En route pour le Cap Nord, 28-29 avril

Après les pics se dressant au-dessus des fjords des Alpes Lyngen, le paysage deviend plus doux et nous traversons des plateaux vallonnés, immenses, zébrés de quelques traces de motoneige. En commençant à perdre de l’altitude, nous étions bien à 300m, les maisons se font plus nombreuses, belles et cossues, en bois, entourées de leurs annexes assorties, bûcher et sauna probablement. À chaque col, les vues sur le prochain fjord bleu intense sont plongeantes et superbes.

Alta: cathédrale de 2013 avec un clocher en spirale recouvert de feuilles de titane et un Christ en bronze marchant vers le peuple; très loin des messages de souffrance des Christ plus anciens. 

La route pour Honningsvar est étroite, les camions roulent vite en sens inverse, un tunnel nous donne des sueurs froides: nous pensions qu’il était à sens alterné jusqu’à ce que nous nous trouvions face à un énorme poids lourd! Nous longeons tantôt l’eau, tantôt nous nous élevons pour traverser des promontoires enneigés. 

Honningsvar, dernière localité avant le cap est un port de pêche actif de plus de 2000 habitants, entièrement détruit par les Allemands en 1944, seul l’église resta comme refuge. 

Nuit au port, grâce à un feuillet sur la porte de l’office du tourisme fermé, nous apprenons que nous devons être à un carrefour à 20km de là le lendemain à 11h.  pour aller au cap en convoi. Nous sommes 3 camping cars, un homme seul de Majorque et un couple de français (200 000 visiteurs par an, cela doit donner des longues files de cc l’été). Départ le lendemain, mais pas de « gonfles » formées pendant la nuit, et conséquemment la route est libre d’accès nous évitant le convoi derrière le chasse-neige. Nous rejoignons le cap sans problème, traversant un paysage lunaire de dunes de neige, de vastes étendues et de falaises au-dessus de l’océan. Vent, soleil, quelques nuages nous laissent une bonne visibilité des autres promontoires, et même des bateaux de pêche croisant 300m. plus bas. Le cap nord a été decouvert en 1553 par le capitaine  anglais Cancellor à bord du Bonaventure cherchant la voie du nord pour la Chine.

L’infrastructure, un peu trop luxueuse, est envahie pendant une heure par les touristes du Hurtigruten amenés en cars, sinon nous profitons de l’austérité et de l’immensité du site.

Le retour à Honningsvar nous donne l’occasion d’écrire un nouveau chapître sur le thème de la recherche du gaz en Scandinavie, avec l’achat d’une nouvelle bonbonne de la même marque mais d’un autre type, car le nôtre  n’est pas vendu, donc pas repris dans cette localité. Quelle chance, en plus du sac laissé par Joseph, nous voilà trimbalant une bonbonne de 13 litres vide!  Qu’importe puisque le soleil éclaire les bateaux, les montagnes et l’océan, et que nous nous en mettons plein les yeux! Le hanneton est prêt pour redescendre lentement dans le sud! Oui, il est horriblement sale extérieurement, nous lui offrirons une séance lavage quand nous trouverons une station, maintenant que nous n’avons plus peur d’en faire un cc glacé!

Nikkaluokta et la vallée au pied du Kebnekaise 

Le Kebnekaise est le sommet le plus élevé des alpes suédoises, 2100 m. La vallée qui y mène n’est praticable qu’à skis, raquettes ou motoneige,  aucune installation ou trace.  Le but est généralement de rejoindre le point de depart de l’ascension,  d’aller pêcher sur le lac ou de faire un itinéraire de refuge en refuge [ski de fond sauvage ou skis larges sans talonnières,  sac à  dos ou pulka]. Pour nous,  ce sera une magnifique balade en raquettes en direction du point de départ, et un jour gris nous permettant de contempler tous les préparatifs et équipages différents,  chien-pulka-skieur apparaîssant vite comme la combinaison la plus exigeante.  

Kiruna, 5 avril

Présentée comme la grande ville industrielle, au milieu d’une nature époustouflante et au pied des Alpes scandinaves, nous arrivons au milieu d’une « papotche », évitant les flaques de profondeur inconnue….

Kiruna, 25 000 habitants entourée des plus grandes mines de fer européennes, à l’air libre sur les collines et à plus de 500m de profondeur également. Les mines prévoyant de s’étendre, la ville devient un vrai gruyère et tout le centre commence à être déplacé, y compris l’hôtel de ville, l’hôpital, 2300 logements, l’église en bois de 1912 qui est absolument superbe,etc….Un challenge urbanistique bien documenté, présenté comme étant parfaitement géré et inscrit dans la perspective d’un développement durable de LKAB, la compagnie exploitante générant 3000 emplois directs dans la région. L’architecture est carrée, droite, l’exposition de peinture renommée de l’hôtel de ville d’une gaîté à rendre dépressif tout joyeux luron. 

Mais l’église en bois, offerte par LKAB, est absolument splendide.

Après cet intermède intéressant, en moins d’une heure nous nous retrouvons au pied des Alpes, sur un parking-camping, servant de départ vers le chemin pour l’ascension du Kebnekaise, plus haut sommet suédois à 2100m. L’ennui est que le départ est 19km plus loin que le parking et que nous ne tirons pas une remorque avec notre motoneige….comme tout un chacun ici. 

Le soir, nous assistons au départ (en remorque ouverte tirée par une motoneige) de tout un groupe de jeunes participant à la course de ces deux prochains jours: 2 catégories 1000/2500m dénivelé,  peaux de phoque,  piolet, crampons,  le sommet est  un glacier, descente rappel et ski). Redoux, petite neige fraîche et brouillard, risque d’avalanches potentiel, cela ne se présente pas mieux que le Trophée du Muveran de ce week end! 

Frontière Finlande-Suède à Jietanasvuoma, 5 avril

Au nord de la dernière station touristique, Muonio (comprenez 1-2 hôtels, un supermarché, un garage, un dispensaire ou hôpital), nous n’avons vu plus qu’une ou deux maisons. Nous longeons la Muonionjoki sur 100km, rivière frontière. Jietanasvuoma est essentiellement un garage, parking et loueur de motoneiges. 

Comme les autres, sa boutique fournit:

–un bon buffet, comprenant salades diverses mais en tout cas plusieurs à base de choux, des mets bons mais assez lourds à base de pommes de terre, viande de porc ou de rennes, beaucoup de produits laitiers dans les sauces, dessert, divers pains délicieux, bien foncés et denses ainsi que des pains croustillants que les Finlandais consomment bien beurrés, du jus de baies, thé café. Nous aimons manger dans ces stations service, concentrés de vie, manifestement utilisés aussi par les résidents pour leurs achats

– des médicaments,

– une grande diversité d’outils,

– des gants et autres accessoires grand froid pour la conduite des motoneiges,

– la location de motoneiges,

– des souvenirs ici à la frontière, lainages, peaux de rennes, kuksa (tasse same en bois),

– un magasin général, fournissant les produits alimentaires et de soins courants.

Nous passons la rivière et nous voilà en Suède, la couche de neige est moins importante, il a fait extrêmement doux le jour suivant notre semaine de ski, même un peu de pluie.

Levi-Äkäslompolo-Olos, paradis du ski de fond du 28 mars au 4 avril

Les forêts de pins sylvestres alternent avec celles de bouleaux, beaucoup plus lumineuses, et les traversées de marais ou de lacs, paysages toujours grandioses et apaisants. Les rivières les plus larges sont des « autoroutes » à motoneiges. Les parcours étant bien séparés, ainsi que l’immensité du paysage font que ces engins ne troublent jamais notre tranquilité. Nous avons la chance d’avoir une semaine très ensoleillée, des températures négatives maintenant une bonne neige. 

Les cabanes en chemin vont du refuge à 4 places, toujours avec cheminée pour se chauffer et griller la saucisse chère aux Finlandais, à la buvette servant des repas. Les bancs au soleil recouverts de peaux de rennes et les foyers extérieurs permettent de jolis moments de bronzette du bout du nez! 

Depuis les pistes d’Äkäslompolo et d’Olos, dans le parc de Pallas, vue sur les Tunturis, monts ronds de roche dure ayant résisté à l’érosion glaciaire, émergeant de la taïga. 

Les derniers jours, nous entendons et voyons des rivières partiellement dégelées, des oiseaux, même un très intéressé par nos sandwichs, c’est le printemps à n’en pas douter.

Et au détour d’une piste de ski de fond, nous découvrons la magnifique église d’Äkäslompolo.