Norvège à ski de fond: de Dalseter à Fefor, 18- 21 mars 2024

Le train nous mène au nord, à Vinstra en passant par Lillehammer au paysage aussi peu enneigé que chez nous. Nous sommes rassurés en constatant que nous roulons encore 50 minutes en voiture en prenant bien de l’altitude pour atteindre Espedalen. Là, l’hôtel Dalseter (940 m) est au-dessus d’un lac; en face les sommets du parc national de Jotuntheimen sont bien visibles, magnifiquement blancs, vaporeux, arrondis, montagnes sans rochers apparents. 

Derrière l’hôtel, des pentes plus douces, et des sommets émergeant aussi de la forêt, tout aussi blancs immaculés. Aucun hameau n’est visible aux alentours. L’hôtel a un charme vieillot, des immenses baies vitrées arrondies donnant sur le lac face aux montagnes; sommets de plus de 2000 m. situés à quelques dizaines de kilomètres.

La vue est impressionnante, les courants d’air aussi! Les possibilités de ski de fonds sont multiples et variées, autour du lac, et en hauteur. Le lendemain, nous choisissons un parcours montant au-dessus de la forêt, dont la limite est aux environs des 1000m, passant par une petite hutte Bingsbua (1179m), et continuant par une boucle avant de revenir à l’hôtel par une trace inférieure, en forêt. La forêt est mélangée, pins, sapins et bouleaux bien espacés, des traces pour le ski de fonds, plus qu’il n’en faut, bien des intersections sans panneaux, mais j’ai la carte.

Nous montons progressivement, sortons de la forêt, la vue est splendide, un paysage large, des sommets tout blancs, une impression d’être sur le toit du monde. De ce côté-ci du lac, un seul sommet, le Ruten (1515m), nous domine.

Le vent commence à bien nous fouetter, le chemin tracé à la dameuse reste toutefois visible, deux montées courtes mais bien raides me demandent bien des efforts pour progresser en ciseaux. Nous atteignons l’abri, petite cabane de 2 mètres sur 3, en bois rouge, mignonnette  à l’intérieur. Olga, notre compère de Boston nous y attendait. Le paysage est grandiose. Immense, balayé par le vent, aucune trace de civilisation n’est visible.

Nous pique-niquons, alors qu’Olga, nettement plus expérimentée que nous surtout dans les descentes préfère rentrer à l’hôtel pour le dîner. Après cette pause requinquante, nous suivons le tracé juste visible jusqu’à la séparation: la boucle pour rejoindre la forêt en tournant autour d’un petit sommet ou la descente par la piste directe, ou en dernier ressort faire demi-tour. L’option initiale de la boucle est vite abandonnée, trop exposée au vent. Nous avançons jusqu’au point le plus haut, bien soufflé et voyons la trace qui descend, chic,… Mais elle file droit en-bas, une belle descente dans une fine couche de poudreuse, avec d’autres skis !  Nous déchaussons pour descendre plus rapidement, c’est notre première sortie et un jour blanc parfait, l’impression d’être dans de la ouate.

Nous atteignons la forêt et une magnifique trace avec une bonne débattue aux mains, n’ayant pas pris le temps de sortir nos gros mouffles de peur que le peu de visibilité et de traces disparaissent pendant ce temps. Le passage d’Olga est effacé, nous découvrons en-bas son message: « déchaussez, c’est raide ». Le temps de rentrer, il se met à neiger, ce n’est que 15 heures, Olga ressort, les tracés en forêt sont protégés. Nous contemplons la neige et profitons du sauna. Là, Pierre-Olivier fait la connaissance de Paul, skiant avec sa femme sur le parcours dit de Peer Gynt, comme nous, et habitant à quelques centaines de mètres de chez nous.

Grand soleil  le jour suivant, départ pour Fefor.

Nous montons très progressivement dans la forêt, des traces de grosses pattes très profondes coupent notre tracé, un orignal matinal probablement. Le paysage est doux, nous contournons le Ruten et la colline de la veille, nous sommes seuls dans cette nature ensoleillée.

Après la sortie de la forêt, un grand plateau ensoleillé, et un hameau désert à cette saison. Paul et sa femme arrivent par un autre tracé, nous faisons une pause à une table pic-nic, et Olga nous rejoint.

Nous sommes les 5 à rejoindre Fefor, 18 km plus loin, personne d’entre nous n’a croisé qui que ce soit. Nous laissons le Jotuntheimen derriere nous, pour découvrir de nouveaux sommets au loin, ceux du parc de Rondane.

Le paysage est vraiment d’une grandeur, d’une luminosité fabuleuse; à tel point que nous rallongeons l’étape par le tour du lac avant de rejoindre notre hôtel à Fefor au charme magique.

Rondins à l’extérieur et à l’intérieur, feux de cheminée, nous arrivons juste avant 16h. L’accueil est chaleureux, on nous recommande de profiter de la collation de l’apres-midi: biscuits, thé, café et soupe délicieuse aux champignons. Après ce goûter, sauna, piscine et splendide buffet nous attendent.

Le lendemain, grand tour autour du lac et au-delà, nous prenons la route un petit bout où la neige a recouvert la glace, pour éviter une portion ventée.

Maisons de vacances, petites routes, plateau, une ambiance de plaine, le souci reste que les portions ventées sont celles sans piquets. Pierre-Olivier apprivoise l’application adéquate mais avancer grâce à cet outil est possible sans être agréable; en tout cas moins que de rentrer et profiter de la piscine! La neige est légère, parfois nous faisons la nouvelle trace dans de la poudreuse, les descentes sont plus faciles. À l’hôtel quelque quarante clients, dont une bonne quinzaine de compatriotes de Suisse orientale, Tessin et Liechtenstein améliorant leur technique sous l’oeil de compétiteurs confirmés, grand-papa ayant participé aux jeux de Sapporo, papa compétiteur accompagné du fiston de 10 ans qui a avalé 30 km la veille. Les participants vérifient avec enthousiasme la pure logique: améliorer la technique, pour plus de kilomètres et moins de fatigue. Je pense à l’aviron, ne pas s’essouffler à mouliner, mais diminuer la cadence pour plus d’efficacité. Je médite et écris en regardant la neige tournoyer dans les rafales de vent. Tout est calme, et la couleur du bois parfait l’ambiance chaleureuse.

Cher(e) lecteur ou lectrice, si vous mettez un commentaire, cela nous fait très plaisir. Toutefois, nous ne le rendrons pas public par soucis de confidentialité. N'oubliez pas de mettre votre nom pour que nous sachions qui a écrit, grand merci.