A la rencontre de l’hiver norvégien: voyage en train à Kiel puis ferry pour Oslo, 14-18 mars 2024

Départ à 5h du matin, nous laissons notre chalet lové dans les primevères, les crocus et les perce-neiges. L’ aventure a commencé bien des jours auparavant avec les pesées des habits, essais de sacs à dos et de sacs à skis. Fin prêts, le dimanche, nous défaisons le sac à skis planifiant une sortie à peaux de phoque le lundi. Deux heures plus tard, les recommandations arrivent aux nouvelles, le degré de risque d’avalanches passe à 4, nous remballons tout le matériel définitivement pour le départ.

Agréable trajet de Bâle à Kiel, en compagnie d’une famille avec des enfants collectionnant les petits wagons jouets offerts par la DB. Nous sommes obligés de rire du « das ist mein » d’un petit garçon protégeant ses trésors; il nous rappelle tellement le « à moi » de la petite tête bouclée de notre famille.

Kiel  Le temps est doux, nous nous trouvons un excellent restaurant turc. Le lendemain matin, visite du petit musée maritime.

Kiel, ville tournée vers l’activité portuaire depuis sa création, a joué un rôle catalyseur des mouvements sociaux à la fin de la 1ère guerre. La mutinerie des marins en novembre 1918 refusant d’aller combattre les Anglais et rejoints par les ouvriers lors de leur retour au port, initie les soulèvements ouvriers dans tout le pays, faisant tomber l’empire au profit d’un régime d’essence socialiste.

Moi j’associais Kiel aux régates internationales de dériveurs. Or, déjà aux jeux olympiques de 1936,  Kiel a été essentielle comme vitrine de propagande. Les régates, la voile en dériveurs comme loisirs, datent  ici du début du 20ième siècle. Pour 1972, et les jeux olympiques assombris par l’attentat contre les athlètes israeliens à Munich, la ville avait été rénovée, le centre olympique pour la Voile construit pour donner une image pacifiste et cosmopolitaine de  l’Allemagne.

En se baladant, la ville est calme pour ne pas dire déserte, peu d’édifices anciens, Kiel était une ville hanséatique mais a été fortement détruite lors de la seconde guerre. Les rues marchandes au centre présentent une architecture d’après-guerre assez insipide, mais nous tombons sur un magnifique magasin de matériel pour la randonnée. Les messages de ses vitrines sont claires, i) la belle saison arrive, sortez vos filets anti-moustiques, sprays etc….et II) les enfants sont aussi capables de marcher, le choix d’habits et de sacs à dos adéquat est complet. Pierre-Olivier rêve devant les petits grills à bois.

Le ferry de Color Line nous plonge dans un autre monde. Des imitations de rues marchandes, des beaux restaurants au style un peu rétro, des bars de différents styles s’alignent dans ce palace flottant de 15 étages. Nous visitons, je trouve le casino aussi triste qu’ailleurs, par contre les glaces italiennes ne renient pas leur origine.

Rencontre insolite: les clubs norvégiens de motards conduisant des Harley Davidson, environ 400 personnes, sont sur le bateau pour une sortie et « boire quelques bières » avec de la bonne musique, dixit un participant. Au début de l’après-midi, nous nous demandons s’il y a un réservoir de bière comparable à ceux pour le fuel. La musique est digne des US, accordée à l’âge moyen de ces « rockers » donc au nôtre, je vous laisse imaginer le public, défilé de cuirs noirs et de tatouages. Nous sommes invités à les joindre le soir pour la soirée rock’n roll; ce sera après le spectacle de danse et musique, et le buffet. Décidément nous voyageons déjà bien loin de nos alpages à peine partis, c’est génial sauf que bagages compacts obligent, nous n’avons que des bottes fourrées. Nous passerons la soirée en « chaussons-cabanes » même pour danser.

Oslo Le lendemain, des rafales de vent et de neige nous accueillent à Oslo. Un temps idéal pour le musée national présentant entre autres des œuvres de peintres norvégiens du 19 ième siècle. Le plus célèbre, Munch n’est toutefois de loin pas notre favori.

Après la tempête du samedi, un dimanche froid et parfaitement ensoleillé, ciel bleu, mer aux reflets d’acier,  luminosité parfaite, netteté glaciale. Au musée « Fram », nous nous plongeons (pas trop !) dans les expéditions maritimes norvégiennes. Entre 1890 et 1912, la course est lancée pour i) atteindre le Pôle Nord, ii) trouver le passage du nord-ouest permettant de relier l’Atlantique au Pacifique en longeant le Groenland par l’ouest, puis les îles bordant l’Alaska pour terminer par le détroit de Béring et ainsi ouvrir de nouvelles voies commerciales iii) découvrir le Pôle Sud. Les Norvégiens ont été les premiers à planter leur drapeau au Pôle Sud et au Pôle Nord. Les expéditions avaient aussi comme objectifs la recherche de nouvelles populations de baleines et surtout l’acquisition de connaissances scientifiques.

Un des chefs d’expédition, Amundsen a été le premier professeur d’océanographie et un passionné de la culture Inuit.  La vie partagée avec eux parfois durant tout un hiver lui avait appris à vivre dans ces conditions extrêmes, acquis décisif pour sa réussite au Pôle Sud. Par exemple, les Norvégiens ont combiné leur propre connaissance du ski avec l’utilisation des traîneaux et des chiens  des Inuits, et ont embarqué dès le départ une centaine de chiens à bord.  Ils ont construit une base, un village de tentes comme les Inuits nomades avant de s’élancer vers le Pôle Sud. Les Anglais sont arrivés avec du matériel beaucoup plus lourd motorisé mais ont progressivement échoué et aucun n’a survécu.

Le musée présente les deux principaux bateaux norvégiens ayant servi à ces expéditions: le Fram, deux versions avaient été construites, la seconde  ayant permis d’atteindre les côtes de l’Antarctique et le Pôle Sud le 15 décembre 1911 avec 16 chiens et 2 traîneaux et le Goya ayant atteint le détroit de Béring. Ces voiliers équipés de moteurs pour gagner de la vitesse sont évidemment passionnants à visiter.

La vie à bord avec les chiens, les cochons pour la viande fraîche, le peu de place, l’absence de confort exigeait vraiment des marins motivés, et extrêmement résistants, mais l’exposition insiste sur leurs intérêts et compétences multidisciplinaires et complémentaires, telles que la médecine vétérinaire,  la botanique, la physique pour étudier l’aspect magnétique et la dérive des glaces. Un des explorateurs, Nansen, était encore en plus un artiste peintre.

Puis nous changeons d’époque en visitant le musée dédié à l’explorateur Thor Heyerdahl, explorateur, anthropologue, biologiste né en 1914, et à son radeau le Kon Tiki. L’origine du projet était de montrer qu’un radeau construit selon des techniques très anciennes, en balsa, sans aucun clou par exemple, pouvait permettre d’atteindre la Polynésie depuis le Pérou. Ceci afin d’ étayer l’hypothèse que les îles polynésiennes n’ont pas été colonisées à partir de  l’Australie qui est plus proche, mais à partir de l’Amérique du Sud, au niveau de l’Equateur environ, grâce à des vents et des courants constants permettant à un radeau de progresser toujours vers l’ouest. L’aventure Pérou-Marquises entreprise en 1947 est relatée par le film tourné par Heyerdahl lui-même. Cette expédition a réussi, mais a dû surmonter des dangers importants bien différents de ceux prédits. Par exemple, l’abondance de poissons, donc de nourriture était énorme alors que l’idée admise était que seule les côtes en  regorgeaient. Les attaques de requins ont été un des gros dangers.

Un autre radeau, le Ra, construit en papyrus, est aussi présenté, utilisé pour  relier le Maroc au Vénézuela dans le contexte de l’étude de certaines similarités entre les peuples d’Afrique du Nord et d’Amérique centrale.

2 réflexions sur « A la rencontre de l’hiver norvégien: voyage en train à Kiel puis ferry pour Oslo, 14-18 mars 2024 »

  1. superb
    Enjoyed following your adventure and thanks for sharing . Great continuation, looking forward to the next one Enjoy and take care
    love 😘🤗❤️🌹🙏🏻

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