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Tallinn, 25 – 31 août

Nous arrivons à Tallinn après être entrés en Estonie au sud, à Anaiz, 16 jours et 850 km auparavant. Tallinn est un autre monde et seule la langue nous apparaît comme point commun entre la campagne et la capitale.
Nous avons beaucoup de plaisir dans cette ville et y passons finalement une semaine, dans un bel appartement (Kotzebue 5) aux portes de la vieille ville, près des arrêts de tram et de la gare Balti jaam.
La vieille ville, ses remparts, ses tours et les maisons des guildes (corporations) hanséatiques ont beaucoup de charme, et de pavés de toutes sortes!

Nous avons évidemment admiré les monuments tels que la cathédrale orthodoxe Nevski,

l’hôtel de ville,

Entre autres, mais c’est plus l’ensemble de la vieille ville qui nous a séduit.

Elle est composée d’une partie basse, entourée des remparts, qui était dédiée aux marchands et d’une partie haute, Tompaee où se trouve les ruines du château, habitées au passé par les riches barons baltes, germanophones. Parmi les découvertes, une plaque rendant hommage à Boris Yeltsine pour sa résistance à la volonté de Gorbatchev (putsch de 91) de réprimer la volonté d’indépendance de ce peuple, ses idées plus ouvertes, moins centralisatrices qui ont aidé l’Estonie à se sortir du joug soviétique.

Nous visitons différents musées, et faisons des tours à pied ou en bus sightseing. Nos favoris auront été le musée d’histoire de l’Estonie, ouvert en février 2018, et le Seaplane museum sur la marine.

Icebreaker à charbon

Très poignante aussi est la visite des cellules du KGB…

Rocca del Mare, une agréable balade parmi les fermes estoniennes, moulins, école et église rassemblés dans ce musée open air,

de même que les jardins du palace de Kadriorg.

Musée de l’histoire estonienne au palace Maarjamae: ouvert en février 2018 pour les 100 ans du pays, très moderne, il présente l’histoire de 1905 à aujourd’hui dont voici quelques repères. Avant 1914, l’Estonie faisait partie de l’empire russe, économie et pouvoir détenu par les barons germanophones. Les Estoniens sont des ouvriers agricoles, le servage est aboli en 1819, à ce moment seulement les paysans commencent peu à peu à devenir les propriétaires de leurs terres, le sentiment national et la langue se développent aussi, 1er rassemblement de choeurs en 1869.

En 1918, les Estoniens proclament leur indépendance après avoir repoussé les troupes bolchéviques, affaiblies par la révolution d’octobre 17. Mais cette indépendance est très éphémère, les troupes allemandes arrivant quelques jours plus tard. Les Bolchéviques veulent reprendre immédiatement le terrain libéré des Allemands mais sont repoussés après de violents combats par les Estoniens, (aidés des Finlandais), combattant pour leur indépendance, unis maintenant par un sentiment national, décidés à se libérer des barons germanphones comme des bolchéviques, c’est la guerre d’indépendance, reconnue en 1920.

Les invasions se succèdent durant la seconde guerre: Russes, puis Allemands, puis Russes en 1944. Les Allemands sont perçus d’abord comme les libérateurs face au Soviétiques. Beaucoup de germanophones rejoignent les troupes allemandes pour lutter contre le bolchévisme. Suivra évidemment la grande période d’occupation soviétique. Puis les manifestations populaires (87-91) contre l’ouverture d’une nouvelle mine de phosphate, le renforcement du sentiment national, la chaîne humaine de 680km de long donnant de la visibilité aux pays baltes auprès des pays d’Europe de l’ouest, la publication tant demandée du traité Ribentropp-Molotov (datant de 1939). Lors de manifestations de chants, très importantes dans la culture, les Estoniens commencent à ressortir leur drapeau, interdit par les soviétiques. L’implosion de l’URSS, la chute du mur, forment un contexte favorable pour que l’Estonie retrouve son indépendance la révolution chantante…

Nous terminons la visite du musée par les photos des quartiers industriels soviétiques transformés en zones d’hôtels et restaurants (Rottermannini) ou en zones annimées plus jeunes (Telliskivi) en 2010 et en 2017, quels changements!

En nous baladant, nous admirons avec enthousiasme le nombre de juxtapositions d’anciens murs et de bâtiments modernes originaux, aux lignes souvent cassées, inattendues, jouant sur l’utilisation de matériaux différents et préservant toujours des parties d’anciens hangars, de vieilles usines. Les étages d’habitation ainsi que des balcons ont été souvent rajoutés.
Les centres commerciaux montrent une soif d’aller vers la société de consommation luxueuse, bien loin de l’époque soviétique. La différence d’attitude face à nous, étrangers ne pouvant demander des renseignements qu’en anglais est énorme entre les générations. Partout en Estonie, pour nous parler, on va chercher le jeune de la famille. En ville, des jeunes viennent discuter, proposent spontanément de nous aider alors que les plus âgés sont muets voire éffarés par nos questions. Un chauffeur de bus, un employé préposé à la vente de billets de train, une réceptionniste d’hôtel, d’âge mûr, peut souvent n’avoir aucune connaissance d’anglais et même ne pas vouloir juste communiquer.
Nous faisons toujours très attention à nos vélos, beaucoup plus que d’autres cyclotouristes, mais se balader en ville donne une grande impression de sécurité, calme, même le soir. Il reste pour nous deux dangers à Tallinn: apprendre rapidement que les trams traversent les rues à certains endroits, dont un près de notre logement sans crier gare! Ni feux, ni barrières, les voitures regardent et s’arrêtent, ne pas être distraits et penser que les voies sont doubles! Et les pavés de toutes sortes, et autres inégalités sur les trottoirs, …