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St Petersbourg, 07-18 septembre

Pour les cyclistes: Ce n’est pas « the place to be » même si la plupart des automobilistes s’arrêtent aux passages piétons et si aucun ne manifeste de l’agressivité envers les cyclistes, comme certaines sources le mentionnaient.
Nous avons roulé de la gare Baltic jusqu’à notre B&B et c’est tout!
Meme les livreurs de nourriture sont à trottinette ou à pied.

Nous avons apprécié

  • Le soleil pour nos balades et le free walking tour guidé, apparemment le beau temps n’est pas une spécialité de l’endroit!

  • De prendre deux jours pour visiter l’Ermitage, et d’admirer les Impressionnistes dans leur nouvelle présentation ouverte il y a quelques mois. La chapelle du palais venait aussi de ré-ouvrir, quelle chance!

  • Le contact facile avec les passants, toujours prêts à prendre le temps de nous renseigner. Avec P.-Olivier, la recherche du petit restaurant sélectionné est toujours une opération menée avec persévérance, qui peut prendre du temps ou s’avérer plus compliquée que prévu quand par exemple plusieurs rues ont un nom très similaires en russe, ou que le restaurant a déménagé entre temps. La quête du café précis est une manière de visiter les différents quartiers.
  • Au chapître nourriture encore, les bons petits restaurants géorgiens, et les vins de cette région.
  • Les églises orthodoxes.

  • Les ballets, Cendrillon dans une version des plus classiques au théâtre Mikhailovsky du même style

    et Petrouchka dans une chorégraphie hyper-avantgardiste au théâtre immense et non moins moderne Mariinski II avec un orchestre superbe.

  • Les jardins de Peterhof.

  • Les rencontres avec Elena, une amie de Joseph, qui s’est prêtée au jeu de toutes nos questions sur la vie en Russie, celles avec d’autres clients au restaurant nous donnant des adresses, ou nous conseillant pour notre commande, comme ce couple né ici et y revenant souvent après l’exil et la carrière scientifique de l’autre côté de l’Atlantique
  • Les gares de métro, et le message de leur architecture, dédiée aux travailleurs

Même si nous nous y attendions, nous avons été impressionnés par l’animation de cette ville, plus calme à 8h. du matin qu’à 3h!

Les premiers jours, encore estivaux, des motos d’eau sur notre petit canal en pleine nuit, de la musique partout, des volumes sonores incroyables sortant de certaines voitures, des cortèges de Harley Davidsson, et même des visites de ville proposées en grosse moto!

D’accord, nous venons de notre alpe, mais d’autres métropoles sont provinciales en comparaison! Les heures d’ouverture des magasins, ou plutôt le peu d’heures de fermeture témoignent de la même frénésie! Malgré cette animation perpétuelle, nous nous sommes sentis en sécurité partout, même la nuit, même dans le métro.

Nous laissons chacun étudier les informations des professionnels mieux documentés sur les « grands classiques » et l’histoire de cette ville, créée pour le commerce avec l’Europe, nécessitant de mettre définitivement hors du territoire les Suédois, et d’avoir des chantiers navals importants. A chacun aussi de cheminer dans ses propres réflexions devant un changement aussi rapide et radical d’un mode de vie et d’organisation soviétiques à une ville où le culte de certains aspects de l’empire russe traditionnel, des arts classiques russes, de la culture américaine et de la frénésie de consommation et d’animation se côtoient allègrement.

Danse classique une place, tous les samedis en été

Centre commercial ouvert tous les jours et tard le soir

Expo de vieilles américaines

Danses et chants classiques dans la rue

Ecran d’ordi aux toilettes diffusant euro News

Camionnette stand de vente de café et d’alcool fort

Génératrice pour le frigo.

Militaires jouant de la musique russe très moderne, style rock, collectant de l’argent pour une oeuvre sociale. Le public se montrait très généreux

En tout cas, certaines réflexions d’Elena, jeune cheffe de projets informatiques, accessoirement guide et enseignante de langues et notre passage chez la coiffeuse du quartier (toujours instructif, décidemment comme à Tromso), se résument à: travailler beaucoup n’est pas un problème, c’est ce qu’il faut faire pour avancer, il n’y a pas de chômage chez les jeunes, chacun peut trouver un bon travail, un appartement s’il le veut. Le développement durable, la qualité de vie, le slow-life, c’est sur une autre planète….Mais, bien des personnes ici adorent St-Petersbourg car la vie y est relax, tranquille, moins axée sur l’argent, les affaires que celle à Moscou! Et bien, nous sommes heureux de savoir que nous quitterons demain la vie provinciale avec notre bateau sur la Volga!

Et encore quelques vues:

Ville de superlatifs: La colonne Alexandre est le plus lourd bloc de granit du monde, et n’a pas de fondation, il ne tiend que par la gravité

Tallinn-St Petersbourg, 1-7 septembre

Nous partons de Tallinn heureux de nous remettre en selle après cette semaine de visite. Nous sommes restés plus longtemps que prévu à Tallinn, en plus du fait que la ville nous a beaucoup plu, j’avais un refroidissement et le téléphone portable de P-O y a succombé. Or Maps.me nous dépanne parfois même si la route Euro Vélo est généralement bien indiquée. Les logements, même les campings ne sont pas signalés comme tels sur le terrain, Booking.com ou d’autres sites équivalents sont donc utiles. Nous avons donc dû le remplacer, mais attention, faire ce genre d’achat chez un vrai concessionnaire pour que la garantie soit valable en Suisse aussi.
Nous longeons les quais d’embarquement pour les ferries, puis la mer par une piste cyclable sympathique, traversant parfois des parcs. Bien à l’est de Tallinn, nous nous perdons dans la campagne, faisant une boucle involontaire, quelle frustration ! Une signalisation sur le terrain à Kallavere me semblait illogique, je crois que l’erreur a été de la suivre! Une vieille dame nous avait d’ailleurs crié toute une diatribe, assez mécontente, était-ce au sujet du chemin? Nous sommes à moins de 15 km de Tallinn mais dans un autre monde. Fermes abandonnées, vieux bâtiments en briques grises en mauvais état, hameaux désolés, quelques traditionnels bergers allemands agressifs derrière leurs clôtures. Nous croisons deux voitures, dont une conductrice élégante qui nous aide fort aimablement: il y a un golf au bord de cette zone, complètement anachronique! Le problème de cette étape est sa longueur et qu’il n’y a pas de logements avant Pudisoo. Nous visions une de ces places pour tentes aménagées par les forestiers (appelées RMK) mais l’envie de confort nous amène à dormir chez une famille louant des chambres. Et oui, les bivouacs, c’est sympa, mais accueillir le crépuscule, son humidité, éventuellement ses moustiques, les pluies et la fraîcheur nocturnes en se glissant directement dans notre sac de couchage nous fait réaliser que nous n’avons plus 20 ans et donne des airs de paradis à une douche! La mère de famille qui nous accueille habite avec ses 4 enfants une maison dans un immense jardin; mettant à disposition une cuisine extérieure sous un couvert.


Notre logeuse nous dit que le samedi les RMK peuvent être envahis par des Russes venus faire la fête, décidemment, la perception de la Russie par les Estoniens ne change pas en progressant à l’est, même si la langue russe est de plus en plus présente.


Suit une étape de forêts de pins, en bordure de mer, où nous rencontrons deux bernoises venant de St Petersbourg à vélo. Les étapes depuis la frontière, pour ne pas être trop longues, sont clairement 1) suivre la grande route jusqu’au motel Oasis à Gurlevo, 2) rejoindre le B&B Homestay Elena à Sergiyevskoye fameux pour ses Pierogi, 3) rejoindre Peterhof puis St-Petersbourg. Pour elles, ce trajet est faisable malgré la circulation plus dense et rapide, à défaut d’être agréable ou beau. Le trajet est clairement sans aucune échappatoire possible en transports publics. Quelques jours plus tard, en roulant vers la frontière, le brouillard du matin et la circulation diminuent ma motivation. Entretemps, à Viinistu, l’hôtel fermé nous sert un bon souper, nous fournit une chambre avec balcon et vue sur le port et un petit déjeuner traditionnel donc extrêmement copieux.

Le personnel est là, c’est leur jour de congé, ils font la fête, sauna mobile sur une remorque, trempette dans le port; mais ils nous ont acceptés car nous sommes à vélo; et ceci pour un excellent rapport qualité/prix sans pareil! L’hôtel est une ancienne usine de poissons, comme le musée, dont l’architecture soviétique est accentuée le lendemain par un épais brouillard, typique et fréquent dans ce village!

Que de contrastes en parcourant Käsmu, Vosu, villages de pêcheurs devenus villages de villégiature, les ruines d’une base militaire russe de sous-marins, un chemin de forêts ayant juste un panneau montrant loups et sangliers au départ pour finalement arriver à un camping non signalé sur la route, perdu dans la forêt

(L’unique marcheuse vue nous y mène même maps.me n’en indiquait pas l’accès) puis le lendemain à Toolse vers un hôtel Spa de luxe, en béton, imposant, au dessus de la mer. Logés dans un cabanon au camping attenant à l’hôtel, nous prenons une journée de repos et lessive, temps maussade, vive le Spa!

La dernière étape en Estonie, jusqu’à Narva se fera dans le brouillard, un peu le long de la grande route et en campagne, en passant par Sillamae, la ville qui n’existait pas sur les cartes: détruite, repeuplée par des Russes et des prisonniers mieux traités qu’en Sibérie, c’était l’ endroit de production des matériaux radioactifs pour la bombe atomique.

Après 1991, tout ce monde a perdu son travail, après avoir perdu sa santé, et une sérieuse protection de l’environnement pour empêcher la contamination de la mer a été entreprise (der Spiegel, 7 sept. 2016). Nous sommes passés devant l’hôpital et quelques locatifs en piteux état et de magnifiques jardins témoignant de l’importance de la ville avant les guerres.

A la mémoire des soldats soviétiques morts en 1944

Dernier arrêt au soleil le long de la magnifique plage se terminant par le canal de la Narva, frontière avec la Russie.

A Narva, souper au chateau de la forteresse, vue sur les murailles d’Ivangorod, partie russe de la ville. L’office du tourisme est à moins de 100 mètres du grillage de la frontière, met à disposition un ordinateur pour nos recherches sur les transports publics russes. En fait, en Estonie l’information est qu’il n’y a qu’ un train international pour rejoindre St Petersbourg (malpratique car arrivée à minuit) et des bus. Aucun des deux types de transport ne prenda nos vélos avec certitude. L’astuce que nous découvrons finalement est qu’il faut passer la douane à pied, à 4h. du matin pour se rendre à la gare d’Ivangorod à 2 kilomètres et partir par l’omnibus russe du matin, acceptant nos vélos sans problèmes. Ainsi, nous passons la douane en quelques minutes, et trouvons le bâtiment de la gare dans la nuit noire. Un employé ouvre une fenêtre à l’étage, nous confimant ainsi que nous sommes bien à la gare, et quelques minutes après nous fait entrer dans la salle d’attente.

Quasi seuls au départ, le train se remplira progressivement à l’approche de St-Petersbourg. La contrôleuse très aimable nous rassure: nos vélos ont leur place même si certains passagers râlent un peu, nous avons des billets pour eux, 60cts pour 3 heures de train!

Ainsi le matin, nous rejoignons notre charmant mini hotel, en plein centre. 6 chambres à un étage d’un très vieil immeuble. Mais ce grand appartement, lui, est impeccable, entretenu, propre, une cuisine est à notre disposition, du café et du thé en permanence à discrétion. Une dame est là en permanence, s’affairant pour tenir ce ménage impeccable (B&B Pio).

Tallinn, 25 – 31 août

Nous arrivons à Tallinn après être entrés en Estonie au sud, à Anaiz, 16 jours et 850 km auparavant. Tallinn est un autre monde et seule la langue nous apparaît comme point commun entre la campagne et la capitale.
Nous avons beaucoup de plaisir dans cette ville et y passons finalement une semaine, dans un bel appartement (Kotzebue 5) aux portes de la vieille ville, près des arrêts de tram et de la gare Balti jaam.
La vieille ville, ses remparts, ses tours et les maisons des guildes (corporations) hanséatiques ont beaucoup de charme, et de pavés de toutes sortes!

Nous avons évidemment admiré les monuments tels que la cathédrale orthodoxe Nevski,

l’hôtel de ville,

Entre autres, mais c’est plus l’ensemble de la vieille ville qui nous a séduit.

Elle est composée d’une partie basse, entourée des remparts, qui était dédiée aux marchands et d’une partie haute, Tompaee où se trouve les ruines du château, habitées au passé par les riches barons baltes, germanophones. Parmi les découvertes, une plaque rendant hommage à Boris Yeltsine pour sa résistance à la volonté de Gorbatchev (putsch de 91) de réprimer la volonté d’indépendance de ce peuple, ses idées plus ouvertes, moins centralisatrices qui ont aidé l’Estonie à se sortir du joug soviétique.

Nous visitons différents musées, et faisons des tours à pied ou en bus sightseing. Nos favoris auront été le musée d’histoire de l’Estonie, ouvert en février 2018, et le Seaplane museum sur la marine.

Icebreaker à charbon

Très poignante aussi est la visite des cellules du KGB…

Rocca del Mare, une agréable balade parmi les fermes estoniennes, moulins, école et église rassemblés dans ce musée open air,

de même que les jardins du palace de Kadriorg.

Musée de l’histoire estonienne au palace Maarjamae: ouvert en février 2018 pour les 100 ans du pays, très moderne, il présente l’histoire de 1905 à aujourd’hui dont voici quelques repères. Avant 1914, l’Estonie faisait partie de l’empire russe, économie et pouvoir détenu par les barons germanophones. Les Estoniens sont des ouvriers agricoles, le servage est aboli en 1819, à ce moment seulement les paysans commencent peu à peu à devenir les propriétaires de leurs terres, le sentiment national et la langue se développent aussi, 1er rassemblement de choeurs en 1869.

En 1918, les Estoniens proclament leur indépendance après avoir repoussé les troupes bolchéviques, affaiblies par la révolution d’octobre 17. Mais cette indépendance est très éphémère, les troupes allemandes arrivant quelques jours plus tard. Les Bolchéviques veulent reprendre immédiatement le terrain libéré des Allemands mais sont repoussés après de violents combats par les Estoniens, (aidés des Finlandais), combattant pour leur indépendance, unis maintenant par un sentiment national, décidés à se libérer des barons germanphones comme des bolchéviques, c’est la guerre d’indépendance, reconnue en 1920.

Les invasions se succèdent durant la seconde guerre: Russes, puis Allemands, puis Russes en 1944. Les Allemands sont perçus d’abord comme les libérateurs face au Soviétiques. Beaucoup de germanophones rejoignent les troupes allemandes pour lutter contre le bolchévisme. Suivra évidemment la grande période d’occupation soviétique. Puis les manifestations populaires (87-91) contre l’ouverture d’une nouvelle mine de phosphate, le renforcement du sentiment national, la chaîne humaine de 680km de long donnant de la visibilité aux pays baltes auprès des pays d’Europe de l’ouest, la publication tant demandée du traité Ribentropp-Molotov (datant de 1939). Lors de manifestations de chants, très importantes dans la culture, les Estoniens commencent à ressortir leur drapeau, interdit par les soviétiques. L’implosion de l’URSS, la chute du mur, forment un contexte favorable pour que l’Estonie retrouve son indépendance la révolution chantante…

Nous terminons la visite du musée par les photos des quartiers industriels soviétiques transformés en zones d’hôtels et restaurants (Rottermannini) ou en zones annimées plus jeunes (Telliskivi) en 2010 et en 2017, quels changements!

En nous baladant, nous admirons avec enthousiasme le nombre de juxtapositions d’anciens murs et de bâtiments modernes originaux, aux lignes souvent cassées, inattendues, jouant sur l’utilisation de matériaux différents et préservant toujours des parties d’anciens hangars, de vieilles usines. Les étages d’habitation ainsi que des balcons ont été souvent rajoutés.
Les centres commerciaux montrent une soif d’aller vers la société de consommation luxueuse, bien loin de l’époque soviétique. La différence d’attitude face à nous, étrangers ne pouvant demander des renseignements qu’en anglais est énorme entre les générations. Partout en Estonie, pour nous parler, on va chercher le jeune de la famille. En ville, des jeunes viennent discuter, proposent spontanément de nous aider alors que les plus âgés sont muets voire éffarés par nos questions. Un chauffeur de bus, un employé préposé à la vente de billets de train, une réceptionniste d’hôtel, d’âge mûr, peut souvent n’avoir aucune connaissance d’anglais et même ne pas vouloir juste communiquer.
Nous faisons toujours très attention à nos vélos, beaucoup plus que d’autres cyclotouristes, mais se balader en ville donne une grande impression de sécurité, calme, même le soir. Il reste pour nous deux dangers à Tallinn: apprendre rapidement que les trams traversent les rues à certains endroits, dont un près de notre logement sans crier gare! Ni feux, ni barrières, les voitures regardent et s’arrêtent, ne pas être distraits et penser que les voies sont doubles! Et les pavés de toutes sortes, et autres inégalités sur les trottoirs, …

Estonie: bivouacs, 15 et 16 août

La définition que je propose: Un bon bivouac est un endroit pour passer la nuit où la beauté du site est supérieure à son inconfort.
Estonie, île de Saaremaa: nous plantons notre tente au-dessus des petites falaises, vers le phare, avec une vue imprenable sur le coucher de soleil.

Les touristes viennent la journée pour la beauté du site et certains restent jusqu’au coucher du soleil, vers 21h15, à mi-août.

La seule auberge à la ronde est occupée par un camp d’activités créatrices pour adultes russes venus retrouver leur créativité enfantine, selon leur propre explication, donnée dans un excellent français. Nous sommes enrôlés comme acteurs le temps d’une réplique, en français, pour un de leurs films. L’intendante nous dit que dans le parc de Panga, un des endroits les plus visités de l’île, nous n’avons qu’à mettre notre tente où nous voulons. A essayer dans le jardin du Denantou?

Alors ce fut un bon bivouac, mais bien humide la nuit, froid et sans accès à la mer vu qu’elle était à nos pieds 25 mètres plus bas, ni à aucune autre eau.
Malgré cette formidable tolérance et ouverture d’esprit, le parc était propre, le parking attenant aussi. Nous ne voyons jamais de poubelles débordantes, peu de détritus, beaucoup de sanitaires publics spartiates mais propres.

C’était la seconde nuit consécutive en bivouac. La veille, nous pédalions avec une certaine lassitude le long de grands tronçons rectilignes, forêt à droite et à gauche, mer proche mais toujours cachée derrière les arbres, lorsque nous avons fait le crochet au centre de visite du parc national des îles Vislandi.

Nous rencontrons là un éducateur ou/et homme d’église au format de bûcheron et une quinzaine de jeunes, et d’adolescents. Cet homme m’explique immédiatement et spontanémemet que son équipe a commencé à nourrir les enfants des rues de Tallin en 1997, puis a ouvert une structure dans l’église pour les héberger. Le processus de les convaincre d’être logés plutôt que nourris en rue a pris 2 ans. Selon lui, il n’y a plus d’enfants seuls dans les rues de Tallin actuellement, le dernier recueilli chez eux l’a été en 2005. Toutefois, sa structure existe toujours puisqu’ils sont justement en camp et que certains ne doivent pas avoir plus de 13 ans. Tous ont été récupérés alors qu’ils étaient toxicomanes déjà dans leur enfance. Cet homme extrêmement sympathique, direct, à l’allure imposante résume très vite son action: « nous avons commencé par leur apporter à manger, puis des règles et la bible. Et maintenant, nous laissons nos bus, chargeons les sacs à dos et les tentes et partons dormir à 6 km au bord de la mer avant de traverser pour les îles Vislandi ». Traverser? Étonnant, je n’ai pas vu ni port ni bac dans les parages. Mon interlocuteur n’est jamais allé sur ces îles mais est toujours aussi enthousiaste, de même que la gérante du centre de visite d’ailleurs. Il suffit de suivre le chemin jusqu’à la plage de cailloux, puis de passer les différents petits bras de mer à pied, en portant les bagages, l’eau vous arrivant au maximum à la taille.

Balise du chemin.

Voilà son programme, aller 3 jours marcher, bivouaquer sur ces îles avec ces jeunes, en vivant en groupe. Nous pensons évidemment à notre famille, scoute de génération en génération, et au travail de notre fille, éducatrice en foyer! La différence du support biblique ne paraît pas si importante lorsque nous les dépassons à vélo sur le chemin, en train de déjà réajuster leur sac. Nous pensons au travail de motivation que cet homme doit certainement fournir. Arrivés à la mer, notre compteur indique 10 km et non 6!

Nous avions en effet décidé d’abandonner l’idée de rejoindre l’auberge du prochain village, n’ayant vraiment pas encore trouvé le charme des agglomérations, au profit du bivouac en bord de mer. L’endroit est si vaste que nous nous installons absolument pour nous face à la mer.

Un Lituanien cycliste vient nous dire bonjour, s’étonnant que nous ne prévoyons pas de traverser! L’eau à la taille, nos 6 sacoches vélo, deux sacs plus nos petites sacoches guidon, je ne m’y vois pas franchement, non! Le cycliste avait caché ses sacoches dans la forêt et avait porté son vélo pour aller pédaler sur les îles. Ceci illustre le sentiment de sécurité que nous ressentons aussi dans ce pays.

Le lendemain, nous partons entre les roseaux voir le premier canal à traverser. D’autres en profitent allègrement.

Lettonie

Traversée de la Lettonie: pour le cycliste, deux possibilités
  • la côte: ses belles plages, et autres curiosités, mais des parties sur la piste cyclable de l’autoroute
  • les routes par l’intérieur, option que nous choisissons.
Pour l’itinéraire, c’est extrêmement simple: sortir de chacune des quelques villes par la bonne route et rester toute la journée sur l’asphalte, en ignorant les routes partant à droite ou à gauche garantissant l’enlisement dans le sable après quelques mètres.

Nous devons renoncer à un camping car inatteignable pour nos vélos (7km de sable).

Un peu de circulation au sud, les camions nous dépassent avec beaucoup de précaution mais certains sont longs, transportant des troncs. Des bons tronçons rectilignes, méditatifs selon P.-O, du goudron plus ou moins en patchwork.

Nous campons au bord d’un lac très sympa, devant un bâtiment de camp de vacances, centre olympique de canoéistes.

Les installations sont vétustes, les enfants. et jeunes participent à toutes sortes de sport, et s’en donnent à cœur joie. A 22 heures, ils se baignent encore, je vais donc tard prendre mon bain d’eau vaseuse remplaçant la douche.

Paysages de forêts mélangées, plus de pins sylvestres, beaucoup de bouleaux et de grandes prairies aussi, et un peu de céréales pas encore moissonnées, basses sur tiges. Le foin en rouleaux est laissé dans la prairie, déjà de nouveau verte. Très peu de bétail visible, quelques hangars qui pourraient abriter des bêtes, certains sonr vraisemblablement des kolkozes abandonnés. Peu de fermes, peu de monde, aucune plaque étrangère, aucun cycliste. Il fait toujours une chaleur exceptionnelle.

La traversée de la Lettonie a été facile par cet itinéraire, sauf la sortie de Riga.

Auparavant, nous avions visité Riga et Vilnius, et traversé la Lituanie en train. La canicule, le monde et en conséquence les mauvais logements ont rendu nos visites un peu superficielles, nous retournerons à Riga.

Expo d’ours peints, chacun représentant un pays, à but carritatif pour l’enfance.

A vivre aussi absolument: la traversée de Vilnius à Daugavpils par les lacs des parcs nationaux de l’est de la Lituanie.

Nous vous présentons juste l’auberge de jeunesse de downtown à Vilnius, mythique, au bout d’une route de terre défoncée dans la vieille ville. Tout y était: le jardin intérieur avec BBQ, hamacs, musique cool, un accueil sympa, un chat donnant le ton « dynamique » par cette chaleur, et chambres donnant sur l’animation.

Tableau noir pour s’inscrire pour les croissants et la visite de la ville.

Et le camping à Riga dans la ville: Des containers fonctionnels, une sorte de hangar de sport, pas bucolique mais près du centre. Une zone pour les tentes où nous faisons la connaissance de 2 couples de cyclistes allemands venant de Tallin. Échanges très sympas, un couple a les kilomètres sponsorisés pour un projet humanitaire en Bosnie, l’autre nous offre leur guide, la nouvelle version en allemand, qui nous sera très utile pour éviter la grande route côtière. Mais Riga est aussi une ville très festive, et c’est ainsi que je vais chercher nos sardines sous les fesses de fêtards écroulés contre notre tente, dormant dehors plutôt que dans leur bus, déjà placé à un mètre de notre tente.

Riga, on reviendra, pour les musées, le kayak sur les canaux, sortir le soir…mais là ….Nous avons besoin de nature, de moins de monde, de calme. Mais parmi les cyclistes, notre tente est admirée, elle fait des envieux!

A la frontière Lettonie-Estonie, visite d’un petit musée, juste une maison en bois, ancienne école de marins. Les valeurs de base ne changent pas, les cahiers sont de 1864!

Au revoir Pologne

En Pologne, les bonnes découvertes auront été
  • Gdansk, un petit coup de foudre,

  • Les habitants, leur attention pour nous, cyclistes étrangers, la priorité au vélo dans les villes, le calme et la patience des automobilistes, chauffeurs de car et camion inclus sur les petites routes,

  • Un pays vert, où l’eau est toujours présente, campagne paisible. En allant vers l’est, les immenses champs de blé font place à des prairies, des collines, un paysage plus varié. Les jardins sont fleuris, arrangés, toujours garni d’un étang,

  • Les cigognes, partout, bien opportunistes derrière les moissonneuses, ou à 3 ou 4 au nid,
  • plus de 700 km pédalés sans jamais être gênés par la circulation, sauf sur la côte avant Gdansk où en plus, c’était le déluge et nous avons pris le train. L’itinéraire green vélo, un must dans les parcours cyclables longues distances, petites routes ou pistes, et quelques routes moyennes avec piste cyclable séparée,

  • Les forêts, denses, impénétrables, mais aucun bison ni loup n’est venu couper notre route. De jour et par une chaleur pareille, ils ne sont pas fous et font la sieste, eux!
  • La visite guidée de la forêt primaire de Bialowieza et le musée présentant entre autres les différents types de forêts, dont l’aulnaie où les chabis (racines d’épicéas) et la matière organique en décomposition forment des îles propices à la nidification des grues, par exemple. Les épicéas dépassent de loin la canopée, mais le réchauffement climatique, entraînant un abaissement du niveau d’eau est néfaste à leurs racines peut profondes. Dans cette forêt, tilleuls et chênes se côtoient, leur écorce est assez semblable mais le tilleul assure sa relève par des rejets au pied de son tronc.


    600 bisons et deux meutes de loups habitent le côté polonais du parc, environ une même population se trouve du côté biélorusse. Les bisons ayant dû être réintroduits, leur génétique est semblable à 80%, rendant l’espèce menacée et fragile; en conséquence un élevage est maintenu. Les loups chassent en fatigant leur proie, grâce à leur endurance à la course et en se mettant à plusieurs sur un cerf, alors que le lynx est un sprinter, comme le chat, à l’affût , bondissant seul sur un chevreuil de préférence par surprise. Les petites musaraignes perdent 10% de leur poids en hiver, en diminuant le poids de chacun de leurs organe même leur cerveau. Une stratégie d’économie vu que leur métabolisme rapide exige 1.5 fois leur poids corporel d’insectes et de vers par jour,

  • Les bonnes bières, les Pierogi oui…mais le meilleur de la gastronomie sont leur glaces, et les confitures, sirops à base de fruits qui en ont vraiment le goût.
Les moins bons côtés auront été le monde sur la côte baltique, et en général, les trains sous-dimensionnés pour les cyclistes surtout. Développer du tourisme vert et un itinéraire comme la green vélo de 1700km, c’est génial mais faciliter son accès en transport public serait logique.
L’architecture: les belles maisons font très neuves, ont peu de caractère, beaucoup de briques grises, de villages sans centre, ni place ou bancs. Les blocs de béton, rénovés ou non, avec la grosse inscription de leur adresse sur leurs murs donnent un aspect triste, austère et froid aux bourgades. Cela nous apparaît comme une caricature bien réelle de l’architecture soviétique.

Les églises de briques rouges apportent beaucoup d’humanité dans ce contexte très fonctionnel, enfin c’est notre ressenti. En allant vers l’est, plus de maisons en bois, plus de villages, les églises orthodoxes avec leur boules sur la tour se joignent aux catholiques.

Et non, pas de gros mollets ou de cuisses bétons….nous avons beaucoup visité, pas roulé chaque jour, et les poignets, les mains et les avant bras souffrent plus de tenir la monture sur les pistes caillouteuses que les jambes. Le plus difficile aura été la chaleur, surtout à la fin du séjour, mes mains dégoulinant de sueur peinaient à tenir le guidon.

Lorsque nous campons, l’inconfort est de s’habiller avec des habits bien humides. Dans la tente, sous l’avant-toit, tout est humide ou trempe par la rosée. Nous séchons le dessous de la tente pendant le petit déjéûner. Le soir, les moustiques arrivent, mais vu notre fatigue, nous leur laissons quartier libre en allant nous ranger sous notre toile sans hésitation.