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Estonie: bivouacs, 15 et 16 août

La définition que je propose: Un bon bivouac est un endroit pour passer la nuit où la beauté du site est supérieure à son inconfort.
Estonie, île de Saaremaa: nous plantons notre tente au-dessus des petites falaises, vers le phare, avec une vue imprenable sur le coucher de soleil.

Les touristes viennent la journée pour la beauté du site et certains restent jusqu’au coucher du soleil, vers 21h15, à mi-août.

La seule auberge à la ronde est occupée par un camp d’activités créatrices pour adultes russes venus retrouver leur créativité enfantine, selon leur propre explication, donnée dans un excellent français. Nous sommes enrôlés comme acteurs le temps d’une réplique, en français, pour un de leurs films. L’intendante nous dit que dans le parc de Panga, un des endroits les plus visités de l’île, nous n’avons qu’à mettre notre tente où nous voulons. A essayer dans le jardin du Denantou?

Alors ce fut un bon bivouac, mais bien humide la nuit, froid et sans accès à la mer vu qu’elle était à nos pieds 25 mètres plus bas, ni à aucune autre eau.
Malgré cette formidable tolérance et ouverture d’esprit, le parc était propre, le parking attenant aussi. Nous ne voyons jamais de poubelles débordantes, peu de détritus, beaucoup de sanitaires publics spartiates mais propres.

C’était la seconde nuit consécutive en bivouac. La veille, nous pédalions avec une certaine lassitude le long de grands tronçons rectilignes, forêt à droite et à gauche, mer proche mais toujours cachée derrière les arbres, lorsque nous avons fait le crochet au centre de visite du parc national des îles Vislandi.

Nous rencontrons là un éducateur ou/et homme d’église au format de bûcheron et une quinzaine de jeunes, et d’adolescents. Cet homme m’explique immédiatement et spontanémemet que son équipe a commencé à nourrir les enfants des rues de Tallin en 1997, puis a ouvert une structure dans l’église pour les héberger. Le processus de les convaincre d’être logés plutôt que nourris en rue a pris 2 ans. Selon lui, il n’y a plus d’enfants seuls dans les rues de Tallin actuellement, le dernier recueilli chez eux l’a été en 2005. Toutefois, sa structure existe toujours puisqu’ils sont justement en camp et que certains ne doivent pas avoir plus de 13 ans. Tous ont été récupérés alors qu’ils étaient toxicomanes déjà dans leur enfance. Cet homme extrêmement sympathique, direct, à l’allure imposante résume très vite son action: « nous avons commencé par leur apporter à manger, puis des règles et la bible. Et maintenant, nous laissons nos bus, chargeons les sacs à dos et les tentes et partons dormir à 6 km au bord de la mer avant de traverser pour les îles Vislandi ». Traverser? Étonnant, je n’ai pas vu ni port ni bac dans les parages. Mon interlocuteur n’est jamais allé sur ces îles mais est toujours aussi enthousiaste, de même que la gérante du centre de visite d’ailleurs. Il suffit de suivre le chemin jusqu’à la plage de cailloux, puis de passer les différents petits bras de mer à pied, en portant les bagages, l’eau vous arrivant au maximum à la taille.

Balise du chemin.

Voilà son programme, aller 3 jours marcher, bivouaquer sur ces îles avec ces jeunes, en vivant en groupe. Nous pensons évidemment à notre famille, scoute de génération en génération, et au travail de notre fille, éducatrice en foyer! La différence du support biblique ne paraît pas si importante lorsque nous les dépassons à vélo sur le chemin, en train de déjà réajuster leur sac. Nous pensons au travail de motivation que cet homme doit certainement fournir. Arrivés à la mer, notre compteur indique 10 km et non 6!

Nous avions en effet décidé d’abandonner l’idée de rejoindre l’auberge du prochain village, n’ayant vraiment pas encore trouvé le charme des agglomérations, au profit du bivouac en bord de mer. L’endroit est si vaste que nous nous installons absolument pour nous face à la mer.

Un Lituanien cycliste vient nous dire bonjour, s’étonnant que nous ne prévoyons pas de traverser! L’eau à la taille, nos 6 sacoches vélo, deux sacs plus nos petites sacoches guidon, je ne m’y vois pas franchement, non! Le cycliste avait caché ses sacoches dans la forêt et avait porté son vélo pour aller pédaler sur les îles. Ceci illustre le sentiment de sécurité que nous ressentons aussi dans ce pays.

Le lendemain, nous partons entre les roseaux voir le premier canal à traverser. D’autres en profitent allègrement.

Lettonie

Traversée de la Lettonie: pour le cycliste, deux possibilités
  • la côte: ses belles plages, et autres curiosités, mais des parties sur la piste cyclable de l’autoroute
  • les routes par l’intérieur, option que nous choisissons.
Pour l’itinéraire, c’est extrêmement simple: sortir de chacune des quelques villes par la bonne route et rester toute la journée sur l’asphalte, en ignorant les routes partant à droite ou à gauche garantissant l’enlisement dans le sable après quelques mètres.

Nous devons renoncer à un camping car inatteignable pour nos vélos (7km de sable).

Un peu de circulation au sud, les camions nous dépassent avec beaucoup de précaution mais certains sont longs, transportant des troncs. Des bons tronçons rectilignes, méditatifs selon P.-O, du goudron plus ou moins en patchwork.

Nous campons au bord d’un lac très sympa, devant un bâtiment de camp de vacances, centre olympique de canoéistes.

Les installations sont vétustes, les enfants. et jeunes participent à toutes sortes de sport, et s’en donnent à cœur joie. A 22 heures, ils se baignent encore, je vais donc tard prendre mon bain d’eau vaseuse remplaçant la douche.

Paysages de forêts mélangées, plus de pins sylvestres, beaucoup de bouleaux et de grandes prairies aussi, et un peu de céréales pas encore moissonnées, basses sur tiges. Le foin en rouleaux est laissé dans la prairie, déjà de nouveau verte. Très peu de bétail visible, quelques hangars qui pourraient abriter des bêtes, certains sonr vraisemblablement des kolkozes abandonnés. Peu de fermes, peu de monde, aucune plaque étrangère, aucun cycliste. Il fait toujours une chaleur exceptionnelle.

La traversée de la Lettonie a été facile par cet itinéraire, sauf la sortie de Riga.

Auparavant, nous avions visité Riga et Vilnius, et traversé la Lituanie en train. La canicule, le monde et en conséquence les mauvais logements ont rendu nos visites un peu superficielles, nous retournerons à Riga.

Expo d’ours peints, chacun représentant un pays, à but carritatif pour l’enfance.

A vivre aussi absolument: la traversée de Vilnius à Daugavpils par les lacs des parcs nationaux de l’est de la Lituanie.

Nous vous présentons juste l’auberge de jeunesse de downtown à Vilnius, mythique, au bout d’une route de terre défoncée dans la vieille ville. Tout y était: le jardin intérieur avec BBQ, hamacs, musique cool, un accueil sympa, un chat donnant le ton « dynamique » par cette chaleur, et chambres donnant sur l’animation.

Tableau noir pour s’inscrire pour les croissants et la visite de la ville.

Et le camping à Riga dans la ville: Des containers fonctionnels, une sorte de hangar de sport, pas bucolique mais près du centre. Une zone pour les tentes où nous faisons la connaissance de 2 couples de cyclistes allemands venant de Tallin. Échanges très sympas, un couple a les kilomètres sponsorisés pour un projet humanitaire en Bosnie, l’autre nous offre leur guide, la nouvelle version en allemand, qui nous sera très utile pour éviter la grande route côtière. Mais Riga est aussi une ville très festive, et c’est ainsi que je vais chercher nos sardines sous les fesses de fêtards écroulés contre notre tente, dormant dehors plutôt que dans leur bus, déjà placé à un mètre de notre tente.

Riga, on reviendra, pour les musées, le kayak sur les canaux, sortir le soir…mais là ….Nous avons besoin de nature, de moins de monde, de calme. Mais parmi les cyclistes, notre tente est admirée, elle fait des envieux!

A la frontière Lettonie-Estonie, visite d’un petit musée, juste une maison en bois, ancienne école de marins. Les valeurs de base ne changent pas, les cahiers sont de 1864!

Au revoir Pologne

En Pologne, les bonnes découvertes auront été
  • Gdansk, un petit coup de foudre,

  • Les habitants, leur attention pour nous, cyclistes étrangers, la priorité au vélo dans les villes, le calme et la patience des automobilistes, chauffeurs de car et camion inclus sur les petites routes,

  • Un pays vert, où l’eau est toujours présente, campagne paisible. En allant vers l’est, les immenses champs de blé font place à des prairies, des collines, un paysage plus varié. Les jardins sont fleuris, arrangés, toujours garni d’un étang,

  • Les cigognes, partout, bien opportunistes derrière les moissonneuses, ou à 3 ou 4 au nid,
  • plus de 700 km pédalés sans jamais être gênés par la circulation, sauf sur la côte avant Gdansk où en plus, c’était le déluge et nous avons pris le train. L’itinéraire green vélo, un must dans les parcours cyclables longues distances, petites routes ou pistes, et quelques routes moyennes avec piste cyclable séparée,

  • Les forêts, denses, impénétrables, mais aucun bison ni loup n’est venu couper notre route. De jour et par une chaleur pareille, ils ne sont pas fous et font la sieste, eux!
  • La visite guidée de la forêt primaire de Bialowieza et le musée présentant entre autres les différents types de forêts, dont l’aulnaie où les chabis (racines d’épicéas) et la matière organique en décomposition forment des îles propices à la nidification des grues, par exemple. Les épicéas dépassent de loin la canopée, mais le réchauffement climatique, entraînant un abaissement du niveau d’eau est néfaste à leurs racines peut profondes. Dans cette forêt, tilleuls et chênes se côtoient, leur écorce est assez semblable mais le tilleul assure sa relève par des rejets au pied de son tronc.


    600 bisons et deux meutes de loups habitent le côté polonais du parc, environ une même population se trouve du côté biélorusse. Les bisons ayant dû être réintroduits, leur génétique est semblable à 80%, rendant l’espèce menacée et fragile; en conséquence un élevage est maintenu. Les loups chassent en fatigant leur proie, grâce à leur endurance à la course et en se mettant à plusieurs sur un cerf, alors que le lynx est un sprinter, comme le chat, à l’affût , bondissant seul sur un chevreuil de préférence par surprise. Les petites musaraignes perdent 10% de leur poids en hiver, en diminuant le poids de chacun de leurs organe même leur cerveau. Une stratégie d’économie vu que leur métabolisme rapide exige 1.5 fois leur poids corporel d’insectes et de vers par jour,

  • Les bonnes bières, les Pierogi oui…mais le meilleur de la gastronomie sont leur glaces, et les confitures, sirops à base de fruits qui en ont vraiment le goût.
Les moins bons côtés auront été le monde sur la côte baltique, et en général, les trains sous-dimensionnés pour les cyclistes surtout. Développer du tourisme vert et un itinéraire comme la green vélo de 1700km, c’est génial mais faciliter son accès en transport public serait logique.
L’architecture: les belles maisons font très neuves, ont peu de caractère, beaucoup de briques grises, de villages sans centre, ni place ou bancs. Les blocs de béton, rénovés ou non, avec la grosse inscription de leur adresse sur leurs murs donnent un aspect triste, austère et froid aux bourgades. Cela nous apparaît comme une caricature bien réelle de l’architecture soviétique.

Les églises de briques rouges apportent beaucoup d’humanité dans ce contexte très fonctionnel, enfin c’est notre ressenti. En allant vers l’est, plus de maisons en bois, plus de villages, les églises orthodoxes avec leur boules sur la tour se joignent aux catholiques.

Et non, pas de gros mollets ou de cuisses bétons….nous avons beaucoup visité, pas roulé chaque jour, et les poignets, les mains et les avant bras souffrent plus de tenir la monture sur les pistes caillouteuses que les jambes. Le plus difficile aura été la chaleur, surtout à la fin du séjour, mes mains dégoulinant de sueur peinaient à tenir le guidon.

Lorsque nous campons, l’inconfort est de s’habiller avec des habits bien humides. Dans la tente, sous l’avant-toit, tout est humide ou trempe par la rosée. Nous séchons le dessous de la tente pendant le petit déjéûner. Le soir, les moustiques arrivent, mais vu notre fatigue, nous leur laissons quartier libre en allant nous ranger sous notre toile sans hésitation.