour Fefor.

Nous montons très progressivement dans la forêt, des traces de grosses pattes très profondes coupent notre tracé, un orignal matinal probablement. Le paysage est doux, nous contournons le Ruten et la colline de la veille, nous sommes seuls dans cette nature ensoleillée.

Après la sortie de la forêt, un grand plateau ensoleillé, et un hameau désert à cette saison. Paul et sa femme arrivent par un autre tracé, nous faisons une pause à une table pic-nic, et Olga nous rejoint.

Nous sommes les 5 à rejoindre Fefor, 18 km plus loin, personne d’entre nous n’a croisé qui que ce soit. Nous laissons le Jotuntheimen derriere nous, pour découvrir de nouveaux sommets au loin, ceux du parc de Rondane.

Le paysage est vraiment d’une grandeur, d’une luminosité fabuleuse; à tel point que nous rallongeons l’étape par le tour du lac avant de rejoindre notre hôtel à Fefor au charme magique.

Rondins à l’extérieur et à l’intérieur, feux de cheminée, nous arrivons juste avant 16h. L’accueil est chaleureux, on nous recommande de profiter de la collation de l’apres-midi: biscuits, thé, café et soupe délicieuse aux champignons. Après ce goûter, sauna, piscine et splendide buffet nous attendent.

Le lendemain, grand tour autour du lac et au-delà, nous prenons la route un petit bout où la neige a recouvert la glace, pour éviter une portion ventée.

Maisons de vacances, petites routes, plateau, une ambiance de plaine, le souci reste que les portions ventées sont celles sans piquets. Pierre-Olivier apprivoise l’application adéquate mais avancer grâce à cet outil est possible sans être agréable; en tout cas moins que de rentrer et profiter de la piscine! La neige est légère, parfois nous faisons la nouvelle trace dans de la poudreuse, les descentes sont plus faciles. À l’hôtel quelque quarante clients, dont une bonne quinzaine de compatriotes de Suisse orientale, Tessin et Liechtenstein améliorant leur technique sous l’oeil de compétiteurs confirmés, grand-papa ayant participé aux jeux de Sapporo, papa compétiteur accompagné du fiston de 10 ans qui a avalé 30 km la veille. Les participants vérifient avec enthousiasme la pure logique: améliorer la technique, pour plus de kilomètres et moins de fatigue. Je pense à l’aviron, ne pas s’essouffler à mouliner, mais diminuer la cadence pour plus d’efficacité. Je médite et écris en regardant la neige tournoyer dans les rafales de vent. Tout est calme, et la couleur du bois parfait l’ambiance chaleureuse.

A la rencontre de l’hiver norvégien: voyage en train à Kiel puis ferry pour Oslo, 14-18 mars 2024

Départ à 5h du matin, nous laissons notre chalet lové dans les primevères, les crocus et les perce-neiges. L’ aventure a commencé bien des jours auparavant avec les pesées des habits, essais de sacs à dos et de sacs à skis. Fin prêts, le dimanche, nous défaisons le sac à skis planifiant une sortie à peaux de phoque le lundi. Deux heures plus tard, les recommandations arrivent aux nouvelles, le degré de risque d’avalanches passe à 4, nous remballons tout le matériel définitivement pour le départ.

Agréable trajet de Bâle à Kiel, en compagnie d’une famille avec des enfants collectionnant les petits wagons jouets offerts par la DB. Nous sommes obligés de rire du « das ist mein » d’un petit garçon protégeant ses trésors; il nous rappelle tellement le « à moi » de la petite tête bouclée de notre famille.

Kiel  Le temps est doux, nous nous trouvons un excellent restaurant turc. Le lendemain matin, visite du petit musée maritime.

Kiel, ville tournée vers l’activité portuaire depuis sa création, a joué un rôle catalyseur des mouvements sociaux à la fin de la 1ère guerre. La mutinerie des marins en novembre 1918 refusant d’aller combattre les Anglais et rejoints par les ouvriers lors de leur retour au port, initie les soulèvements ouvriers dans tout le pays, faisant tomber l’empire au profit d’un régime d’essence socialiste.

Moi j’associais Kiel aux régates internationales de dériveurs. Or, déjà aux jeux olympiques de 1936,  Kiel a été essentielle comme vitrine de propagande. Les régates, la voile en dériveurs comme loisirs, datent  ici du début du 20ième siècle. Pour 1972, et les jeux olympiques assombris par l’attentat contre les athlètes israeliens à Munich, la ville avait été rénovée, le centre olympique pour la Voile construit pour donner une image pacifiste et cosmopolitaine de  l’Allemagne.

En se baladant, la ville est calme pour ne pas dire déserte, peu d’édifices anciens, Kiel était une ville hanséatique mais a été fortement détruite lors de la seconde guerre. Les rues marchandes au centre présentent une architecture d’après-guerre assez insipide, mais nous tombons sur un magnifique magasin de matériel pour la randonnée. Les messages de ses vitrines sont claires, i) la belle saison arrive, sortez vos filets anti-moustiques, sprays etc….et II) les enfants sont aussi capables de marcher, le choix d’habits et de sacs à dos adéquat est complet. Pierre-Olivier rêve devant les petits grills à bois.

Le ferry de Color Line nous plonge dans un autre monde. Des imitations de rues marchandes, des beaux restaurants au style un peu rétro, des bars de différents styles s’alignent dans ce palace flottant de 15 étages. Nous visitons, je trouve le casino aussi triste qu’ailleurs, par contre les glaces italiennes ne renient pas leur origine.

Rencontre insolite: les clubs norvégiens de motards conduisant des Harley Davidson, environ 400 personnes, sont sur le bateau pour une sortie et « boire quelques bières » avec de la bonne musique, dixit un participant. Au début de l’après-midi, nous nous demandons s’il y a un réservoir de bière comparable à ceux pour le fuel. La musique est digne des US, accordée à l’âge moyen de ces « rockers » donc au nôtre, je vous laisse imaginer le public, défilé de cuirs noirs et de tatouages. Nous sommes invités à les joindre le soir pour la soirée rock’n roll; ce sera après le spectacle de danse et musique, et le buffet. Décidément nous voyageons déjà bien loin de nos alpages à peine partis, c’est génial sauf que bagages compacts obligent, nous n’avons que des bottes fourrées. Nous passerons la soirée en « chaussons-cabanes » même pour danser.

Oslo Le lendemain, des rafales de vent et de neige nous accueillent à Oslo. Un temps idéal pour le musée national présentant entre autres des œuvres de peintres norvégiens du 19 ième siècle. Le plus célèbre, Munch n’est toutefois de loin pas notre favori.

Après la tempête du samedi, un dimanche froid et parfaitement ensoleillé, ciel bleu, mer aux reflets d’acier,  luminosité parfaite, netteté glaciale. Au musée « Fram », nous nous plongeons (pas trop !) dans les expéditions maritimes norvégiennes. Entre 1890 et 1912, la course est lancée pour i) atteindre le Pôle Nord, ii) trouver le passage du nord-ouest permettant de relier l’Atlantique au Pacifique en longeant le Groenland par l’ouest, puis les îles bordant l’Alaska pour terminer par le détroit de Béring et ainsi ouvrir de nouvelles voies commerciales iii) découvrir le Pôle Sud. Les Norvégiens ont été les premiers à planter leur drapeau au Pôle Sud et au Pôle Nord. Les expéditions avaient aussi comme objectifs la recherche de nouvelles populations de baleines et surtout l’acquisition de connaissances scientifiques.

Un des chefs d’expédition, Amundsen a été le premier professeur d’océanographie et un passionné de la culture Inuit.  La vie partagée avec eux parfois durant tout un hiver lui avait appris à vivre dans ces conditions extrêmes, acquis décisif pour sa réussite au Pôle Sud. Par exemple, les Norvégiens ont combiné leur propre connaissance du ski avec l’utilisation des traîneaux et des chiens  des Inuits, et ont embarqué dès le départ une centaine de chiens à bord.  Ils ont construit une base, un village de tentes comme les Inuits nomades avant de s’élancer vers le Pôle Sud. Les Anglais sont arrivés avec du matériel beaucoup plus lourd motorisé mais ont progressivement échoué et aucun n’a survécu.

Le musée présente les deux principaux bateaux norvégiens ayant servi à ces expéditions: le Fram, deux versions avaient été construites, la seconde  ayant permis d’atteindre les côtes de l’Antarctique et le Pôle Sud le 15 décembre 1911 avec 16 chiens et 2 traîneaux et le Goya ayant atteint le détroit de Béring. Ces voiliers équipés de moteurs pour gagner de la vitesse sont évidemment passionnants à visiter.

La vie à bord avec les chiens, les cochons pour la viande fraîche, le peu de place, l’absence de confort exigeait vraiment des marins motivés, et extrêmement résistants, mais l’exposition insiste sur leurs intérêts et compétences multidisciplinaires et complémentaires, telles que la médecine vétérinaire,  la botanique, la physique pour étudier l’aspect magnétique et la dérive des glaces. Un des explorateurs, Nansen, était encore en plus un artiste peintre.

Puis nous changeons d’époque en visitant le musée dédié à l’explorateur Thor Heyerdahl, explorateur, anthropologue, biologiste né en 1914, et à son radeau le Kon Tiki. L’origine du projet était de montrer qu’un radeau construit selon des techniques très anciennes, en balsa, sans aucun clou par exemple, pouvait permettre d’atteindre la Polynésie depuis le Pérou. Ceci afin d’ étayer l’hypothèse que les îles polynésiennes n’ont pas été colonisées à partir de  l’Australie qui est plus proche, mais à partir de l’Amérique du Sud, au niveau de l’Equateur environ, grâce à des vents et des courants constants permettant à un radeau de progresser toujours vers l’ouest. L’aventure Pérou-Marquises entreprise en 1947 est relatée par le film tourné par Heyerdahl lui-même. Cette expédition a réussi, mais a dû surmonter des dangers importants bien différents de ceux prédits. Par exemple, l’abondance de poissons, donc de nourriture était énorme alors que l’idée admise était que seule les côtes en  regorgeaient. Les attaques de requins ont été un des gros dangers.

Un autre radeau, le Ra, construit en papyrus, est aussi présenté, utilisé pour  relier le Maroc au Vénézuela dans le contexte de l’étude de certaines similarités entre les peuples d’Afrique du Nord et d’Amérique centrale.