Camino Primitivo du barrage Grande Sublime à Lugo, 4-8 octobre 2023

Après notre journée de mauvais temps sur les crêtes, une journée de grande descente jusqu’au barrage de Grande Salime nous attend. Nous partons juste avant le lever du soleil, au-dessus des nuages, pour y plonger par un magnifique large chemin en lacets nous faisant perdre 800 mètres d’altitude sans s’en rendre compte.

Au barrage, des bâtiments peut-être liés à la construction des installations, la pinède se remettant d’un incendie datant de quelques années, la vallée profonde engloutie me font percevoir l’endroit comme lugubre. Mais de l’autre rive, la vue est belle, l’ambiance entre pélerins excellente à la terrasse et nous faisons une rencontre inattendue: un couple à vélo solaire couché, dont l’un tire une remorque; intéressant concept !

De crête en crête, de chemin creux en chemin en balcon, au-dessus des nuages le matin, nous foulons les glands,  les châtaignes, quelques noix, et parfois un véritable tapis d’aiguilles de pins.

Nous ramassons encore et toujours quelques pommes au passage. La région est granitique, les toits sont en ardoise,

les maisons en pierres cossues et des plaques de granit mises verticalement délimitent les pâturages, parfois le chemin.

Les crêtes sont souvent coiffées d’une série d’éoliennes, la campagne est vide, peu peuplée, nous sommes pendant quelques jours à plus de 800 m. d’altitude, l’élevage est seul présent.

Nous traversons des hameaux en ruine, et devant ces grands espaces, j’ai vraiment l’impression que la nature a un potentiel, que bien des familles pourraient mieux vivre ici que dans des situations critiques en ville. Je rêve à des programmes structurés, encadrés pour former des personnes volontaires et les aider financièrement à démarrer une exploitation. L’investissement serait compensé à terme par des économies d’aides sociales de toutes sortes. Le Camino pour méditer… et lancer des idées utopiques.

Dans le hameau de Castro, nous sommes logés en « Casa rurale », dans une ferme ou nous avons un souper gargantuesque, comportant tomates du jardin, soupe aux légumes, viande mijotée absolument exquise, vin maison, élaboré à partir de raisins cherchés plus au sud et marc à la myrtille, évidemment « de la casa » aussi. Nous sommes avec nos deux amis Hollandais et un journaliste produisant un film sur le Camino, intéressante soirée bien requinquante.

Un autre soir, à O Covedo, plus personne n’a envie de restaurant, nous sommes saturés de viande, de frites et de thon dans la salade. Nous allons faire les courses et passons une soirée sympathique ratatouille, pâtes, Rioja, à côté de notre étendage. Notre vie: marcher, lessive dans les mini-lavabos, manger et rencontrer !

Question d’organisation, un petit coup de stress chez tout le monde: nous allons :

(i) arriver à 100 km de St Jacques, distance minimale du pélerinage pour avoir la Compostella, donc l’attestation,

(ii) rejoindre en même temps le Camino Frances suivi par la majorité des pélerins,

(iii) arriver à Lugo le week end de la grande fête de Saint Friolan et

(iiii) à Saint Jacques le jour de la fête nationale espagnole, le 12 octobre. Donc, impossible de se mettre dans des circonstances plus complexes pour se loger.

A Lugo, nous prenons la dernière chambre dans un petit hôtel situé dans la cour intérieure du séminaire (formation des écclésiastiques), un immense bâtiment entouré d’une grande barrière, avec portail fermé. Après plus de 30 kilomètres, pour la première fois, malgré les outils modernes, ou plutôt à cause de leur mauvaise utilisation dûe à la fatigue, nous tournons autour de ce grand bâtiment austère un certain nombre de fois avant d’atteindre notre logement. Nous devions sonner au portail pour entrer dans ce parc et y découvrir, caché, notre hôtel.

La fête bat son plein, deux immenses scènes ont été montées, de plus petits groupes folkloriques  jouent et dansent dans les rues. La gaïta, cornemuse galicienne, est très présente, nous rappelant que les Celtes n’ont pas été qu’en Bretagne. Après nos journées dans les collines, le plongeon dans la foule est brusque.

La vieille ville est entourée de remparts romains, très bien conservés, sur lesquels nous pouvons déambuler, par un soleil et une chaleur torride;

mieux vaut en descendre pour viser une « Pulperia » (petit restaurant servant le poulpe à la galicienne ») ou une bonne glace !

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