Après les pics se dressant au-dessus des fjords des Alpes Lyngen, le paysage deviend plus doux et nous traversons des plateaux vallonnés, immenses, zébrés de quelques traces de motoneige. En commençant à perdre de l’altitude, nous étions bien à 300m, les maisons se font plus nombreuses, belles et cossues, en bois, entourées de leurs annexes assorties, bûcher et sauna probablement. À chaque col, les vues sur le prochain fjord bleu intense sont plongeantes et superbes.
Alta: cathédrale de 2013 avec un clocher en spirale recouvert de feuilles de titane et un Christ en bronze marchant vers le peuple; très loin des messages de souffrance des Christ plus anciens.
La route pour Honningsvar est étroite, les camions roulent vite en sens inverse, un tunnel nous donne des sueurs froides: nous pensions qu’il était à sens alterné jusqu’à ce que nous nous trouvions face à un énorme poids lourd! Nous longeons tantôt l’eau, tantôt nous nous élevons pour traverser des promontoires enneigés.
Honningsvar, dernière localité avant le cap est un port de pêche actif de plus de 2000 habitants, entièrement détruit par les Allemands en 1944, seul l’église resta comme refuge.
Nuit au port, grâce à un feuillet sur la porte de l’office du tourisme fermé, nous apprenons que nous devons être à un carrefour à 20km de là le lendemain à 11h. pour aller au cap en convoi. Nous sommes 3 camping cars, un homme seul de Majorque et un couple de français (200 000 visiteurs par an, cela doit donner des longues files de cc l’été). Départ le lendemain, mais pas de « gonfles » formées pendant la nuit, et conséquemment la route est libre d’accès nous évitant le convoi derrière le chasse-neige. Nous rejoignons le cap sans problème, traversant un paysage lunaire de dunes de neige, de vastes étendues et de falaises au-dessus de l’océan. Vent, soleil, quelques nuages nous laissent une bonne visibilité des autres promontoires, et même des bateaux de pêche croisant 300m. plus bas. Le cap nord a été decouvert en 1553 par le capitaine anglais Cancellor à bord du Bonaventure cherchant la voie du nord pour la Chine.
L’infrastructure, un peu trop luxueuse, est envahie pendant une heure par les touristes du Hurtigruten amenés en cars, sinon nous profitons de l’austérité et de l’immensité du site.
Le retour à Honningsvar nous donne l’occasion d’écrire un nouveau chapître sur le thème de la recherche du gaz en Scandinavie, avec l’achat d’une nouvelle bonbonne de la même marque mais d’un autre type, car le nôtre n’est pas vendu, donc pas repris dans cette localité. Quelle chance, en plus du sac laissé par Joseph, nous voilà trimbalant une bonbonne de 13 litres vide! Qu’importe puisque le soleil éclaire les bateaux, les montagnes et l’océan, et que nous nous en mettons plein les yeux! Le hanneton est prêt pour redescendre lentement dans le sud! Oui, il est horriblement sale extérieurement, nous lui offrirons une séance lavage quand nous trouverons une station, maintenant que nous n’avons plus peur d’en faire un cc glacé!