Las Vegas- Grand Canyon-Mesa Verde-Monument Valley-Valley of the Gods, 13 – 24 mai

Nous commençons par faire étape à Chloride, dans un petit camping au charme cow-boy home sweet home craquant, dans un paysage grandiose, collines, couleurs ocres, broussailles aux alentours. Par un soleil tapant, ciel bleu sans nuages, plusieurs machines à laver et un étendage disponible. En quelques heures, le hanneton ne contient plus que du propre, de nos armoires à la cuisine en passant par notre coin à dormir. Chloride, petite ville minière fantôme, a un second souffle baba cool.

Grand Canyon National Park: Pierre-Olivier conduit, il sait que les rives du canyon sont à plus de 2000m. d’altitude, il ne peut s’empêcher de s’étonner de ce paysage plat, de ce canyon qu’on ne voit pas jusqu’aux derniers mètres. Nous arrivons en fin d’après-midi, les couleurs sont formidables de rose, de mauve et cette grandeur! Quelques nuages en fin d’après-midi nous masquent le coucher du soleil, tant pis.

Le camping à l’intérieur du parc est plein, comme prévu. Suivant les conseils reçus dans un camping moche hors du parc où il y avait de la place (!), nous allons dormir en forêt à une encablure de l’entrée du parc. Des foyers y sont même aménagés.

Le lendemain, nous marchons le long du bord du canyon, après quelques miles, il n’y a que des attroupements aux points de vue desservis par le bus. Je prends plaisir à juste contempler les couleurs, les reliefs et l’immensité de ces couches érodées par l’eau et le vent. Le musée géologique explique la formation de ce paysage incroyable, le choc d’une chaîne de volcans et de la plaque américaine, les périodes d’accumulation de sédiments lorsque toute la région n’était que mer, les soulèvements et plissements, fractures et l’action d’érosion du Colorado.

Le jour suivant, Pierre-Olivier descend dans le canyon, …. jusqu’à Plateau Point donc plus loin que le point atteignable en une journée de marche selon les Rangers (Indian Garden).

Il rentre bien fatigué, mais aura mis que 6 heures aller et retour ! Je suis malade, les oscillations brusques entre les 32°C et la neige, en plus de la climatisation dans les bus et les casinos de Las Vegas ne m’ont pas convenu. Mais la contemplation des couleurs peut se faire magnifiquement bien par balade tranquille en-haut du canyon, quel plaisir!

Puis, après nous être mis en route à 5h. pour le lever du soleil, nous partons pour Desert view, le côté Est du parc où nous arrivons tôt (9h30) au camping et avons ainsi une place. Les départs se faisant entre 9h. et 11h., à 11h 10 il est plein! Nous sommes accueillis comme dans bien d’autres endroits par un couple charmant de volontaires, gérants. Ce sont des retraités, très motivés, souriants, prenant le temps de s’occuper de leurs hôtes, et arrondissant ainsi leur revenu. Ils logent sur place, dans un grand camping-car ou caravane, entouré de beaucoup de fantaisies décoratrices! Pour les campeurs, chaque place a une partie goudronnée pour la voiture ou le camping-car, un foyer, une table avec bancs, (manque juste un peu de chaleur….), une place plate pour une tente et un petit poteau pour marquer que la place est occupée. Ainsi, chacun peut s’absenter la journée, et retrouver sa place le soir. Pas de douche, pas de vidange des eaux et pas de grands camping-cars acceptés, mais un environnement sympa. Nous y apprécions d’avoir quelques contacts et la vue sur l’Utah, plat, et les autres canyons latéraux, sublime, est à quelques 10 minutes à pied.

Après une belle mais fraîche soirée d’anniversaire pour Pierre-Olivier avec grillade au feu de bois et pommes de terre à la braise, la pluie, le vent nous font enfin passer une journée de remise à niveau, concernant les écritures, les téléphones etc…Pour du travail avec internet, ce n’est pas facile. Imaginez des heures sur un parking de magasin….ou dans un hall, toujours avec des réseaux très lents, vous envoyant nos quelques photos progressivement…
Les prochains jours, les paysages de plaines caillouteuses, rouges, ocres ou vertes de broussailles clairsemées se suivront, coupées de barres rocheuses. L’immensité, les couleurs, les jeux de lumière, parfois quelques passages de pluie se succèderont comme un film artistique, une série de tableaux. Nous sommes juste frustrés de ne pas être capables de rendre par la photographie l’immensité et les nuances de chaque instant.

Après l’immensité du Grand Canyon, nous descendons à pied dans le canyon de Chelly, plus étroit, haut que de 300 mètres, tapissé de belles prairies au fond où des Navajos vivent encore actuellement.

Les plissements, les couleurs dorées des roches sont de véritables oeuvres d’art abstrait. En face de nous, une ruine de maison Pueblo dans la falaise comme celles que nous verrons à Mesa Verde.

Mesa Verde: tout d’abord une arrivée en fin d’après-midi à l’entrée du parc, dans une météo de brouillard et de pluie-neige.

Une employée charmante me demandant avec grand sourire: vous passez la nuit chez nous ce soir? Oui, cela nous semble évident,…Un peu moins quand la route continue à monter, en devenant de plus en plus blanche d’une bonne couche de neige mouillée. Le camping est à 2500 m. d’altitude, le ciel se dégage un peu, des chevreuils nous y accueillent. A l’entrée, nous recevons notre lot de consignes concernant notre comportement face aux ours, gestion de la nourriture et des déchets, usage des foyers, gestion du bois de feu. Par la tempête de neige, il paraît que les ours ne pensent pas plus aux balades que nous aux grillades! Le plan semble de redescendre au plus vite le lendemain.

Le jour se lève sur une bonne couche de nouvelle neige mais le ciel se dégage et les routes ont été en bonne partie ouvertes.

Nous allons voir depuis les falaises leur faisant face les habitations troglodytes des Pueblos, peuple agricole ayant vécu sur ces terres de 400 à 1300 ap.J.-C.

Le maïs, la confection de paniers, le tissages, l’élevage du dindon entre autres nourrissaient cette civilisation prospère jusqu’au 12ième siècle (autre que celle des Indiens Navajos ou Hopi). Une période de sécheresse et de vent a fait chuter les récoltes, les clans se faisant la compétition pour survivre, d’où un besoin de défense. La population a diminué, les familles ont construit des maisons aux nombreuses pièces à plusieurs étages y compris des salles de cérémonie, dans les cavités de la falaise du canyon. L’accès se faisait par des échelles, des cordes; mais ces structures collectives n’ont été utilisées que 75 ans environ. D’un coup, tous sont partis au sud s’intégrer dans d’autres tribus indiennes. Nous passons une bonne matinée à observer avec nos jumelles parfois, tous ces hameaux et redescendons de Mesa Verde pour un délicieux repas mexicain à Corteze, agglomération qui n’en finit pas de s’étaler le long de sa « main street ».

Les paysages deviennent plus arides, des barres rocheuses aux formes et aux couleurs variées ponctuent notre route en approchant de l’Utah. Nous sommes à nouveau en territoire Navajo; leur hameaux se composent de maisons traditionnelles, Hogan,

d’habitations modernes mais très simples et de mobil-homes. Les personnes âgées vivent dans les hogans, où se déroulent aussi les cérémonies. Les hameaux sont minuscules, chaque famille ou clan vit de façon très isolée. Au milieu du plateau, où on se sent parfaitement seul, un bus scolaire part dans un chemin de terre, un écriteau indique un arrêt.

Impressionnant de voir tous ces bus rentrer vers 16h. vides, et d’imaginer les kilomètres parcourus pour ramener les quelques enfants d’une famille.

L’Utah: paysages de westerns: les « mesas » , montagnes plates très larges comme des tables, les « buttes », mesa érodées se dressant tels des cubes et les aiguilles dressant leur forme étroite érodée par le vent et le sable leur donnant des allures de personnages, de colonnes, parfois chapeautées.

L’arrivée à Monument Valley, ce sont toutes ces formes rouges dans le lointain et finalement un point de vue dominant toute une vallée où ont été tournés les premiers westerns avec John Wayne. S’éloignant du monde, nous prenons plaisir à une randonnée parmi cette végétation de broussailles, sauge « sagebrush », cactus aux fleurs roses, genévriers.

Le silence est superbe. Puis, le temps étant sec, nous décidons de descendre en fin d’après-midi la piste pour aller découvrir les reliefs rouges. Quand on visite, il faut s’intégrer aux habitudes locales, donc en avant pour la visite en voiture! L’occasion pour notre hanneton muni d’une fonction traction + et de l’option « tortue « permettant les descentes raides au ralenti de s’aventurer où les campings-cars n’ont pas le droit de batifoler.

Cette piste nous emmène vers de beaux exemples de plateaux rouges érodés. Nous sommes seuls à John Wayne point.

Soirée passée avec deux frères, nos voisins campeurs; nous sommes quasi seuls dans ce « camping »: terrain vague à l’entrée du parc loué par un Indien y ayant bricolé quelques cahuttes sanitaires (que nous ignorons, évidemment).

Le luxe de ce camping, nous explique ces 2 jeunes très sympathiques, est le droit d’y faire du feu. Ainsi, nous nous retrouvons à passer une soirée très fraîche en leur compagnie. Ils ont apprécié mon gâteau au séré, mûres, confiture de fraises et biscuits à la cannelle!

Ils sont plus que polis, respectueux à l’extrême envers nous, et viennent du sud du Texas. Très vite, ils nous présentent un autre regard de la politique actuelle aux USA. Ouverts, ayant très conscience de ce qui étonne les Européens, comme la liberté de posséder des armes par exemple, insistant sur la manipulation opérée par les média (tant CNN anti-Trump que Fox pro-Trump), leur vision est que le gouvernement ne doit s’occuper que du maintien de l’unité du pays et de sa défense. Au Texas, peu de taxes, beaucoup d’opportunités de faire fortune surtout par des métiers manuels, donc assez de travail pour tous, juste le taux de chômage nécessaire à l’innovation; mais des gros problèmes de délits liés aux Mexicains illégaux. Un pouvoir économique augmenté depuis quelques années, la liberté des armes comme manière de garantir la démocratie et de diminuer les crimes et une certaine efficacité des murs dressés déjà dans certaines villes pour empêcher l’immigration illégale de personnes ne désirant pas travailler et l’exportation de certaines usines pour une production hors taxes. D’emblée, leur recommandation tout-à-fait sérieuse: aller en Californie et vous aurez une autre version, car le contexte y est différent. Pierre-Olivier partage leur bourbon, l’ambiance était à l’échange et à l’écoute.

Valley of the Gods: Continuons sur notre lancée!, autre visite d’un coin de nature sauvage en voiture! C’est 30 km quand même! Une piste en terre, avec cailloux, creux, dévers, lits de rivières, grimpette où il faut prendre de l’élan se terminant par un virage à flanc de coteau, sans aucune visibilité sur la suite mais des mesas, butes et aiguilles loin des touristes.

Le silence, la grandeur et la sérénité des ces paysages, et la constatation que beaucoup y campent nous amènent à nous nous y arrêter pour la fin de l’après-midi, la soirée et la nuit.

Je tricote un peu, en appréciant le paysage et le calme me demandant si ma laine transmettra le virus du voyage ou la passion pour la géologie à la prochaine génération. Enfin nous soupons dehors, en contemplant les changements de lumière.

Peu de cris d’oiseaux, aucune trace d’animaux le lendemain, j’ai beau chercher; la nuit a été très calme. Nous nous levons tôt pour le lever du soleil.

St Louis – Sante Fe – Las Vegas, 1er mai-12 mai

La question de cette étape: Qui a inventé l’auto-stop?
L‘état du Missouri nous apparaît comme splendide, des collines, des forêts, des haies, des prairies d’élevage, où de magnifiques troupeaux de vaches, taureaux et veaux paissent dans d’immenses espaces, souvent arborisés, ponctués de grands étangs.Nous roulons hors autoroute pour rejoindre les lacs Orzak, impression de lunapark: montées et descentes courtes mais raides et contours n’en finissent pas dans ce magnifique décor.

Après ce petit détour, juste 100 km!, nous campons parmi les chevreuils, les écureuils, toutes sortes d’oiseaux et dormons lorsque les crapauds s’en donnent à coeur joie. Première grillade au feu de bois, vin californien, que du bonheur…Dépêchons-nous d’en profiter car la pluie revient!

Visite intéressante de Red Oak II, village reconstruit par un artiste désirant faire revivre ses souvenirs d’enfance. Ce village déserté après la seconde guerre mondiale propose maintenant des maisons et nous y croisons du monde.

Toy Toy années 30

Puis nous arrivons dans l’Oklahoma, où nous visitons le musée Gil Crease à Tulsa:
  • Art amérindien traditionnel et moderne; illustrant le chemin des larmes (trail of tears), déplacement des Indiens de différentes tribus vers le sud-est pour laisser les terres aux colons, conditions de froid extrêmes, beaucoup sont décédés (1831-1838).

  • Exposition sur le tournage des westerns, aspect technique et surtout la réalité à la place du mythe hollywoodien donnant au colon un rôle de héros devant sécurisé l’ouest pour les futures générations. En réalité, les Indiens étaient pour la plupart des peuples très pacifiques, les premiers contacts ont été commerciaux et cordiaux, les locaux aidant les nouveaux arrivants vu que l’espace était suffisant pour tous. Très peu des 500’000 colons traversant le nord du Texas entre 1840 et 1860 ont été tués par des Indiens, beaucoup plus sont décédés accidentellement ou de maladies. Les colons ont décimé les troupeaux de bisons, surexploité les prairies, brûlé le peu de bois, pollué l’eau donc décimé toutes les ressources naturelles indiennes.

  • Photos du prix Pulitzer honorant des journalistes dénonçant des situations de guerre ou d’autres d’injustices. Images révoltantes, souvent des personnes prises de près, la ségrégation raciale très violente y apparaît tellement récente. Personnellement, la photo très pudique d’une jeune fille accroupie, regardant sous sa jupe son corps mutilé par l’excision opérée la veille me restera gravée en mémoire. Les explications mentionnent aussi certains suivis qu’ont pu apporter les journalistes aux victimes, mais beaucoup sont décédées.

La route mythique 66:
Depuis St Louis nous suivons son tracé, ou celui de l’autoroute qui l’a remplacée. La route 66 a été construite comme première route traversant les US de Chicago à Santa Monica, près de Los Angeles à partir de 1926.
Le développement économique le long de son parcours a été très rapide, lié au commerce puis au début du voyage d’agrément avant la seconde guerre. Début des panneaux publicitaires, des restaurants , des motels, l’ère de la consommation démarre. La pose du revêtement en goudron rose a pris 12 ans de 1926 à 1938, chantier faisant partie du plan de relance économique de Roosevelt (new deal) après la grande dépression de 1929.
Dans les campagnes, où l’agriculture s’est intensifiée, les années 1930 à 34, ne voient aucune récolte: des conditions de sécheresse extrême conjointement à des vents violents ont raison des sols surexploités, rendus très durs. Les tempêtes de sable sont terribles, asphyxiant même jusqu’à la mort le bétail affamé. La route 66 est celle de l’exode de familles entières, ventres vides, en voiture brinquebalante, en tracteur, voire à pied, vers la Californie et ses vergers, quelques milliers de kilomètres à l’ouest (Steinbeck: les raisins de la colères).
Pendant la guerre, la route 66 était celle du départ et des retours des soldats.Les bus Greyond ont vu le jour, mais pour les retours à la maison, les transports publics ne suffisant pas, les soldats ont inventé l’auto-stop le long de la route 66!
Ces informations sont bien illustrées au sympathique musée de Clinton.

Une petite agglomération traversée par la route, quelques magasins, stations d’essence, tout est plat, beige doré de soleil, quasi personne et à nouveau un caissier tellement aimable au supermarché, qui prend le temps d’échanger quelques propos, nous indiquant le chemin pour le downtown avec les boutiques: … c’est un ou deux magasins et 3 piétons. Pierre-Olivier a dû lui montrer sa carte d’identité pour acheter du vin, apparemment il n’est pas le gérant, car il doit encore faire venir celui-ci pour valider le ticket et la présentation du passeport. La loi c’est ainsi, pas de vente d’alcools aux moins de 21 ans et aux sans-papier, mais appliquée avec le sourire. Beaucoup d’Américains n’ont pas de carte d’identité, bien que les démarches soient très faciles, selon une jeune américaine rencontrée plus loin, dont le travail est d’apprendre ce genre de base à des jeunes de quartiers pauvres. Le long de la route nous mangeons aussi dans des snacks de l’époque, à Carthage Deli (Missouri) tout y est: du feu de passage à niveau, au juke box, sièges de voitures roses. Nos étapes sont longues, nous sommes motivés d’arriver à Las Vegas pour le 10 mai car il y a un week end de rodéos avec des professionnels.

Nous traversons juste le nord du Texas, l’espace est grandiose encore plus plat que dans l’Oklahoma, nous ne pensions pas que c’était possible! Nous sommes en mai et les tornades sont la spécialité saisonnière. Le thermomètre grimpe, l’humidité aussi au cours de la journée et nous progressons subitement vers un petit rond de nuages noirs, isolé dans le ciel bleu. Des trombes d’eau, du vent, une atmosphère sombre pendant un quart d’heure et nous sommes quittes pour cette version minimaliste.

Nous rencontrons une voiture équipée d’instruments de surveillance de la météo à Amarillo, où nous allons au Stockyard: la vente hebdomadaire du bétail à la criée.

Que des veaux ce jour-là, les signes pour faire monter les prix sont si discrets que nous n’arrivons pas du tout à suivre le processus. Ce qui est sûr, c’est que nous sommes les seuls touristes européens; notre hanneton a été bien repéré sur le parking, tous les cow boy sont en jeans, chapeau, la plupart en bottes, nous remarquons même un colt à la ceinture. Nous allons manger au restaurant , quelle gentillesse, quel enthousiasme dans cette ville éclatée, les trains traversant les zones un peu terrain vague de ce marché. Chacun arrive avec sa pick up tirant une remorque à bestiaux.

Nous nous baladons dans un grand canyon, Palo Duro mais en fin d’après-midi, visons vite un camping, hanneton face au vent.Nous contemplons le bal des nuages, quelques gouttes et quelques bonnes rafales la nuit, et ce sera de nouveau tout.
En route pour Santa Fe, l’herbe devient clairsemée, les tons jaunes, les roches, remplacent la verdure. Le paysage prend du relief, avec des petites buttes plates sur le dessus, la terre est rouge. Nous grimpons continuellement sans s’en rendre compte pour aller dormir en forêt juste au-dessus de la ville à plus de 2000m. d’altitude.


Santa Fe (Nouveau Mexique): quel changement, rues étroites, tous les noms sont de consonance hispanique, et les maisons carrées à toit plat en adobe: briques de terre mélangée à la paille. Ville d’artistes, de galeries de peinture, de vente de bijoux indiens, d’habits artisanaux à prix exorbitants, un centre, une place, subitement l’impression d’avoir retraversé l’Atlantique.

En Arizona, les casinos apparaissent au milieu de la campagne, ressource financière pour les Indiens. Hameaux pauvres, groupements de quelques maisons ou mobil homes en mauvais état, toujours entourés de ferrailles en tout genre, rouillant, éparpillées.
Nuit au bord du parc national de Petrified Desert, (troncs entiers fossilisés), toujours des plateaux rosés, désertiques, que la route est longue, le paysage aride, même à notre époque, alors du temps des exodes!! A un moment donné, lorsque nous voyons la route droite jusqu’à l’horizon, nous avons le bus scolaire jaune devant et le train de plus de 100 wagons de containers à côté. Il annonce toujours son passage, c’est mythique.
Seligman,, Arizona,sur la route pour Las Vegas. Le mythique Snow Cap Drive In, café fondé en 1953.


Las Vegas: la ville des superlatifs et de la consommation

  • tout brille, tout scintille, tout est kitsch à un tel point que cela en devient drôle, fascinant,
  • Downtown: la bonne humeur, la danse dans la rue, la musique partout dans une ambiance bon enfant, messieurs vous pouvez vous faire photographier avec une nymphe bien déshabillée, ou mesdames avec un monsieur muscle, certaines limousines paraissent s’être encore allongées,…Si jamais vous avez un fantasme tel que faire du vélo en bikini dans la foule ou autre, c’est l’endroit idéal, ou passer en tyrolienne au-dessus de la rue piétonne la plus animée….
  • Las Vegas : le « strip » quartier des grands hôtels-casinos: nous en visitons l’intérieur de quelques-uns. L’intérieur…pour y voir reconstitués les canaux de Venise bordés de boutiques, les terrasses de Paris… Les salles de jeux sont immenses, nombreuses, bruyantes, ennuyeuses.

  • Pour le dimanche de la fête des mères, nous testons un brunch- buffet: quel plaisir, un régal de produits frais, au goût véritable et authentique. C’est dimanche, alors au champagne, c’est ainsi le week end.
  • Il fait très chaud, notamment la nuit sur notre parking à camping-cars au pied du Hilton, et très froid dans les hôtels et les bus climatisés.

  • Mais n’oublions pas la raison de notre visite: les rodéos.Nous ne serons pas déçus, près du centre, mais suivis essentiellement par un public de Las Vegas, il s’agit de différents concours impliquant l’usage par les cavaliers de lasso pour attraper un taurillon, soit pour rester en selle sur un cheval ou un bison dont le ventre est sanglé. L’animal rue continuellement pour essayer d’enlever cette sangle. Pour gagner des points, donc de l’argent, le cavalier doit rester en selle 8 secondes en ne se tenant que d’une main et sa position est également prise en compte pour la note.

    Des cow-girls (c’est ainsi que sont appelées ces cavalières hors pair) ouvrent la cérémonie de façon très solennelle, hymne national, drapeau, pièce droite sur leur monture au galop.

    Elles participent aussi à des parcours de vitesse avec obstacles. Une des meilleures cow-girl du monde fait un show d’acrobatie sur son cheval toujours au galop absolument incroyable. Elle est par exemple couchée horizontalement, totalement à côté de sa monture en ne se tenant que par les bottes à son cheval, ou passe aussi sous son cheval sans toucher terre pour se remettre en selle. Autant les démonstrations que les concours sont très rapides, les chevaux galopant à fond de train sans aucune pause. Un clown assure le lien entre les concours, il nous remercie d’être venu et vient nous serrer la main à la fin des festivités.

Nouvelles

Chère famille, cher amis, des nouvelles vous n’en recevez pas ces temps….Je n’ai pas pu écrire début mai, étapes trop importantes entre autres raisons et le wifi n’est pas disponible comme on pourrait le penser.
Alors, nous allons bien, bien qu’il neige!, ne vous oublions pas mais n’avons aucun réseau capable de vous envoyer des photos tous ces jours. Dormant dans la forêt ou dans des petits campings, les magasins, les parkings, halls d’administration ou d’hôtels sont nos lieux de travail, mais pas toujours satisfaisants. Alors à bientôt, vous aurez une double ou triple ration lors du prochain bon réseau!

Notre conquête de l’Ouest, 19-30 avril

Point de départ: Halifax:
  • Le point d’arrivée d’un million d’immigrants entre 1928 et 1971 et le point de départ de 500 000 soldats canadiens durant le seconde guerre mondiale.

  • Juste devant le centre ville, dans le passage étroit menant à un grand bassin naturel utilisé depuis longtemps comme grand port commercial, une collision accidentelle entre un navire français rempli de munitions à destination d l’Europe et un navire norvégien a détruit une grande partie de la ville en 1917, tuant 2 000 personnes et en blessant des milliers d’autres. L’explosion engendra une onde de choc si puissante qu’elle cassa des arbres, plia des rails de chemin de fer et démolit des édifices, projetant des débris à des centaines de mètres. L’explosion fut entendue à 420 kilomètres de distance. Ce fut la plus puissante causée par l’activité humaine jusqu’au premier essai atomique en 1945.
  • Point de départ des secours pour le Titanic et lieu de funérailles pour nombre de ses victimes.
  • Un grand armateur (Cunard) y a développé la marine marchande où la vapeur remplace progressivement les voiles, et le métal le bois.
La ville est donc résolument tournée vers l’Atlantique nord.

Capitale de la Nouvelle-Ecosse, l’ambiance y est très irlandaise et écossaise. Nous avons testé quelques pubs, avec Guinness à la pression et toutefois un grand choix de bières locales et de cidres; violon, cornemuse, ambiance superbe!

Au marché, les produits locaux sont les pommes, le miel, les confitures, quelques vins. Apparemment la Nouvelle-Ecosse est très verte et bordée de splendides plages, ponctuées de villages de pêcheurs colorés. A voir plus tard dans la saison, il fait froid, gris, humide et l’architecture mélange anciennes maisons en bois et verre de façon non convaincante à nos yeux.

Le lundi de Pâques, 22 avril, les hommes de notre petit groupe prennent un taxi pour faire la tournée des bureaux: agent de liaison de Sea Bridge (à plusieurs kilomètres hors du centre), douane, port et nous restons à l’hôtel comme des épouses d’une autre époque, à finir les bagages, à attendre les nouvelles et à papoter: les bureaux seront-ils vraiment ouverts le lundi de Pâques? Finalement, malgré la pause de midi bien longue au port, nous pouvons partir lundi après-midi; moment d’émotion car nous quittons nos coéquipiers, sauf Henning et Bianca avec qui nous avons rendez-vous un peu plus loin pour la soirée. Gaz, diesel, eau prise dans un garage, notre système de jerrycans est bien pratique, quelques commissions et nous voilà en route.

Juergen et Gaby

Ruedi

Nous passons une excellente soirée à bord du Hanneton avec Bianca et Henning et visitons leur camion, tiny loft au design nordique, le lendemain. Quant un couple d’architectes imagine, crée, assemble les éléments d’une boîte à monter sur un ancien camion, le résultat est hors du commun, mais garde son poids de 10 tonnes et sa hauteur de 3mètres 70!

Halifax-St Louis
Quelque 3500 kilomètres parcourus en une semaine dont voici quelques observations:
  • Nous délaissons la grisaille et le froid de la Nouvelle-Ecosse, pour le New Brunswick inondé!


    Lac gelé près de l’océan

  • Nous passons la frontière américaine sans soucis, et pouvons ainsi enfin faire le plein de nourriture. Le lait entamé, nos 2 pommes déclarées sont acceptées par les douaniers. Un de ceux-ci visite notre camping car sans nous. Il semble avoir inspecté nos duvets, vraisemblablement plus intéressé par l’éventuelle présence de migrants que par celle de nourriture. Le visa ESTA nous a gagné du temps, nous évitant de remplir des formulaires, mais n’était pas nécessaire comme nous entrons aux USA par la terre.
  • Un trajet dans le Maine, hors autoroutes, nous révèle des villages avec des maisons en ruine et des masures dans la forêt dans un état pitoyable, rafistolées avec du plastique. Dans les jardins, bouts de caravanes, voitures n’en finissant pas de rouiller, anciens appareils ménagers éparpillés, parfois des tas avec un semblant de tri; ici un lot de ferraille, là un de jouets. Quelques cris d’espoir à la peinture: …Trump , Great America…. tellement incompréhensibles à nos yeux? Les écoles sont grandes, en bon état, beaucoup de panneaux concernant centre de soins, garderies.

    Entre les masures, disséminées le long de la route, des petites églises, très proprettes, de toutes les tendances protestantes possibles! Combien d’heures chacun doit-il rouler pour trouver le culte lui convenant?

  • Dans le New Hampshire, plus montagneux, nous dormons le long d’un chemin forestier, l’accès au camping étant bien trop enneigé. Les gardes-chasses en tournée nous apprennent qu’il y a des ours noirs dans ce secteur et que généralement ils laissent les camping cars tranquilles.


  • En progressant toujours vers le
    sud ouest, état de New York, la forêt évolue, les bouleaux disparaissent et le tableau des verts printaniers s’égaient de magnifiques roses-fuchsia très vifs, ce sont les « Easter redbud », arbres en fleurs typiques de l’est américain. La température monte, le soleil brille, quel plaisir!


  • Nous changeons d’itinéraire à cause des trous sur l’autoroute gratuite, épargnons notre monture! Chaque début et fin de pont correspond à une grosse entaille, en plus des trous et du goudron en patchwork. Puis nous abandonnons l’autoroute payante en bon état à cause des rafales de vent (jusqu’à 70 km/h) rendant la conduite vraiment difficile .
  • Chacun sait qu’ici les distances sont grandes, que les surfaces boisées sont immenses, mais le réaliser en roulant des heures et des heures de collines en collines est une expérience différente.


  • Le thermomètre grimpe, nous avons bien gagné 20°C en quelques jours, le paysage s’aplatit, nous arrivons à St Louis, en fin de journée par l’autoroute jusqu’en ville, trouvant très facilement dans une circulation très fluide le camping-parking pour RV: récreational vehicles.

    Nous sommes près du centre de cette immense ville et n’avons rien vu de certains faubourgs réputés assez dangereux. L’accueil est sympathique, les sanitaires parfaits. Nous sommes parqués en début de ligne, comme une miniature parmi les maisons roulantes longues et hautes s’étirant en plusieurs segments élargis, à côté de leur pick up. Le plus ancien campeur y est depuis 7 ans, un autre depuis 4 ans. Pour des résidents de quelques semaines ou mois, le propriétaire fait des prix spéciaux lorsque la raison est un traitement ou un long séjour à l’hôpital concernant une des personnes du couple. Du coup, le prix plein pour notre miniature occupant un quart de place, sans raccordement à l’arrivée d’eau, ni aux égouts, ni à l’électricité est presqu’un plaisir!

St Louis
Vite, les sacs d’habits d’été, on refait les placards!!! Il fait plus de 25°C mais humide et les orages suivront.

Nous visitons le musée du Blues, le musée sur l’expansion à l’Ouest et allons, en ascenseur, au sommet de l’Arche, env. 200m.

Ascenseur de l’Arche

  • St Louis invite à se replonger dans la trilogie de Bagatelle (Denuzière). Française, puis espagnole pendant une trentaine d’années,Napoléon la racheter 1800 pour la donner aux Etats-Unis en 1803 en échange d’autres terres en Europe.
  • Lieu de passage, important port de commerce depuis des siècles à cause de sa situation stratégique sur le Mississippi, au confluent avec le Missouri. Départ vers l’Ouest, vers des terres promises fertiles au 18ème et 19ème siècle et fuite des états esclavagistes vers les terres espagnoles au 18ème s.; également point de départ de plus de 200 000 chercheurs d’or; lieu de passage vers le nord et ses villes industriels lorsque l’agriculture du sud s’est mécanisée, puis forte migration des populations vers la Californie suite à la crise de 1929.
  • La Louisiane étant vendue aux Américains en 1803, le droit romain ne s’y applique plus et les Noirs libres perdent leur citoyenneté, les femmes ne peuvent plus acquérir de terres, faire du commerce librement et entamer des poursuites. Un couple noir, nommé Scott, a fait recours à St Louis. et ce cas d’école a été décisif dans la lutte contre la ségrégation raciale.

  • L’Arche a été terminée en 1965, érigée en souvenir de l’importance de la ville et du port sur le Mississippi pour la conquête de l’Ouest. Le train, les autoroutes, le développement d’immenses faubourgs ayant progressivement diminué l’importance commerciale du centre ville et du port, des notables ont proposé d’y dresser un Mémorial: l’Arche fut le projet sélectionné.