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Tallinn-St Petersbourg, 1-7 septembre

Nous partons de Tallinn heureux de nous remettre en selle après cette semaine de visite. Nous sommes restés plus longtemps que prévu à Tallinn, en plus du fait que la ville nous a beaucoup plu, j’avais un refroidissement et le téléphone portable de P-O y a succombé. Or Maps.me nous dépanne parfois même si la route Euro Vélo est généralement bien indiquée. Les logements, même les campings ne sont pas signalés comme tels sur le terrain, Booking.com ou d’autres sites équivalents sont donc utiles. Nous avons donc dû le remplacer, mais attention, faire ce genre d’achat chez un vrai concessionnaire pour que la garantie soit valable en Suisse aussi.
Nous longeons les quais d’embarquement pour les ferries, puis la mer par une piste cyclable sympathique, traversant parfois des parcs. Bien à l’est de Tallinn, nous nous perdons dans la campagne, faisant une boucle involontaire, quelle frustration ! Une signalisation sur le terrain à Kallavere me semblait illogique, je crois que l’erreur a été de la suivre! Une vieille dame nous avait d’ailleurs crié toute une diatribe, assez mécontente, était-ce au sujet du chemin? Nous sommes à moins de 15 km de Tallinn mais dans un autre monde. Fermes abandonnées, vieux bâtiments en briques grises en mauvais état, hameaux désolés, quelques traditionnels bergers allemands agressifs derrière leurs clôtures. Nous croisons deux voitures, dont une conductrice élégante qui nous aide fort aimablement: il y a un golf au bord de cette zone, complètement anachronique! Le problème de cette étape est sa longueur et qu’il n’y a pas de logements avant Pudisoo. Nous visions une de ces places pour tentes aménagées par les forestiers (appelées RMK) mais l’envie de confort nous amène à dormir chez une famille louant des chambres. Et oui, les bivouacs, c’est sympa, mais accueillir le crépuscule, son humidité, éventuellement ses moustiques, les pluies et la fraîcheur nocturnes en se glissant directement dans notre sac de couchage nous fait réaliser que nous n’avons plus 20 ans et donne des airs de paradis à une douche! La mère de famille qui nous accueille habite avec ses 4 enfants une maison dans un immense jardin; mettant à disposition une cuisine extérieure sous un couvert.


Notre logeuse nous dit que le samedi les RMK peuvent être envahis par des Russes venus faire la fête, décidemment, la perception de la Russie par les Estoniens ne change pas en progressant à l’est, même si la langue russe est de plus en plus présente.


Suit une étape de forêts de pins, en bordure de mer, où nous rencontrons deux bernoises venant de St Petersbourg à vélo. Les étapes depuis la frontière, pour ne pas être trop longues, sont clairement 1) suivre la grande route jusqu’au motel Oasis à Gurlevo, 2) rejoindre le B&B Homestay Elena à Sergiyevskoye fameux pour ses Pierogi, 3) rejoindre Peterhof puis St-Petersbourg. Pour elles, ce trajet est faisable malgré la circulation plus dense et rapide, à défaut d’être agréable ou beau. Le trajet est clairement sans aucune échappatoire possible en transports publics. Quelques jours plus tard, en roulant vers la frontière, le brouillard du matin et la circulation diminuent ma motivation. Entretemps, à Viinistu, l’hôtel fermé nous sert un bon souper, nous fournit une chambre avec balcon et vue sur le port et un petit déjeuner traditionnel donc extrêmement copieux.

Le personnel est là, c’est leur jour de congé, ils font la fête, sauna mobile sur une remorque, trempette dans le port; mais ils nous ont acceptés car nous sommes à vélo; et ceci pour un excellent rapport qualité/prix sans pareil! L’hôtel est une ancienne usine de poissons, comme le musée, dont l’architecture soviétique est accentuée le lendemain par un épais brouillard, typique et fréquent dans ce village!

Que de contrastes en parcourant Käsmu, Vosu, villages de pêcheurs devenus villages de villégiature, les ruines d’une base militaire russe de sous-marins, un chemin de forêts ayant juste un panneau montrant loups et sangliers au départ pour finalement arriver à un camping non signalé sur la route, perdu dans la forêt

(L’unique marcheuse vue nous y mène même maps.me n’en indiquait pas l’accès) puis le lendemain à Toolse vers un hôtel Spa de luxe, en béton, imposant, au dessus de la mer. Logés dans un cabanon au camping attenant à l’hôtel, nous prenons une journée de repos et lessive, temps maussade, vive le Spa!

La dernière étape en Estonie, jusqu’à Narva se fera dans le brouillard, un peu le long de la grande route et en campagne, en passant par Sillamae, la ville qui n’existait pas sur les cartes: détruite, repeuplée par des Russes et des prisonniers mieux traités qu’en Sibérie, c’était l’ endroit de production des matériaux radioactifs pour la bombe atomique.

Après 1991, tout ce monde a perdu son travail, après avoir perdu sa santé, et une sérieuse protection de l’environnement pour empêcher la contamination de la mer a été entreprise (der Spiegel, 7 sept. 2016). Nous sommes passés devant l’hôpital et quelques locatifs en piteux état et de magnifiques jardins témoignant de l’importance de la ville avant les guerres.

A la mémoire des soldats soviétiques morts en 1944

Dernier arrêt au soleil le long de la magnifique plage se terminant par le canal de la Narva, frontière avec la Russie.

A Narva, souper au chateau de la forteresse, vue sur les murailles d’Ivangorod, partie russe de la ville. L’office du tourisme est à moins de 100 mètres du grillage de la frontière, met à disposition un ordinateur pour nos recherches sur les transports publics russes. En fait, en Estonie l’information est qu’il n’y a qu’ un train international pour rejoindre St Petersbourg (malpratique car arrivée à minuit) et des bus. Aucun des deux types de transport ne prenda nos vélos avec certitude. L’astuce que nous découvrons finalement est qu’il faut passer la douane à pied, à 4h. du matin pour se rendre à la gare d’Ivangorod à 2 kilomètres et partir par l’omnibus russe du matin, acceptant nos vélos sans problèmes. Ainsi, nous passons la douane en quelques minutes, et trouvons le bâtiment de la gare dans la nuit noire. Un employé ouvre une fenêtre à l’étage, nous confimant ainsi que nous sommes bien à la gare, et quelques minutes après nous fait entrer dans la salle d’attente.

Quasi seuls au départ, le train se remplira progressivement à l’approche de St-Petersbourg. La contrôleuse très aimable nous rassure: nos vélos ont leur place même si certains passagers râlent un peu, nous avons des billets pour eux, 60cts pour 3 heures de train!

Ainsi le matin, nous rejoignons notre charmant mini hotel, en plein centre. 6 chambres à un étage d’un très vieil immeuble. Mais ce grand appartement, lui, est impeccable, entretenu, propre, une cuisine est à notre disposition, du café et du thé en permanence à discrétion. Une dame est là en permanence, s’affairant pour tenir ce ménage impeccable (B&B Pio).

Les îles estoniennes, 13-21 août

Les îles Muhu, Saaremaa et Hiiumaa à l’ouest de l’Estonie étaient suédoises jusqu’en 1721, avant d’être envahies à moultes reprises par les troupes russe allemandes, et soviétiques. L’Estonie, comme les autres pays baltes a été indépendante pour la première fois en 1918, puis à nouveau en 1991. Le 20 août commémore le jour où la Russie a reconnu cette indépendance en 1991, les dernières troupes soviétiques ayant quitté les îles quelques mois plus tard. Des 3000 agriculteurs présents en 1939, quelques centaines d’habitants sont restés après 1940. Durant la période soviétique, quelques kolkhozes, surtout des soldats et un accès contrôlé, extrêmement limité, presqu’interdit à ces côtes, zones militaires et au potentiel d’évasion jugé trop important.

La nature a profité de cette inoccupation humaine, les forêts sont intactes, naturelles. C’est un paradis pour en admirer la diversité: forêts de feuillus, sous-bois denses ou forêts de pins sylvestres ou pins divers, fougères, mousses, sous-bois de genévriers. Les touristes estoniens y viennent pour la nature, les champignons, les baies et certains pour la chasse. Il paraît que les espèces rares sont nombreuses, orchidées entre autres.

Évidemment, quand vous pédalez sur les petites routes, aucune de ces merveilles ne va vous apparaître de manière évidente, même si nous admirons les différentes forêts.

Nous voyons des fermes, certaines à l’allure ancienne, voire abandonnées, d’autres en exploitation, entretenues. Or les îles étaient quasi désertes depuis 1940 (hormis les troupes). En campant dans le jardin d’une ferme, notre logeur nous explique qu’après 1991, si vous étiez capable de fournir une attestation que vos parents ou grands parents possédaient une maison et des terres sur une des îles en 1940, cette demeure et ces terres, voire même plus de surfaces, vous étaient rendus et vous pouviez remettre à flot et reprendre l’exploitation. Beaucoup sont donc revenus sur les terres de leur famille. Nous voyons aussi de grandes maisons au jardin et à l’allure luxueuse, habitat principal ou secondaire pour les Talliniens?

Certains jeunes développent des structures d’agro-tourisme: quelques cabanons dans le jardin, une cabine de douche et sanitaire, un cabanon sauna, éventuellement une cuisine un peu couverte, un évier à l’extérieur et voilà un camping officiel. De la place pour les tentes, il y en a toujours; c’est tellement ouvert que nous mettons, un soir, un banc vers notre tente pour nous protéger, ne sachant pas où les voitures allaient se parquer la nuit (un mariage avait lieu dans la région; les participants ayant loué les cabanons).

Généralement, les structures d’accueil ne fournissent que très rarement un petit déjeuner et jamais de repas du soir, même si elles sont perdues au milieu de nulle part. Il faut voyager avec sa nourriture. Parfois, une machine à café, de la vaisselle, ou un frigo partagé vous est proposé.

Les quelques échanges que nous pouvons avoir nous font comprendre avec une certaine prudence et retenue que dans cette région, la rancoeur contre les Russes est très importante. Ces derniers sont perçus comme plus destructeurs et humiliants que les occupants allemands, selon les quelques avis et allusions relatés, surtout chez les personnes âgées.

Tallinn, 25 – 31 août

Nous arrivons à Tallinn après être entrés en Estonie au sud, à Anaiz, 16 jours et 850 km auparavant. Tallinn est un autre monde et seule la langue nous apparaît comme point commun entre la campagne et la capitale.
Nous avons beaucoup de plaisir dans cette ville et y passons finalement une semaine, dans un bel appartement (Kotzebue 5) aux portes de la vieille ville, près des arrêts de tram et de la gare Balti jaam.
La vieille ville, ses remparts, ses tours et les maisons des guildes (corporations) hanséatiques ont beaucoup de charme, et de pavés de toutes sortes!

Nous avons évidemment admiré les monuments tels que la cathédrale orthodoxe Nevski,

l’hôtel de ville,

Entre autres, mais c’est plus l’ensemble de la vieille ville qui nous a séduit.

Elle est composée d’une partie basse, entourée des remparts, qui était dédiée aux marchands et d’une partie haute, Tompaee où se trouve les ruines du château, habitées au passé par les riches barons baltes, germanophones. Parmi les découvertes, une plaque rendant hommage à Boris Yeltsine pour sa résistance à la volonté de Gorbatchev (putsch de 91) de réprimer la volonté d’indépendance de ce peuple, ses idées plus ouvertes, moins centralisatrices qui ont aidé l’Estonie à se sortir du joug soviétique.

Nous visitons différents musées, et faisons des tours à pied ou en bus sightseing. Nos favoris auront été le musée d’histoire de l’Estonie, ouvert en février 2018, et le Seaplane museum sur la marine.

Icebreaker à charbon

Très poignante aussi est la visite des cellules du KGB…

Rocca del Mare, une agréable balade parmi les fermes estoniennes, moulins, école et église rassemblés dans ce musée open air,

de même que les jardins du palace de Kadriorg.

Musée de l’histoire estonienne au palace Maarjamae: ouvert en février 2018 pour les 100 ans du pays, très moderne, il présente l’histoire de 1905 à aujourd’hui dont voici quelques repères. Avant 1914, l’Estonie faisait partie de l’empire russe, économie et pouvoir détenu par les barons germanophones. Les Estoniens sont des ouvriers agricoles, le servage est aboli en 1819, à ce moment seulement les paysans commencent peu à peu à devenir les propriétaires de leurs terres, le sentiment national et la langue se développent aussi, 1er rassemblement de choeurs en 1869.

En 1918, les Estoniens proclament leur indépendance après avoir repoussé les troupes bolchéviques, affaiblies par la révolution d’octobre 17. Mais cette indépendance est très éphémère, les troupes allemandes arrivant quelques jours plus tard. Les Bolchéviques veulent reprendre immédiatement le terrain libéré des Allemands mais sont repoussés après de violents combats par les Estoniens, (aidés des Finlandais), combattant pour leur indépendance, unis maintenant par un sentiment national, décidés à se libérer des barons germanphones comme des bolchéviques, c’est la guerre d’indépendance, reconnue en 1920.

Les invasions se succèdent durant la seconde guerre: Russes, puis Allemands, puis Russes en 1944. Les Allemands sont perçus d’abord comme les libérateurs face au Soviétiques. Beaucoup de germanophones rejoignent les troupes allemandes pour lutter contre le bolchévisme. Suivra évidemment la grande période d’occupation soviétique. Puis les manifestations populaires (87-91) contre l’ouverture d’une nouvelle mine de phosphate, le renforcement du sentiment national, la chaîne humaine de 680km de long donnant de la visibilité aux pays baltes auprès des pays d’Europe de l’ouest, la publication tant demandée du traité Ribentropp-Molotov (datant de 1939). Lors de manifestations de chants, très importantes dans la culture, les Estoniens commencent à ressortir leur drapeau, interdit par les soviétiques. L’implosion de l’URSS, la chute du mur, forment un contexte favorable pour que l’Estonie retrouve son indépendance la révolution chantante…

Nous terminons la visite du musée par les photos des quartiers industriels soviétiques transformés en zones d’hôtels et restaurants (Rottermannini) ou en zones annimées plus jeunes (Telliskivi) en 2010 et en 2017, quels changements!

En nous baladant, nous admirons avec enthousiasme le nombre de juxtapositions d’anciens murs et de bâtiments modernes originaux, aux lignes souvent cassées, inattendues, jouant sur l’utilisation de matériaux différents et préservant toujours des parties d’anciens hangars, de vieilles usines. Les étages d’habitation ainsi que des balcons ont été souvent rajoutés.
Les centres commerciaux montrent une soif d’aller vers la société de consommation luxueuse, bien loin de l’époque soviétique. La différence d’attitude face à nous, étrangers ne pouvant demander des renseignements qu’en anglais est énorme entre les générations. Partout en Estonie, pour nous parler, on va chercher le jeune de la famille. En ville, des jeunes viennent discuter, proposent spontanément de nous aider alors que les plus âgés sont muets voire éffarés par nos questions. Un chauffeur de bus, un employé préposé à la vente de billets de train, une réceptionniste d’hôtel, d’âge mûr, peut souvent n’avoir aucune connaissance d’anglais et même ne pas vouloir juste communiquer.
Nous faisons toujours très attention à nos vélos, beaucoup plus que d’autres cyclotouristes, mais se balader en ville donne une grande impression de sécurité, calme, même le soir. Il reste pour nous deux dangers à Tallinn: apprendre rapidement que les trams traversent les rues à certains endroits, dont un près de notre logement sans crier gare! Ni feux, ni barrières, les voitures regardent et s’arrêtent, ne pas être distraits et penser que les voies sont doubles! Et les pavés de toutes sortes, et autres inégalités sur les trottoirs, …

Cyclistes : adresses utiles pour régler ou réparer votre vélo

Lettonie : Sigulda. Dans le village, sur le tracé de l’Eurovélo du côté nord de la grande route A2. Magasin de cycles où nous avons fait régler nos vitesses. Le mécanicien admirait nos vélos et du coup les a bichonnés.

Estonie : Haapsalu, Tallinna mnt 1. Hawaï express, chaîne de magasins de vélos ayant des succursales à Tallinn et à Narva entre autres. La liste des marchands de la chaîne est sur leur page d’accueil http://www.hawaii.ee, disponible en anglais. Le magasin de Haapsalu est géré par une jeune dame dont la devise est « don’t miss the perfection ». J’avais (Danièle) des douleurs mal placéées et une selle ayant peut-être trop vécu. Elle a fait des réglages pendant une heure ou deux, avec une précision et une passion hors du commun, en insistant pour que nous prenions le temps nécessaire, avec le sourire et de l’humour en prime. J’ai retrouvé le plaisir de pédaler.

Estonie: bivouacs, 15 et 16 août

La définition que je propose: Un bon bivouac est un endroit pour passer la nuit où la beauté du site est supérieure à son inconfort.
Estonie, île de Saaremaa: nous plantons notre tente au-dessus des petites falaises, vers le phare, avec une vue imprenable sur le coucher de soleil.

Les touristes viennent la journée pour la beauté du site et certains restent jusqu’au coucher du soleil, vers 21h15, à mi-août.

La seule auberge à la ronde est occupée par un camp d’activités créatrices pour adultes russes venus retrouver leur créativité enfantine, selon leur propre explication, donnée dans un excellent français. Nous sommes enrôlés comme acteurs le temps d’une réplique, en français, pour un de leurs films. L’intendante nous dit que dans le parc de Panga, un des endroits les plus visités de l’île, nous n’avons qu’à mettre notre tente où nous voulons. A essayer dans le jardin du Denantou?

Alors ce fut un bon bivouac, mais bien humide la nuit, froid et sans accès à la mer vu qu’elle était à nos pieds 25 mètres plus bas, ni à aucune autre eau.
Malgré cette formidable tolérance et ouverture d’esprit, le parc était propre, le parking attenant aussi. Nous ne voyons jamais de poubelles débordantes, peu de détritus, beaucoup de sanitaires publics spartiates mais propres.

C’était la seconde nuit consécutive en bivouac. La veille, nous pédalions avec une certaine lassitude le long de grands tronçons rectilignes, forêt à droite et à gauche, mer proche mais toujours cachée derrière les arbres, lorsque nous avons fait le crochet au centre de visite du parc national des îles Vislandi.

Nous rencontrons là un éducateur ou/et homme d’église au format de bûcheron et une quinzaine de jeunes, et d’adolescents. Cet homme m’explique immédiatement et spontanémemet que son équipe a commencé à nourrir les enfants des rues de Tallin en 1997, puis a ouvert une structure dans l’église pour les héberger. Le processus de les convaincre d’être logés plutôt que nourris en rue a pris 2 ans. Selon lui, il n’y a plus d’enfants seuls dans les rues de Tallin actuellement, le dernier recueilli chez eux l’a été en 2005. Toutefois, sa structure existe toujours puisqu’ils sont justement en camp et que certains ne doivent pas avoir plus de 13 ans. Tous ont été récupérés alors qu’ils étaient toxicomanes déjà dans leur enfance. Cet homme extrêmement sympathique, direct, à l’allure imposante résume très vite son action: « nous avons commencé par leur apporter à manger, puis des règles et la bible. Et maintenant, nous laissons nos bus, chargeons les sacs à dos et les tentes et partons dormir à 6 km au bord de la mer avant de traverser pour les îles Vislandi ». Traverser? Étonnant, je n’ai pas vu ni port ni bac dans les parages. Mon interlocuteur n’est jamais allé sur ces îles mais est toujours aussi enthousiaste, de même que la gérante du centre de visite d’ailleurs. Il suffit de suivre le chemin jusqu’à la plage de cailloux, puis de passer les différents petits bras de mer à pied, en portant les bagages, l’eau vous arrivant au maximum à la taille.

Balise du chemin.

Voilà son programme, aller 3 jours marcher, bivouaquer sur ces îles avec ces jeunes, en vivant en groupe. Nous pensons évidemment à notre famille, scoute de génération en génération, et au travail de notre fille, éducatrice en foyer! La différence du support biblique ne paraît pas si importante lorsque nous les dépassons à vélo sur le chemin, en train de déjà réajuster leur sac. Nous pensons au travail de motivation que cet homme doit certainement fournir. Arrivés à la mer, notre compteur indique 10 km et non 6!

Nous avions en effet décidé d’abandonner l’idée de rejoindre l’auberge du prochain village, n’ayant vraiment pas encore trouvé le charme des agglomérations, au profit du bivouac en bord de mer. L’endroit est si vaste que nous nous installons absolument pour nous face à la mer.

Un Lituanien cycliste vient nous dire bonjour, s’étonnant que nous ne prévoyons pas de traverser! L’eau à la taille, nos 6 sacoches vélo, deux sacs plus nos petites sacoches guidon, je ne m’y vois pas franchement, non! Le cycliste avait caché ses sacoches dans la forêt et avait porté son vélo pour aller pédaler sur les îles. Ceci illustre le sentiment de sécurité que nous ressentons aussi dans ce pays.

Le lendemain, nous partons entre les roseaux voir le premier canal à traverser. D’autres en profitent allègrement.

Les petits espoirs et imprévus

En Pologne, nous visons une pension un soir car le restaurant est annoncé comme typique et très bon. Nous y arrivons vers 18h, heure de fermeture de la cuisine, ne fonctionnant qu’à midi! Nous avons d’excellents Pierogi, sortes de raviolis mais ceci, nous connaissons depuis notre arrivée en Pologne.
En Lettonie, après une longue étape où nous sommes sortis de Riga par la zone industrielle, la lente progression en suivant Maps.me et de fortes averses, nous décidons de nous offrir le manoir de la région, très abordable, et ne nécessitant un détour que de 10 km. Et bien, c’est magnifique mais le cuisinier a congé ce jour! Il ne nous reste plus qu’à reprendre nos bicyclettes pour 20 km et une nouvelle averse si nous voulons nous coucher l’estomac plein.
En Lettonie puis en Estonie, en cherchant un camping avec machine à laver, nous trouvons un magnifique coin de bivouac au bord de la rivière.

Heureusement, nous avons trouvé l’épicerie pour les 15 km à la ronde.

La lessive est remise à une date ultérieure. C’est bicoulet et sympa, mais des kayakeurs polonais sont arrivés et chantent jusqu’au petit matin. Surprise le lendemain, quand solennellement ils chantent pour débuter la journée un chant religieux, comme chaque jour. En continuant notre quête de camping avec machine, nous trouvons au bord de la Baltique la signalisation de l’Eurovélo 10. Nous la suivons pour atterrir sur la bande latérale d’une sorte d’autoroute. Le guide avait un autre itinéraire, j’avais été moins attentive à cause de la présence de la signalisation. Nous devons donc revenir en arrière et nous arrêter avant les prochains 40 km que nous savons être en totale nature. Après un essai dans un hôtel magnifique proposant des places pour tentes, mais dont le restaurant est fermé pour cause de mariage, nous continuons et atterrissons dans un hôtel qui servait de repos pour les cosmonautes russes, mais ni restaurant ni machine à laver.

L’endroit est idyllique et nous avons notre gaz et batterie de cuisine, donc tout va bien, sauf la lessive!

Le lendemain, camping avec machine à laver, à Parnu mais la zone tente est supprimée au profit d’une exposition d’anciennes machines et de vieilles voitures.


Mais nous pouvons mettre notre petite tente là au milieu jusqu’à 8h. le lendemain.

La machine tourne et il se met à pleuvoir. La gérante est vraiment sympa et notre lessive sèche dans l’arrière de son restaurant avec son linge; le séchoir est en panne!

En pédalant, je pensais au bon petit restaurant trouvé en France transformant une journée de vélo sous la pluie en étape gourmande, ou aux nombreuaes petites places de villages avec un petit café, une terrasse. Ici, même si vous voudriez succomber à la tentation, et bien il n’y a pas de quoi! Par contre, ces imprévus font partie du charme du voyage; et aujourd’hui pour éviter le sable nous avons pédalé sur l’herbe d’un terrain de golf, si ce n’est pas chic! Et en plus aucun joueur n’a trouvé à redire quoi que ce soit.