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Danemark, le vent de la Baltique, 29 août -10 septembre 2022

De retour à Hirtshals, départ pour Skagen, la rencontre des deux mers. Comme d’autres, je ne résiste pas à continuer à marcher, même dans l’eau sur la bande de sable séparant la mer du Nord et la Baltique.  Les vagues s’entrechoquent mais l’océan est peu formé. Beaucoup de monde, et subitement devant nous sur le sable, il est là, solitaire, tranquille ; impossible de respecter la distance de sécurité de 50 mètres recommandée pour ne pas le déranger, le cordon de plage est bien trop étroit.  

Une autre rencontre imprévue …

Skagen, fresques sociales au musée

August Hagborg, 1879
P.S. Krøyer pêche infructueuse
P.S. Krøyer

Au bord de la Baltique, à peine plus au sud, escale dans les dunes, à Kanalvejen

Ålbaek, fish & ships au port

Près d’Ebeltoft (Blushoj), nous nous installons dans un camping en terrasses où nous contemplons le phare et les voiliers, depuis notre place. Notre voisin est un habitué, très sympathique, qui alerte Pierre-Olivier le matin suivant, je me sors des plumes au plus vite :  les marsouins nagent au large. L’endroit est superbe, mais la plage a des algues et des cailloux.

Qu’importe, nous partons visiter Ebeltoft à vélo, il fait grisouille, alors hop pour le musée du verre soufflé. La démonstration par une souffleuse est intéressante, polissage, technique pour obtenir un verre à bulles, bien des étapes en plus du travail du souffleur de verres de nos laboratoires, coincé dans son minuscule atelier ….Le reste du musée ….c’est-à-dire presque rien! Juste de quoi se demander pourquoi du bel art moderne n’est jamais présenté, remplacé par des complications intellectuelles perdant le visiteur.

La ville est mignonne, rues pavées, maisons à colombages colorées, petites cours, boutiques d’artistes, terrasses.

Mairie de 1789, encore en fonction

Une autre ballade pour aller à une belle plage, de cailloux aussi mais presque sans algues, l’eau est encore agréable. En chemin nous ramassons quelques mirabelles plutôt que de leur rouler dessus.

L’ambiance du camping est particulièrement chaleureuse, le soir subitement le « da, da » retentit, un voisin a ses jumelles, et finalement toute une équipe contemple les marsouins depuis chez nous ; évidemment c’est le soir de grillade (première viande depuis le départ !) et nous nous mettons à table là au milieu.

En route pour Faaborg, départ du ferry pour l’île d’Aero, encore des rues pittoresques, des maisons de commerçants témoignant de la navigation marchande du 19ème siècle. Une artiste céramiste a mis une table de plus devant son échoppe, pour y vendre à vraiment petits prix les jouets de ses petits-enfants, ayant passé à une autre étape.  Le seconde-main est vraiment présent partout. Terrasses sympathiques, il fait beau, un glacier attirant bien du monde, enseigne alléchante, nous tentons pour la seconde fois la spécialité des glaces danoises, soft-ice recouvertes de paillettes…Énormes, avec une base de crème glacée au goût peu défini, elles ont beaucoup de succès mais après l’essai en taille moyenne ou enfant, on ne nous y reprendra plus malgré notre gourmandise reconnue!

Ile d’Aero, 30 – 40 km de long : une oasis encore plus calme que le reste du pays. Championne du développement durable (prix européen de l’île responsable 2021), panneaux solaires thermiques pour le chauffage, bus gratuit, encore plus de vente d’objets en self-service par des particuliers avec une petite tirelire : habits, bibelots, pommes, miel, confitures, (et bocaux vides ramenés) sont présentés sur des étagères  devant les portes d’entrée. Parfois, une corbeille de pommes gratuites ! mais la saison touche à sa fin, nombreuses au sol mais pas toujours bonnes.

Ah, le vélo, sa lenteur, porte ouverte sur les découvertes spontanées

Aeroskoping: le plus charmant des  ports, la quintessence en terme de maisons à colombages colorées biscornues, roses trémières devant les portes, bougies et objets décoratifs sur les rebords de fenêtres. Un glacier proposant des glaces aux fruits artisanales, riches en fruits, absolument exceptionnelles, l’antidote aux glaces danoises courantes.

Une soirée en haut de falaises de roche tendre, riche en fossiles, endroit idyllique …sauf les nuages de poussière à chaque passage du paysan qui sème.

Le lendemain, samedi, grande résolution de tour à vélo mais une panne de gaz nous occupe. Sans solution le week-end, nous visitons Marstal, un des autres petits ports de l’île, plongeon dans l’histoire de la marine marchande à voiles. Petit paradis hors taxe, les grands voiliers amenant céréales de Russie, charbon d’Angleterre, poissons de Bergen, bois de Finlande et de Suède y faisaient escale. Port d’attache d’un peintre de navires et de paysages du Groenland (Jens Erik Carl Rasmussen) et d’un auteur (Carsten Jensen) relatant cette époque (Nous, les noyés) et la vie du peintre, (le dernier voyage), deux livres que je glisse dans ma « to-read list ». Incroyablement riche mais de présentation désuète, le musée bat le record du nombre d’illustrations et d’objets par mètre cube, avec l’odeur de vieux en prime, ce qui participe à nous plonger dans ce siècle maritime aventureux. 

Cabanes de plage

Dimanche soir

Le magicien d’Alice, version brune, bien dodu dans une prairie ne nous porte pas chance. Le moteur qui remonte notre marchepied fonctionne (ouf, nous pouvons rouler) mais fait un bruit horrible de vieille ferraille pendant un bon moment, à chaque utilisation avant de se taire (Re-Ouf!). Nous utilisons ce marchepied car notre hanneton est haut, vu que sa garde au sol a été surélevée pour lui permettre d’utiliser de mauvaises routes ou chemins. Premier réel incident, je regarde le compteur : 99’999 km ! (Pas triché,  ….promis). Nous n’avions pas de champagne à bord pour fêter les 100’000 km sans pannes ! 

Lundi 5 septembre

Retour à notre petit problème de gaz (bonbonne de réserve suisse sensée être pleine s’avérant vide) et à notre intention de tour à vélo. Le gaz c’est le casse-tête pour qui aime varier ses destinations démontrant la non-harmonisation européenne où elle serait juste pratique et ne porterait pas atteinte à la spécificité culturelle !  Problème résolu grâce à l’extrême gentillesse de la famille gérant le camping de Soby. Nous ne pouvons toutefois pas échapper au fait de revenir avec une bonbonne danoise, enrichissant notre collection. Après s’être renseigné sur la possibilité de remplir une de nos bonbonnes, avoir cherché sans succès sur internet une bonbonne d’occasion, ils nous fournissent une bonbonne danoise à conditions spéciales. Devant tant de dévouement, nous leur demandons une place dans leur camping, mais l’ordinateur est lent ce jour, le camping minuscule bien plein, alors la propriétaire me suggère d’aller me mettre sur la plage et de revenir pour tout besoin telle que la lessive ! (Sans nous acquitter d’un emplacement). Cela va avec le verger de pommiers juste à côté…

Nous pouvons finalement pédaler, contre le vent sur plus de 30 km pour constater que le lundi est jour de fermeture du glacier testé le premier jour. Drame, c’était l’objectif.

Mardi, en retournant au port d’Aeroskoping pour prendre le ferry, RE-drame : le glacier a deux jours de fermeture hebdomadaire…Lundi et mardi.

Svendborg, petite balade admirative sur le quai des voiliers en bois.

Fort de Langeland : une ancienne base de l’armée danoise, donc de l’OTAN, convertie en musée dédié à la guerre froide. Les efforts militaires déployés pendant cette période, l’importante perception du risque, le recrutement important de jeunes Danois dans des unités sur terre, sur eau, de protection aérienne et impliqués à l’étranger mais également le scepticisme de certains militants pacifistes y sont abordés. Malheureusement, nous souffrons du peu de traductions en anglais ou allemand. La guerre froide et les risques de guerre présentés comme une page tournée laissent songeurs…

La météo maussade nous pousse vers le sud, et nous nous retrouvons du coup plus vite que prévu en Allemagne. Aie, plus de « Roggeri » (fumoir de poissons) ouvert, les petits achats de maquereaux fumés n’ont pas été possibles. Cette côte du Danemark ne peut laisser personne insensible au charme de ses petits ports. Par contre, les champs à l’intérieur des terres sont un peu monotones à notre goût et nous n’avons pas vu de belles plages de sable comme au bord de la mer du nord. Nous ne sommes toutefois pas allés aux destinations réputées pour la baignade, nous sommes en septembre et depuis notre retour de Bergen, la météo a tourné en lumières automnales.

Nous gardions un excellent souvenir des plages de la Baltique allemande longées lors de notre voyage à vélo, qui date quelque peu (2010). Mais dans cette baie de Neustadt en Holstein, les campings sont denses, la côte construite, nous trouvons une ferme accueillant les nomades de notre style ; la pluie nous fait renoncer à flâner dans les rues de Lübeck. Pendant ce temps, vers Lausanne, l’eau monte dans la cour de notre ancienne maison, chez notre fille et sa famille. Autant rouler pour profiter du soleil quand il sera revenu en Suisse.

Arrêt à Seebourg, puis à Bald Waldsee, patrie des campings cars Hymer, (tout près du lac de Constance). Au moins, nous pouvons savoir quelle pièce est à commander avant de donner notre Hanneton pour réparation du marchepied, ce sera certainement un gain de temps énorme.

Nous nous réjouissons beaucoup de retrouver toute notre famille à Amden où nous avons organisé un week-end de regroupement familial. Amden? Juste logique entre Bretigny, Innsbruck (notre fils est en congrès) et Paris.

Moscou, le retour, la flegme vers le soleil

Se familiariser avec Moscou a été un peu plus difficile, les touristes voyageant individuellement doivent être très rares:
  • Trouver un plan papier nous a amenés à visiter le hall de l’hôtel Métropole, magnifique 5*,
  • La persévérance pour trouver l’office de tourisme ouvert nous a conduit vers un petit bureau, une seule personne mais très efficace et aimable,
  • De l’aide spontanée nous a été proposée dans le métro par des passants, et devant notre perpléxité à la lecture des noms de rue principalement en cyrillique
  • Le monde dans les métros, le bruit partout, les routes à 8 pistes en pleine ville, comment peut-on s’y habituer?
La météo, crûe, venteuse et humide durant notre visite guidée à pied a eu l’énorme avantage de diminuer la foule sur la place rouge. Voir le mausolée de Lénine, visiter le Kremlin, par beau temps cette fois, ont naturellement été parmi les temps forts de notre séjour. Nouveauté: les grands jardins ouverts en 2017 sur la colline constitiuée par la démolition de l’un des grands édifices staliniens, un hôtel à plusieurs milliers de chambres.

Hôtel stalinien détruit, remplacé par une colline et des jardins.

Quelques autres vues de Moscou.

Le port, où nous sommes arrivés en bateau.


Les stations de métro sont vraiment intéressantes, « palais pour le peuple », vénérant les différentes activités économiques, ou honorant la pensée soviétique par des fresques, des statues ou d’autres oeuvres d’art de l’époque stalinienne.


Musarder dans le long centre commercial Goum, attenant à la place rouge :

  • Charme de cet immense bâtiment de tout temps destiné au commerce, toits en verres, allées et traverses intérieures, arcades et splendide longue façade en font le charme,
  • A l’origine, chacun pouvait venir y vendre quoi que ce soit, et tous les Moscovites le fréquentaient comme le marché central de nourriture et d’objets. Les prix diminuant à l’étage supérieure.
  • Puis pendant la seconde guerre, il servit de logements aux familles ayant perdu le leur; retrouvant sa vocation commerciale en 1945,
  • Pour notre jeune guide, il est synonyme de queues interminables durant son enfance, une spécialité stalinienne bien présente dans les souvenirs. Dans les années 80s, le manque de nourriture a conduit à l’émission de coupons. Accompagner sa maman leur donnait droit à plus de pain et c’était toujours l’endroit où chacun venait se ravitailler,
  • Maintenant plus de queue du tout, le défilé des enseignes luxueuses alignant les grands noms de la parfumerie, de la couture et de la joaillerie ainsi que l’absence totale d’autres marques incitent chacun à musarder pour contempler les décorations absolument superbes, adaptées à la saison. Courges, bicyclettes de toutes sortes décorées avec des feuilles mortes, bottes de foin, fruits, toute la beauté campagnarde automnale était présente dans ce temple du luxe capitaliste, juste en face du mausolée de Lénine.

Notre objectif en arrivant à Moscou était de trouver des cartons pour nos vélos. N’ayant pas trouvé de billets de train pour rentrer de Moscou, nous avions prévu l’avion. La compagnie Swiss nous avait informés qu’elle en exigeait des cartons mais n’en fournissait pas, nous suggérant de voyager avec! Grâce à la jeune femme très compétente de l’office du tourisme, nous avons eu l’adresse d’un club de cyclistes, situé tout près du centre. Logé dans une cave, avec une porte donnant sur une cour intérieure fermée nous sommes arrivés par chance devant la grille en même temps que le balayeur, qui après s’être éloigné sans nous aider, s’est ravisé, est revenu vers nous pour nous ouvrir et nous montrer la cage d’escaliers, véritable trappe obscure. Un jeune était présent, à qui nous commençons à expliquer d’où nous venons. Le commentaire a été immédiat: « il vous faut des cartons, je vais vous en chercher ». Et voilà, juste la pluie pour le retour à notre hôtel et l’étape « trouver des cartons » était paquetée!

La seconde étape a été un peu plus longue et a nécessité d’envahir le hall de notre petit hôtel: démonter les vélos pour les faire entrer dans les cartons, colmater les espaces avec nos habits de façon à vider certaines sacoches pour diminuer nos bagages de soute. Après plusieurs essais et répétitions pour « emballer mieux », nos cartons étaient pleins, scotchés et nous étions prêts pour nous rendre à l’aéroport avec un taxi XL.

Auparavant nous avons bien profité de nos soirées en allant écouter l’orchestre philarmonique de Carélie et sa pianiste. Concert unique, au Tchaikovski hall pour lequel nous avons trouvé des billets dans l’après-midi même, convaincus par la caissière qu’il n’y avait pas de dress code. Oups…je suis restée assise à l’entracte pour ne pas trop me montrer, la salle était bien élégante par son architecture et son public! Le concert était vraiment exceptionnel, la pianiste Ekaterina Mechetina couverte de fleurs par le public, a multiplié les prolongations. Le programme incluait du Glinka (j’ai adoré), du Rachmaninov et du Tchaikovsky. Pour notre dernière soirée, nous avons été emballés par la troupe de danse folkloriques Djel, ses chorégraphies extrêmement dynamiques des différentes régions de Russie, les costumes colorés de cette troupe de plus de 50 danseurs dont des étoiles aux performances techniques et sportives époustouflantes.

En Russie, aller au spectacle est vraiment à mettre à tout programme de voyage.

Puis ce fut le départ pour l’aéroport où nous avons dû couper tous nos scotchs pour faciliter les quelques secondes d’inspection par le caniche de service et emballer au moyen du plastique fin, disponible au mètre et à prix exagéré, les sacoches et sac restants.

A Cointrin, dans un petit coin tranquille, Pierre-Olivier a remonté les vélos, j’ai remis nos affaires dans les différentes sacoches pour prendre le train pour Lausanne.

Merci à Nathalie d’être venue nous chercher à la gare et à Maxime d’avoir cuit d’excellentes pâtes « maison », la montée de nuit au chalet à Gobet où nous avons pu dormir dans notre hanneton nous aurait vraiment rallongé la soirée et fait souper au milieu de la nuit!

Ce voyage:
  • Un plongeon dans l’histoire du 20ième siècle encore incroyablement présente,
  • La visite approfondie de Berlin, Gdansk, Tallin, St Petersbourg et Moscou,
  • Le voyage à vélo, toujours une bonne leçon de lenteur, de persévérance, nous plongeant dans la campagne en y mesurant les immense et incroyables contrastes relativement aux villes: absence d’infrastructure, de magasins, de points de rencontre, habitat vétuste dans les pays baltes mais présence de belles maisons et jardins très soignés et sophistiqués en Pologne, où l’agriculture était aussi très mécanisée. L’obligation de faire ses emplettes dans les villages est très instructive, après avoir appris à reconnaître un magasin!
  • La traversée de toutes sortes de forêts, denses et variées en Pologne, plus lumineuses au nord et de campagnes aux très nombreuses cigognes souvent parsemées d’étangs,
  • Côté chiffres: 2450 km à vélo, 87 jours de voyage dont 35 de vélo, à raison de 70km par jour de moyenne, 16 à 20 kg de bagages par vélo, 20 nuits sous tente, nécessitant toujours d’enfiler des habits humides le matin, des innombrables aboiements de bergers allemands derrière les clôtures mais que deux réels affrontements avec des chiens en liberté agressifs, pleins de bonnes glaces en Pologne, une semaine à Tallin, une à St Petersbourg, 5 jours en croisière et une petite semaine à Moscou et …4 jours de repos, généralement dédiés à la lessive,
  • Par contre, la Baltique si peu profonde, souvent riche en planctons ou autres micro verdure la rendant verte est peu avenante pour la baignade, bien que pas froide du tout même en septembre..Disons que l’un de nous deux a eu un peu de peine à prendre le temps de se baigner, à être au bon moment avec la bonne météo vers les plages. Quant aux arrêts gourmands, aux terrasses ensoleillées, là, mieux vaut ne pas y penser, pas à cause du manque de soleil mais par manque de restaurants et autres terrasses.
La tête pleine de cette histoire vivante, explosant d’informations à digérer, bien refoidis à Moscou, nous sommes vite partis en Sicile avec comme seul but la baignade et la détente au soleil, bref, des vacances « flegme ». Du soleil, nous en avons eu, mais de fortes pluies aussi nous laissant bien du temps pour compléter notre voyage par quelques lectures sur Marx, la Révolution d’Octobre ou l’histoire de la Grande Guerre.

Pas de bons wifi dans les campings, nos occupations entre les deux voyages et peut-être un peu de flegme sont nos excuses pour cet énorme retard dans nos nouvelles. Nous sommes de retour avec la preuve que notre hanneton est étanche!

St Petersbourg, 07-18 septembre

Pour les cyclistes: Ce n’est pas « the place to be » même si la plupart des automobilistes s’arrêtent aux passages piétons et si aucun ne manifeste de l’agressivité envers les cyclistes, comme certaines sources le mentionnaient.
Nous avons roulé de la gare Baltic jusqu’à notre B&B et c’est tout!
Meme les livreurs de nourriture sont à trottinette ou à pied.

Nous avons apprécié

  • Le soleil pour nos balades et le free walking tour guidé, apparemment le beau temps n’est pas une spécialité de l’endroit!

  • De prendre deux jours pour visiter l’Ermitage, et d’admirer les Impressionnistes dans leur nouvelle présentation ouverte il y a quelques mois. La chapelle du palais venait aussi de ré-ouvrir, quelle chance!

  • Le contact facile avec les passants, toujours prêts à prendre le temps de nous renseigner. Avec P.-Olivier, la recherche du petit restaurant sélectionné est toujours une opération menée avec persévérance, qui peut prendre du temps ou s’avérer plus compliquée que prévu quand par exemple plusieurs rues ont un nom très similaires en russe, ou que le restaurant a déménagé entre temps. La quête du café précis est une manière de visiter les différents quartiers.
  • Au chapître nourriture encore, les bons petits restaurants géorgiens, et les vins de cette région.
  • Les églises orthodoxes.

  • Les ballets, Cendrillon dans une version des plus classiques au théâtre Mikhailovsky du même style

    et Petrouchka dans une chorégraphie hyper-avantgardiste au théâtre immense et non moins moderne Mariinski II avec un orchestre superbe.

  • Les jardins de Peterhof.

  • Les rencontres avec Elena, une amie de Joseph, qui s’est prêtée au jeu de toutes nos questions sur la vie en Russie, celles avec d’autres clients au restaurant nous donnant des adresses, ou nous conseillant pour notre commande, comme ce couple né ici et y revenant souvent après l’exil et la carrière scientifique de l’autre côté de l’Atlantique
  • Les gares de métro, et le message de leur architecture, dédiée aux travailleurs

Même si nous nous y attendions, nous avons été impressionnés par l’animation de cette ville, plus calme à 8h. du matin qu’à 3h!

Les premiers jours, encore estivaux, des motos d’eau sur notre petit canal en pleine nuit, de la musique partout, des volumes sonores incroyables sortant de certaines voitures, des cortèges de Harley Davidsson, et même des visites de ville proposées en grosse moto!

D’accord, nous venons de notre alpe, mais d’autres métropoles sont provinciales en comparaison! Les heures d’ouverture des magasins, ou plutôt le peu d’heures de fermeture témoignent de la même frénésie! Malgré cette animation perpétuelle, nous nous sommes sentis en sécurité partout, même la nuit, même dans le métro.

Nous laissons chacun étudier les informations des professionnels mieux documentés sur les « grands classiques » et l’histoire de cette ville, créée pour le commerce avec l’Europe, nécessitant de mettre définitivement hors du territoire les Suédois, et d’avoir des chantiers navals importants. A chacun aussi de cheminer dans ses propres réflexions devant un changement aussi rapide et radical d’un mode de vie et d’organisation soviétiques à une ville où le culte de certains aspects de l’empire russe traditionnel, des arts classiques russes, de la culture américaine et de la frénésie de consommation et d’animation se côtoient allègrement.

Danse classique une place, tous les samedis en été

Centre commercial ouvert tous les jours et tard le soir

Expo de vieilles américaines

Danses et chants classiques dans la rue

Ecran d’ordi aux toilettes diffusant euro News

Camionnette stand de vente de café et d’alcool fort

Génératrice pour le frigo.

Militaires jouant de la musique russe très moderne, style rock, collectant de l’argent pour une oeuvre sociale. Le public se montrait très généreux

En tout cas, certaines réflexions d’Elena, jeune cheffe de projets informatiques, accessoirement guide et enseignante de langues et notre passage chez la coiffeuse du quartier (toujours instructif, décidemment comme à Tromso), se résument à: travailler beaucoup n’est pas un problème, c’est ce qu’il faut faire pour avancer, il n’y a pas de chômage chez les jeunes, chacun peut trouver un bon travail, un appartement s’il le veut. Le développement durable, la qualité de vie, le slow-life, c’est sur une autre planète….Mais, bien des personnes ici adorent St-Petersbourg car la vie y est relax, tranquille, moins axée sur l’argent, les affaires que celle à Moscou! Et bien, nous sommes heureux de savoir que nous quitterons demain la vie provinciale avec notre bateau sur la Volga!

Et encore quelques vues:

Ville de superlatifs: La colonne Alexandre est le plus lourd bloc de granit du monde, et n’a pas de fondation, il ne tiend que par la gravité

Tallinn-St Petersbourg, 1-7 septembre

Nous partons de Tallinn heureux de nous remettre en selle après cette semaine de visite. Nous sommes restés plus longtemps que prévu à Tallinn, en plus du fait que la ville nous a beaucoup plu, j’avais un refroidissement et le téléphone portable de P-O y a succombé. Or Maps.me nous dépanne parfois même si la route Euro Vélo est généralement bien indiquée. Les logements, même les campings ne sont pas signalés comme tels sur le terrain, Booking.com ou d’autres sites équivalents sont donc utiles. Nous avons donc dû le remplacer, mais attention, faire ce genre d’achat chez un vrai concessionnaire pour que la garantie soit valable en Suisse aussi.
Nous longeons les quais d’embarquement pour les ferries, puis la mer par une piste cyclable sympathique, traversant parfois des parcs. Bien à l’est de Tallinn, nous nous perdons dans la campagne, faisant une boucle involontaire, quelle frustration ! Une signalisation sur le terrain à Kallavere me semblait illogique, je crois que l’erreur a été de la suivre! Une vieille dame nous avait d’ailleurs crié toute une diatribe, assez mécontente, était-ce au sujet du chemin? Nous sommes à moins de 15 km de Tallinn mais dans un autre monde. Fermes abandonnées, vieux bâtiments en briques grises en mauvais état, hameaux désolés, quelques traditionnels bergers allemands agressifs derrière leurs clôtures. Nous croisons deux voitures, dont une conductrice élégante qui nous aide fort aimablement: il y a un golf au bord de cette zone, complètement anachronique! Le problème de cette étape est sa longueur et qu’il n’y a pas de logements avant Pudisoo. Nous visions une de ces places pour tentes aménagées par les forestiers (appelées RMK) mais l’envie de confort nous amène à dormir chez une famille louant des chambres. Et oui, les bivouacs, c’est sympa, mais accueillir le crépuscule, son humidité, éventuellement ses moustiques, les pluies et la fraîcheur nocturnes en se glissant directement dans notre sac de couchage nous fait réaliser que nous n’avons plus 20 ans et donne des airs de paradis à une douche! La mère de famille qui nous accueille habite avec ses 4 enfants une maison dans un immense jardin; mettant à disposition une cuisine extérieure sous un couvert.


Notre logeuse nous dit que le samedi les RMK peuvent être envahis par des Russes venus faire la fête, décidemment, la perception de la Russie par les Estoniens ne change pas en progressant à l’est, même si la langue russe est de plus en plus présente.


Suit une étape de forêts de pins, en bordure de mer, où nous rencontrons deux bernoises venant de St Petersbourg à vélo. Les étapes depuis la frontière, pour ne pas être trop longues, sont clairement 1) suivre la grande route jusqu’au motel Oasis à Gurlevo, 2) rejoindre le B&B Homestay Elena à Sergiyevskoye fameux pour ses Pierogi, 3) rejoindre Peterhof puis St-Petersbourg. Pour elles, ce trajet est faisable malgré la circulation plus dense et rapide, à défaut d’être agréable ou beau. Le trajet est clairement sans aucune échappatoire possible en transports publics. Quelques jours plus tard, en roulant vers la frontière, le brouillard du matin et la circulation diminuent ma motivation. Entretemps, à Viinistu, l’hôtel fermé nous sert un bon souper, nous fournit une chambre avec balcon et vue sur le port et un petit déjeuner traditionnel donc extrêmement copieux.

Le personnel est là, c’est leur jour de congé, ils font la fête, sauna mobile sur une remorque, trempette dans le port; mais ils nous ont acceptés car nous sommes à vélo; et ceci pour un excellent rapport qualité/prix sans pareil! L’hôtel est une ancienne usine de poissons, comme le musée, dont l’architecture soviétique est accentuée le lendemain par un épais brouillard, typique et fréquent dans ce village!

Que de contrastes en parcourant Käsmu, Vosu, villages de pêcheurs devenus villages de villégiature, les ruines d’une base militaire russe de sous-marins, un chemin de forêts ayant juste un panneau montrant loups et sangliers au départ pour finalement arriver à un camping non signalé sur la route, perdu dans la forêt

(L’unique marcheuse vue nous y mène même maps.me n’en indiquait pas l’accès) puis le lendemain à Toolse vers un hôtel Spa de luxe, en béton, imposant, au dessus de la mer. Logés dans un cabanon au camping attenant à l’hôtel, nous prenons une journée de repos et lessive, temps maussade, vive le Spa!

La dernière étape en Estonie, jusqu’à Narva se fera dans le brouillard, un peu le long de la grande route et en campagne, en passant par Sillamae, la ville qui n’existait pas sur les cartes: détruite, repeuplée par des Russes et des prisonniers mieux traités qu’en Sibérie, c’était l’ endroit de production des matériaux radioactifs pour la bombe atomique.

Après 1991, tout ce monde a perdu son travail, après avoir perdu sa santé, et une sérieuse protection de l’environnement pour empêcher la contamination de la mer a été entreprise (der Spiegel, 7 sept. 2016). Nous sommes passés devant l’hôpital et quelques locatifs en piteux état et de magnifiques jardins témoignant de l’importance de la ville avant les guerres.

A la mémoire des soldats soviétiques morts en 1944

Dernier arrêt au soleil le long de la magnifique plage se terminant par le canal de la Narva, frontière avec la Russie.

A Narva, souper au chateau de la forteresse, vue sur les murailles d’Ivangorod, partie russe de la ville. L’office du tourisme est à moins de 100 mètres du grillage de la frontière, met à disposition un ordinateur pour nos recherches sur les transports publics russes. En fait, en Estonie l’information est qu’il n’y a qu’ un train international pour rejoindre St Petersbourg (malpratique car arrivée à minuit) et des bus. Aucun des deux types de transport ne prenda nos vélos avec certitude. L’astuce que nous découvrons finalement est qu’il faut passer la douane à pied, à 4h. du matin pour se rendre à la gare d’Ivangorod à 2 kilomètres et partir par l’omnibus russe du matin, acceptant nos vélos sans problèmes. Ainsi, nous passons la douane en quelques minutes, et trouvons le bâtiment de la gare dans la nuit noire. Un employé ouvre une fenêtre à l’étage, nous confimant ainsi que nous sommes bien à la gare, et quelques minutes après nous fait entrer dans la salle d’attente.

Quasi seuls au départ, le train se remplira progressivement à l’approche de St-Petersbourg. La contrôleuse très aimable nous rassure: nos vélos ont leur place même si certains passagers râlent un peu, nous avons des billets pour eux, 60cts pour 3 heures de train!

Ainsi le matin, nous rejoignons notre charmant mini hotel, en plein centre. 6 chambres à un étage d’un très vieil immeuble. Mais ce grand appartement, lui, est impeccable, entretenu, propre, une cuisine est à notre disposition, du café et du thé en permanence à discrétion. Une dame est là en permanence, s’affairant pour tenir ce ménage impeccable (B&B Pio).

Les îles estoniennes, 13-21 août

Les îles Muhu, Saaremaa et Hiiumaa à l’ouest de l’Estonie étaient suédoises jusqu’en 1721, avant d’être envahies à moultes reprises par les troupes russe allemandes, et soviétiques. L’Estonie, comme les autres pays baltes a été indépendante pour la première fois en 1918, puis à nouveau en 1991. Le 20 août commémore le jour où la Russie a reconnu cette indépendance en 1991, les dernières troupes soviétiques ayant quitté les îles quelques mois plus tard. Des 3000 agriculteurs présents en 1939, quelques centaines d’habitants sont restés après 1940. Durant la période soviétique, quelques kolkhozes, surtout des soldats et un accès contrôlé, extrêmement limité, presqu’interdit à ces côtes, zones militaires et au potentiel d’évasion jugé trop important.

La nature a profité de cette inoccupation humaine, les forêts sont intactes, naturelles. C’est un paradis pour en admirer la diversité: forêts de feuillus, sous-bois denses ou forêts de pins sylvestres ou pins divers, fougères, mousses, sous-bois de genévriers. Les touristes estoniens y viennent pour la nature, les champignons, les baies et certains pour la chasse. Il paraît que les espèces rares sont nombreuses, orchidées entre autres.

Évidemment, quand vous pédalez sur les petites routes, aucune de ces merveilles ne va vous apparaître de manière évidente, même si nous admirons les différentes forêts.

Nous voyons des fermes, certaines à l’allure ancienne, voire abandonnées, d’autres en exploitation, entretenues. Or les îles étaient quasi désertes depuis 1940 (hormis les troupes). En campant dans le jardin d’une ferme, notre logeur nous explique qu’après 1991, si vous étiez capable de fournir une attestation que vos parents ou grands parents possédaient une maison et des terres sur une des îles en 1940, cette demeure et ces terres, voire même plus de surfaces, vous étaient rendus et vous pouviez remettre à flot et reprendre l’exploitation. Beaucoup sont donc revenus sur les terres de leur famille. Nous voyons aussi de grandes maisons au jardin et à l’allure luxueuse, habitat principal ou secondaire pour les Talliniens?

Certains jeunes développent des structures d’agro-tourisme: quelques cabanons dans le jardin, une cabine de douche et sanitaire, un cabanon sauna, éventuellement une cuisine un peu couverte, un évier à l’extérieur et voilà un camping officiel. De la place pour les tentes, il y en a toujours; c’est tellement ouvert que nous mettons, un soir, un banc vers notre tente pour nous protéger, ne sachant pas où les voitures allaient se parquer la nuit (un mariage avait lieu dans la région; les participants ayant loué les cabanons).

Généralement, les structures d’accueil ne fournissent que très rarement un petit déjeuner et jamais de repas du soir, même si elles sont perdues au milieu de nulle part. Il faut voyager avec sa nourriture. Parfois, une machine à café, de la vaisselle, ou un frigo partagé vous est proposé.

Les quelques échanges que nous pouvons avoir nous font comprendre avec une certaine prudence et retenue que dans cette région, la rancoeur contre les Russes est très importante. Ces derniers sont perçus comme plus destructeurs et humiliants que les occupants allemands, selon les quelques avis et allusions relatés, surtout chez les personnes âgées.

Tallinn, 25 – 31 août

Nous arrivons à Tallinn après être entrés en Estonie au sud, à Anaiz, 16 jours et 850 km auparavant. Tallinn est un autre monde et seule la langue nous apparaît comme point commun entre la campagne et la capitale.
Nous avons beaucoup de plaisir dans cette ville et y passons finalement une semaine, dans un bel appartement (Kotzebue 5) aux portes de la vieille ville, près des arrêts de tram et de la gare Balti jaam.
La vieille ville, ses remparts, ses tours et les maisons des guildes (corporations) hanséatiques ont beaucoup de charme, et de pavés de toutes sortes!

Nous avons évidemment admiré les monuments tels que la cathédrale orthodoxe Nevski,

l’hôtel de ville,

Entre autres, mais c’est plus l’ensemble de la vieille ville qui nous a séduit.

Elle est composée d’une partie basse, entourée des remparts, qui était dédiée aux marchands et d’une partie haute, Tompaee où se trouve les ruines du château, habitées au passé par les riches barons baltes, germanophones. Parmi les découvertes, une plaque rendant hommage à Boris Yeltsine pour sa résistance à la volonté de Gorbatchev (putsch de 91) de réprimer la volonté d’indépendance de ce peuple, ses idées plus ouvertes, moins centralisatrices qui ont aidé l’Estonie à se sortir du joug soviétique.

Nous visitons différents musées, et faisons des tours à pied ou en bus sightseing. Nos favoris auront été le musée d’histoire de l’Estonie, ouvert en février 2018, et le Seaplane museum sur la marine.

Icebreaker à charbon

Très poignante aussi est la visite des cellules du KGB…

Rocca del Mare, une agréable balade parmi les fermes estoniennes, moulins, école et église rassemblés dans ce musée open air,

de même que les jardins du palace de Kadriorg.

Musée de l’histoire estonienne au palace Maarjamae: ouvert en février 2018 pour les 100 ans du pays, très moderne, il présente l’histoire de 1905 à aujourd’hui dont voici quelques repères. Avant 1914, l’Estonie faisait partie de l’empire russe, économie et pouvoir détenu par les barons germanophones. Les Estoniens sont des ouvriers agricoles, le servage est aboli en 1819, à ce moment seulement les paysans commencent peu à peu à devenir les propriétaires de leurs terres, le sentiment national et la langue se développent aussi, 1er rassemblement de choeurs en 1869.

En 1918, les Estoniens proclament leur indépendance après avoir repoussé les troupes bolchéviques, affaiblies par la révolution d’octobre 17. Mais cette indépendance est très éphémère, les troupes allemandes arrivant quelques jours plus tard. Les Bolchéviques veulent reprendre immédiatement le terrain libéré des Allemands mais sont repoussés après de violents combats par les Estoniens, (aidés des Finlandais), combattant pour leur indépendance, unis maintenant par un sentiment national, décidés à se libérer des barons germanphones comme des bolchéviques, c’est la guerre d’indépendance, reconnue en 1920.

Les invasions se succèdent durant la seconde guerre: Russes, puis Allemands, puis Russes en 1944. Les Allemands sont perçus d’abord comme les libérateurs face au Soviétiques. Beaucoup de germanophones rejoignent les troupes allemandes pour lutter contre le bolchévisme. Suivra évidemment la grande période d’occupation soviétique. Puis les manifestations populaires (87-91) contre l’ouverture d’une nouvelle mine de phosphate, le renforcement du sentiment national, la chaîne humaine de 680km de long donnant de la visibilité aux pays baltes auprès des pays d’Europe de l’ouest, la publication tant demandée du traité Ribentropp-Molotov (datant de 1939). Lors de manifestations de chants, très importantes dans la culture, les Estoniens commencent à ressortir leur drapeau, interdit par les soviétiques. L’implosion de l’URSS, la chute du mur, forment un contexte favorable pour que l’Estonie retrouve son indépendance la révolution chantante…

Nous terminons la visite du musée par les photos des quartiers industriels soviétiques transformés en zones d’hôtels et restaurants (Rottermannini) ou en zones annimées plus jeunes (Telliskivi) en 2010 et en 2017, quels changements!

En nous baladant, nous admirons avec enthousiasme le nombre de juxtapositions d’anciens murs et de bâtiments modernes originaux, aux lignes souvent cassées, inattendues, jouant sur l’utilisation de matériaux différents et préservant toujours des parties d’anciens hangars, de vieilles usines. Les étages d’habitation ainsi que des balcons ont été souvent rajoutés.
Les centres commerciaux montrent une soif d’aller vers la société de consommation luxueuse, bien loin de l’époque soviétique. La différence d’attitude face à nous, étrangers ne pouvant demander des renseignements qu’en anglais est énorme entre les générations. Partout en Estonie, pour nous parler, on va chercher le jeune de la famille. En ville, des jeunes viennent discuter, proposent spontanément de nous aider alors que les plus âgés sont muets voire éffarés par nos questions. Un chauffeur de bus, un employé préposé à la vente de billets de train, une réceptionniste d’hôtel, d’âge mûr, peut souvent n’avoir aucune connaissance d’anglais et même ne pas vouloir juste communiquer.
Nous faisons toujours très attention à nos vélos, beaucoup plus que d’autres cyclotouristes, mais se balader en ville donne une grande impression de sécurité, calme, même le soir. Il reste pour nous deux dangers à Tallinn: apprendre rapidement que les trams traversent les rues à certains endroits, dont un près de notre logement sans crier gare! Ni feux, ni barrières, les voitures regardent et s’arrêtent, ne pas être distraits et penser que les voies sont doubles! Et les pavés de toutes sortes, et autres inégalités sur les trottoirs, …

Estonie: bivouacs, 15 et 16 août

La définition que je propose: Un bon bivouac est un endroit pour passer la nuit où la beauté du site est supérieure à son inconfort.
Estonie, île de Saaremaa: nous plantons notre tente au-dessus des petites falaises, vers le phare, avec une vue imprenable sur le coucher de soleil.

Les touristes viennent la journée pour la beauté du site et certains restent jusqu’au coucher du soleil, vers 21h15, à mi-août.

La seule auberge à la ronde est occupée par un camp d’activités créatrices pour adultes russes venus retrouver leur créativité enfantine, selon leur propre explication, donnée dans un excellent français. Nous sommes enrôlés comme acteurs le temps d’une réplique, en français, pour un de leurs films. L’intendante nous dit que dans le parc de Panga, un des endroits les plus visités de l’île, nous n’avons qu’à mettre notre tente où nous voulons. A essayer dans le jardin du Denantou?

Alors ce fut un bon bivouac, mais bien humide la nuit, froid et sans accès à la mer vu qu’elle était à nos pieds 25 mètres plus bas, ni à aucune autre eau.
Malgré cette formidable tolérance et ouverture d’esprit, le parc était propre, le parking attenant aussi. Nous ne voyons jamais de poubelles débordantes, peu de détritus, beaucoup de sanitaires publics spartiates mais propres.

C’était la seconde nuit consécutive en bivouac. La veille, nous pédalions avec une certaine lassitude le long de grands tronçons rectilignes, forêt à droite et à gauche, mer proche mais toujours cachée derrière les arbres, lorsque nous avons fait le crochet au centre de visite du parc national des îles Vislandi.

Nous rencontrons là un éducateur ou/et homme d’église au format de bûcheron et une quinzaine de jeunes, et d’adolescents. Cet homme m’explique immédiatement et spontanémemet que son équipe a commencé à nourrir les enfants des rues de Tallin en 1997, puis a ouvert une structure dans l’église pour les héberger. Le processus de les convaincre d’être logés plutôt que nourris en rue a pris 2 ans. Selon lui, il n’y a plus d’enfants seuls dans les rues de Tallin actuellement, le dernier recueilli chez eux l’a été en 2005. Toutefois, sa structure existe toujours puisqu’ils sont justement en camp et que certains ne doivent pas avoir plus de 13 ans. Tous ont été récupérés alors qu’ils étaient toxicomanes déjà dans leur enfance. Cet homme extrêmement sympathique, direct, à l’allure imposante résume très vite son action: « nous avons commencé par leur apporter à manger, puis des règles et la bible. Et maintenant, nous laissons nos bus, chargeons les sacs à dos et les tentes et partons dormir à 6 km au bord de la mer avant de traverser pour les îles Vislandi ». Traverser? Étonnant, je n’ai pas vu ni port ni bac dans les parages. Mon interlocuteur n’est jamais allé sur ces îles mais est toujours aussi enthousiaste, de même que la gérante du centre de visite d’ailleurs. Il suffit de suivre le chemin jusqu’à la plage de cailloux, puis de passer les différents petits bras de mer à pied, en portant les bagages, l’eau vous arrivant au maximum à la taille.

Balise du chemin.

Voilà son programme, aller 3 jours marcher, bivouaquer sur ces îles avec ces jeunes, en vivant en groupe. Nous pensons évidemment à notre famille, scoute de génération en génération, et au travail de notre fille, éducatrice en foyer! La différence du support biblique ne paraît pas si importante lorsque nous les dépassons à vélo sur le chemin, en train de déjà réajuster leur sac. Nous pensons au travail de motivation que cet homme doit certainement fournir. Arrivés à la mer, notre compteur indique 10 km et non 6!

Nous avions en effet décidé d’abandonner l’idée de rejoindre l’auberge du prochain village, n’ayant vraiment pas encore trouvé le charme des agglomérations, au profit du bivouac en bord de mer. L’endroit est si vaste que nous nous installons absolument pour nous face à la mer.

Un Lituanien cycliste vient nous dire bonjour, s’étonnant que nous ne prévoyons pas de traverser! L’eau à la taille, nos 6 sacoches vélo, deux sacs plus nos petites sacoches guidon, je ne m’y vois pas franchement, non! Le cycliste avait caché ses sacoches dans la forêt et avait porté son vélo pour aller pédaler sur les îles. Ceci illustre le sentiment de sécurité que nous ressentons aussi dans ce pays.

Le lendemain, nous partons entre les roseaux voir le premier canal à traverser. D’autres en profitent allègrement.

Lettonie

Traversée de la Lettonie: pour le cycliste, deux possibilités
  • la côte: ses belles plages, et autres curiosités, mais des parties sur la piste cyclable de l’autoroute
  • les routes par l’intérieur, option que nous choisissons.
Pour l’itinéraire, c’est extrêmement simple: sortir de chacune des quelques villes par la bonne route et rester toute la journée sur l’asphalte, en ignorant les routes partant à droite ou à gauche garantissant l’enlisement dans le sable après quelques mètres.

Nous devons renoncer à un camping car inatteignable pour nos vélos (7km de sable).

Un peu de circulation au sud, les camions nous dépassent avec beaucoup de précaution mais certains sont longs, transportant des troncs. Des bons tronçons rectilignes, méditatifs selon P.-O, du goudron plus ou moins en patchwork.

Nous campons au bord d’un lac très sympa, devant un bâtiment de camp de vacances, centre olympique de canoéistes.

Les installations sont vétustes, les enfants. et jeunes participent à toutes sortes de sport, et s’en donnent à cœur joie. A 22 heures, ils se baignent encore, je vais donc tard prendre mon bain d’eau vaseuse remplaçant la douche.

Paysages de forêts mélangées, plus de pins sylvestres, beaucoup de bouleaux et de grandes prairies aussi, et un peu de céréales pas encore moissonnées, basses sur tiges. Le foin en rouleaux est laissé dans la prairie, déjà de nouveau verte. Très peu de bétail visible, quelques hangars qui pourraient abriter des bêtes, certains sonr vraisemblablement des kolkozes abandonnés. Peu de fermes, peu de monde, aucune plaque étrangère, aucun cycliste. Il fait toujours une chaleur exceptionnelle.

La traversée de la Lettonie a été facile par cet itinéraire, sauf la sortie de Riga.

Auparavant, nous avions visité Riga et Vilnius, et traversé la Lituanie en train. La canicule, le monde et en conséquence les mauvais logements ont rendu nos visites un peu superficielles, nous retournerons à Riga.

Expo d’ours peints, chacun représentant un pays, à but carritatif pour l’enfance.

A vivre aussi absolument: la traversée de Vilnius à Daugavpils par les lacs des parcs nationaux de l’est de la Lituanie.

Nous vous présentons juste l’auberge de jeunesse de downtown à Vilnius, mythique, au bout d’une route de terre défoncée dans la vieille ville. Tout y était: le jardin intérieur avec BBQ, hamacs, musique cool, un accueil sympa, un chat donnant le ton « dynamique » par cette chaleur, et chambres donnant sur l’animation.

Tableau noir pour s’inscrire pour les croissants et la visite de la ville.

Et le camping à Riga dans la ville: Des containers fonctionnels, une sorte de hangar de sport, pas bucolique mais près du centre. Une zone pour les tentes où nous faisons la connaissance de 2 couples de cyclistes allemands venant de Tallin. Échanges très sympas, un couple a les kilomètres sponsorisés pour un projet humanitaire en Bosnie, l’autre nous offre leur guide, la nouvelle version en allemand, qui nous sera très utile pour éviter la grande route côtière. Mais Riga est aussi une ville très festive, et c’est ainsi que je vais chercher nos sardines sous les fesses de fêtards écroulés contre notre tente, dormant dehors plutôt que dans leur bus, déjà placé à un mètre de notre tente.

Riga, on reviendra, pour les musées, le kayak sur les canaux, sortir le soir…mais là ….Nous avons besoin de nature, de moins de monde, de calme. Mais parmi les cyclistes, notre tente est admirée, elle fait des envieux!

A la frontière Lettonie-Estonie, visite d’un petit musée, juste une maison en bois, ancienne école de marins. Les valeurs de base ne changent pas, les cahiers sont de 1864!

Les petits espoirs et imprévus

En Pologne, nous visons une pension un soir car le restaurant est annoncé comme typique et très bon. Nous y arrivons vers 18h, heure de fermeture de la cuisine, ne fonctionnant qu’à midi! Nous avons d’excellents Pierogi, sortes de raviolis mais ceci, nous connaissons depuis notre arrivée en Pologne.
En Lettonie, après une longue étape où nous sommes sortis de Riga par la zone industrielle, la lente progression en suivant Maps.me et de fortes averses, nous décidons de nous offrir le manoir de la région, très abordable, et ne nécessitant un détour que de 10 km. Et bien, c’est magnifique mais le cuisinier a congé ce jour! Il ne nous reste plus qu’à reprendre nos bicyclettes pour 20 km et une nouvelle averse si nous voulons nous coucher l’estomac plein.
En Lettonie puis en Estonie, en cherchant un camping avec machine à laver, nous trouvons un magnifique coin de bivouac au bord de la rivière.

Heureusement, nous avons trouvé l’épicerie pour les 15 km à la ronde.

La lessive est remise à une date ultérieure. C’est bicoulet et sympa, mais des kayakeurs polonais sont arrivés et chantent jusqu’au petit matin. Surprise le lendemain, quand solennellement ils chantent pour débuter la journée un chant religieux, comme chaque jour. En continuant notre quête de camping avec machine, nous trouvons au bord de la Baltique la signalisation de l’Eurovélo 10. Nous la suivons pour atterrir sur la bande latérale d’une sorte d’autoroute. Le guide avait un autre itinéraire, j’avais été moins attentive à cause de la présence de la signalisation. Nous devons donc revenir en arrière et nous arrêter avant les prochains 40 km que nous savons être en totale nature. Après un essai dans un hôtel magnifique proposant des places pour tentes, mais dont le restaurant est fermé pour cause de mariage, nous continuons et atterrissons dans un hôtel qui servait de repos pour les cosmonautes russes, mais ni restaurant ni machine à laver.

L’endroit est idyllique et nous avons notre gaz et batterie de cuisine, donc tout va bien, sauf la lessive!

Le lendemain, camping avec machine à laver, à Parnu mais la zone tente est supprimée au profit d’une exposition d’anciennes machines et de vieilles voitures.


Mais nous pouvons mettre notre petite tente là au milieu jusqu’à 8h. le lendemain.

La machine tourne et il se met à pleuvoir. La gérante est vraiment sympa et notre lessive sèche dans l’arrière de son restaurant avec son linge; le séchoir est en panne!

En pédalant, je pensais au bon petit restaurant trouvé en France transformant une journée de vélo sous la pluie en étape gourmande, ou aux nombreuaes petites places de villages avec un petit café, une terrasse. Ici, même si vous voudriez succomber à la tentation, et bien il n’y a pas de quoi! Par contre, ces imprévus font partie du charme du voyage; et aujourd’hui pour éviter le sable nous avons pédalé sur l’herbe d’un terrain de golf, si ce n’est pas chic! Et en plus aucun joueur n’a trouvé à redire quoi que ce soit.