Chemin de Saint Jacques de Compostelle: forêts, cerisiers en fleurs et magnifiques rencontres pour rejoindre la rive droite du Rhône, 7- 12 avril 2023

De Yenne, nous grimpons au Mont Tournier par la variante du chemin, ensoleillé et sec, absolument bucolique entre prairies et haies avec de beaux dégagements vers les collines de l’est. Le chemin classique offrant de beaux belvédères sur le Rhône est entièrement en forêt, plus raide, potentiellement boueux, déconseillé en ce moment.  Par une piste VTT bien sinueuse, nous atteignons le sommet, balcon sur le Rhône. La soirée sera très sympathique, chez une paysanne  à la retraite ayant eu 70 vaches laitières. Elle nous parle de la rénovation de cette ancienne bâtisse, les locaux que nous occupons ayant été laissés  à l’abandon, ils abritaient beaucoup d’hirondelles, qui appréciaient les clous plantés dans les poutres provenant de la forge, pour accrocher leur nids.

L’approche de plus en plus écologique était toujours très pragmatique, et l’évolution de certaines façons de travailler, comme la production de leurs propres céréales et semences pour nourrir  leurs vaches ou l’élevage de deux taureaux, à la place de l’insémination artificielle, ont toujours mené à des économies.  Les autres productions maisons sont l’huile de noix, des centaines de kilos cassées pendant les soirées et les confitures évidemment. Nous dégustons des saucisses de Savoie, nommées diots, gratinées avec des crozets, pâtes de sarrasin. Le lendemain, nous les quittons alors qu’ils commencent à allumer le four banal, juste restauré, pour l’inaugurer le lendemain, jour de Pâques.

Après un jour de météo et paysages variables, nous retrouvons avec grand plaisir une amie de Gryon au « Petit coin tranquille » avant les Abrets pour une soirée gourmande fort sympathique au restaurant bien animé du camping familial. Le petit dernier prenant son biberon avant le début du service, dans les bras de sa maman alors qu’elle prend déjà les commandes. Puis il sera installé proche du passage, mis immédiatement au parfum de l’activité familiale. Le tampon pour nos crédentiels était introuvable, pas grave du tout, mais ma foi les fillettes avaient envie de bricoler, et savaient, elles, où il était ! Il fait frais, et le dortoir où nous ne sommes que les trois n’a pas d’accès direct aux sanitaires. Une pensée pour notre hanneton resté chez nous.

Le lendemain sera notre journée défi…. Un challenge imposé par le manque de logements libres et ouverts, une journée de plus de 30 km et 700m de dénivellé positif.

De belles forêts, du soleil, nous avons beaucoup de plaisir à cheminer à trois, jusqu’à la dernière descente, très raide dans un chemin de galets ronds roulant les uns sur les autres pour arriver à Grand-Lemps, et la petite remontée à notre logement chez un couple très chaleureux. Ayant pitié de nous, Pierre-Olivier est amené en voiture jusqu’à l’automate à pizzas.

Les prochains jours, nous longeons de beaux jardins, malheureusement la traversée des villages est jalonnée par les aboiements des chiens derrière les clôtures. Les cerisiers sont en pleine floraison, absolument magnifiques, il s’agirait en bonne partie de griottiers. Nous avons pendant deux jours la vue sur le Vercors et la Chartreuse, au-delà de la vallée de la Bièvre, entièrement domestiquée par l’agriculture, aucun castor n y a plus sa place et la rivière elle-même ne semble plus trop visible.

Nous faisons des rencontres extrêmement chaleureuses en logeant chez d’anciens pèlerins avec le sentiment d’être reçus chez des amis.

Ces bénévoles nous expliquent leur engagement pour la valorisation du patrimoine de leur village, ou d’un site de sources abritant des orchidées entre autres. Ayant sauté une étape parcourue en stop car ma toux m’avait épuisée, j’ai été dorlotée avec gentillesse. 

Nous visitons le jardin en saluant la variété des poules et partageons les anecdotes marrantes de voyage à pied, à vélo, et les souvenirs de camping. Un couple nous chante le chant du pèlerin pour notre départ.

La traversée d’est en ouest de la vallée du Rhône pour rejoindre Chavanay sur la rive droite sera une étape courte mais très désagréable, goudron, petits tronçons le long des barrière de sécurité. Chavanay est au pied des vignes, le parc du Pilat se profile, nous nous réjouissons de grimper par des sentiers.