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Danemark, le vent de la Baltique, 29 août -10 septembre 2022

De retour à Hirtshals, départ pour Skagen, la rencontre des deux mers. Comme d’autres, je ne résiste pas à continuer à marcher, même dans l’eau sur la bande de sable séparant la mer du Nord et la Baltique.  Les vagues s’entrechoquent mais l’océan est peu formé. Beaucoup de monde, et subitement devant nous sur le sable, il est là, solitaire, tranquille ; impossible de respecter la distance de sécurité de 50 mètres recommandée pour ne pas le déranger, le cordon de plage est bien trop étroit.  

Une autre rencontre imprévue …

Skagen, fresques sociales au musée

August Hagborg, 1879
P.S. Krøyer pêche infructueuse
P.S. Krøyer

Au bord de la Baltique, à peine plus au sud, escale dans les dunes, à Kanalvejen

Ålbaek, fish & ships au port

Près d’Ebeltoft (Blushoj), nous nous installons dans un camping en terrasses où nous contemplons le phare et les voiliers, depuis notre place. Notre voisin est un habitué, très sympathique, qui alerte Pierre-Olivier le matin suivant, je me sors des plumes au plus vite :  les marsouins nagent au large. L’endroit est superbe, mais la plage a des algues et des cailloux.

Qu’importe, nous partons visiter Ebeltoft à vélo, il fait grisouille, alors hop pour le musée du verre soufflé. La démonstration par une souffleuse est intéressante, polissage, technique pour obtenir un verre à bulles, bien des étapes en plus du travail du souffleur de verres de nos laboratoires, coincé dans son minuscule atelier ….Le reste du musée ….c’est-à-dire presque rien! Juste de quoi se demander pourquoi du bel art moderne n’est jamais présenté, remplacé par des complications intellectuelles perdant le visiteur.

La ville est mignonne, rues pavées, maisons à colombages colorées, petites cours, boutiques d’artistes, terrasses.

Mairie de 1789, encore en fonction

Une autre ballade pour aller à une belle plage, de cailloux aussi mais presque sans algues, l’eau est encore agréable. En chemin nous ramassons quelques mirabelles plutôt que de leur rouler dessus.

L’ambiance du camping est particulièrement chaleureuse, le soir subitement le « da, da » retentit, un voisin a ses jumelles, et finalement toute une équipe contemple les marsouins depuis chez nous ; évidemment c’est le soir de grillade (première viande depuis le départ !) et nous nous mettons à table là au milieu.

En route pour Faaborg, départ du ferry pour l’île d’Aero, encore des rues pittoresques, des maisons de commerçants témoignant de la navigation marchande du 19ème siècle. Une artiste céramiste a mis une table de plus devant son échoppe, pour y vendre à vraiment petits prix les jouets de ses petits-enfants, ayant passé à une autre étape.  Le seconde-main est vraiment présent partout. Terrasses sympathiques, il fait beau, un glacier attirant bien du monde, enseigne alléchante, nous tentons pour la seconde fois la spécialité des glaces danoises, soft-ice recouvertes de paillettes…Énormes, avec une base de crème glacée au goût peu défini, elles ont beaucoup de succès mais après l’essai en taille moyenne ou enfant, on ne nous y reprendra plus malgré notre gourmandise reconnue!

Ile d’Aero, 30 – 40 km de long : une oasis encore plus calme que le reste du pays. Championne du développement durable (prix européen de l’île responsable 2021), panneaux solaires thermiques pour le chauffage, bus gratuit, encore plus de vente d’objets en self-service par des particuliers avec une petite tirelire : habits, bibelots, pommes, miel, confitures, (et bocaux vides ramenés) sont présentés sur des étagères  devant les portes d’entrée. Parfois, une corbeille de pommes gratuites ! mais la saison touche à sa fin, nombreuses au sol mais pas toujours bonnes.

Ah, le vélo, sa lenteur, porte ouverte sur les découvertes spontanées

Aeroskoping: le plus charmant des  ports, la quintessence en terme de maisons à colombages colorées biscornues, roses trémières devant les portes, bougies et objets décoratifs sur les rebords de fenêtres. Un glacier proposant des glaces aux fruits artisanales, riches en fruits, absolument exceptionnelles, l’antidote aux glaces danoises courantes.

Une soirée en haut de falaises de roche tendre, riche en fossiles, endroit idyllique …sauf les nuages de poussière à chaque passage du paysan qui sème.

Le lendemain, samedi, grande résolution de tour à vélo mais une panne de gaz nous occupe. Sans solution le week-end, nous visitons Marstal, un des autres petits ports de l’île, plongeon dans l’histoire de la marine marchande à voiles. Petit paradis hors taxe, les grands voiliers amenant céréales de Russie, charbon d’Angleterre, poissons de Bergen, bois de Finlande et de Suède y faisaient escale. Port d’attache d’un peintre de navires et de paysages du Groenland (Jens Erik Carl Rasmussen) et d’un auteur (Carsten Jensen) relatant cette époque (Nous, les noyés) et la vie du peintre, (le dernier voyage), deux livres que je glisse dans ma « to-read list ». Incroyablement riche mais de présentation désuète, le musée bat le record du nombre d’illustrations et d’objets par mètre cube, avec l’odeur de vieux en prime, ce qui participe à nous plonger dans ce siècle maritime aventureux. 

Cabanes de plage

Dimanche soir

Le magicien d’Alice, version brune, bien dodu dans une prairie ne nous porte pas chance. Le moteur qui remonte notre marchepied fonctionne (ouf, nous pouvons rouler) mais fait un bruit horrible de vieille ferraille pendant un bon moment, à chaque utilisation avant de se taire (Re-Ouf!). Nous utilisons ce marchepied car notre hanneton est haut, vu que sa garde au sol a été surélevée pour lui permettre d’utiliser de mauvaises routes ou chemins. Premier réel incident, je regarde le compteur : 99’999 km ! (Pas triché,  ….promis). Nous n’avions pas de champagne à bord pour fêter les 100’000 km sans pannes ! 

Lundi 5 septembre

Retour à notre petit problème de gaz (bonbonne de réserve suisse sensée être pleine s’avérant vide) et à notre intention de tour à vélo. Le gaz c’est le casse-tête pour qui aime varier ses destinations démontrant la non-harmonisation européenne où elle serait juste pratique et ne porterait pas atteinte à la spécificité culturelle !  Problème résolu grâce à l’extrême gentillesse de la famille gérant le camping de Soby. Nous ne pouvons toutefois pas échapper au fait de revenir avec une bonbonne danoise, enrichissant notre collection. Après s’être renseigné sur la possibilité de remplir une de nos bonbonnes, avoir cherché sans succès sur internet une bonbonne d’occasion, ils nous fournissent une bonbonne danoise à conditions spéciales. Devant tant de dévouement, nous leur demandons une place dans leur camping, mais l’ordinateur est lent ce jour, le camping minuscule bien plein, alors la propriétaire me suggère d’aller me mettre sur la plage et de revenir pour tout besoin telle que la lessive ! (Sans nous acquitter d’un emplacement). Cela va avec le verger de pommiers juste à côté…

Nous pouvons finalement pédaler, contre le vent sur plus de 30 km pour constater que le lundi est jour de fermeture du glacier testé le premier jour. Drame, c’était l’objectif.

Mardi, en retournant au port d’Aeroskoping pour prendre le ferry, RE-drame : le glacier a deux jours de fermeture hebdomadaire…Lundi et mardi.

Svendborg, petite balade admirative sur le quai des voiliers en bois.

Fort de Langeland : une ancienne base de l’armée danoise, donc de l’OTAN, convertie en musée dédié à la guerre froide. Les efforts militaires déployés pendant cette période, l’importante perception du risque, le recrutement important de jeunes Danois dans des unités sur terre, sur eau, de protection aérienne et impliqués à l’étranger mais également le scepticisme de certains militants pacifistes y sont abordés. Malheureusement, nous souffrons du peu de traductions en anglais ou allemand. La guerre froide et les risques de guerre présentés comme une page tournée laissent songeurs…

La météo maussade nous pousse vers le sud, et nous nous retrouvons du coup plus vite que prévu en Allemagne. Aie, plus de « Roggeri » (fumoir de poissons) ouvert, les petits achats de maquereaux fumés n’ont pas été possibles. Cette côte du Danemark ne peut laisser personne insensible au charme de ses petits ports. Par contre, les champs à l’intérieur des terres sont un peu monotones à notre goût et nous n’avons pas vu de belles plages de sable comme au bord de la mer du nord. Nous ne sommes toutefois pas allés aux destinations réputées pour la baignade, nous sommes en septembre et depuis notre retour de Bergen, la météo a tourné en lumières automnales.

Nous gardions un excellent souvenir des plages de la Baltique allemande longées lors de notre voyage à vélo, qui date quelque peu (2010). Mais dans cette baie de Neustadt en Holstein, les campings sont denses, la côte construite, nous trouvons une ferme accueillant les nomades de notre style ; la pluie nous fait renoncer à flâner dans les rues de Lübeck. Pendant ce temps, vers Lausanne, l’eau monte dans la cour de notre ancienne maison, chez notre fille et sa famille. Autant rouler pour profiter du soleil quand il sera revenu en Suisse.

Arrêt à Seebourg, puis à Bald Waldsee, patrie des campings cars Hymer, (tout près du lac de Constance). Au moins, nous pouvons savoir quelle pièce est à commander avant de donner notre Hanneton pour réparation du marchepied, ce sera certainement un gain de temps énorme.

Nous nous réjouissons beaucoup de retrouver toute notre famille à Amden où nous avons organisé un week-end de regroupement familial. Amden? Juste logique entre Bretigny, Innsbruck (notre fils est en congrès) et Paris.

Les dunes de la mer du Nord puis un saut à Bergen, 14-29 août 2022

La fête chez nos amis : une belle soirée sans vent, une halle à bateaux transformée en halle de fête, un orchestre , des food trucks, un bon mélange  de générations, des Québecois prêts à venir skier chez nous,  un bar à cocktail et un barman pro, une nouvelle occasion de boire un bon vin blanc allemand.

Le lendemain de la fête, en selle pour le château Renaissance de Glücksburg. A l’époque, mariages plutôt que réseaux sociaux, Christian IX, un de ses propriétaires surnommé le père de l’Europe, a établi de nombreux liens entre familles royales, de la Suède à la Grèce grâce à ses nombreuses filles.

Puis départ pour Flensburg, ville sympathique, ses quais sentent les vacances, j’adore toujours autant les vieux voiliers en bois.

Nous dégottons un mini-bistrot dans une ruelle pour un petit dîner. Quelques tables aguichées sur une mini-terrasse en bois, un ou deux plats proposés, très simples, la fille du patron aide au service, une ado, ce n’est même pas 15h et elle est déjà rentrée de l’école. Un petit coin hors du temps, alternatif et propret sans être bobo-chic. Par contre, durant ce voyage, nous constatons que l’utilisation vaisselle non jetable n’est pas du tout répandue dans les snacks, dommage.

Une nuit bien au calme le long d’un chenal du port et nous partons pour la côte ouest, au sud de Hvide Sande.

Nous campons entre lagune et mer, d’un côté les kite-surfs, de l’autre la dune et la plage s’étirant sas fin le long de cette côte. La piste cyclable EV12 (piste nationale N°1) serpente entre la bruyère, les monticules et les résidences de vacances, en deçà de la dune, bucolique, un peu ensablée parfois. Ce cordon de sable créé par le vent aurait totalement fermé la lagune en un lac si une écluse n’avait pas été aménagée à Hvide Sande. L’atmosphère de ce port développé il n’y a qu’un siècle lors de l’aménagement de l’écluse est particulière, entre port de pêche industrielle et station touristique.  Tout le monde se rend au magasin de poissons, le fumoir est sur place.

Le plaisir de voyager c’est d’essayer de comprendre ce qu’on voit….alors cette structure sur 4 pieux, en partie dans l’eau?

Ce bateau peut soit flotter et être autonome pour se déplacer, soit être stabilisé par les pieux, soit être totalement surélevé, reposant totalement sur ses 4 pieux, posés sur le fonds de la mer. Son équipement de grue sert à la construction des socles, et à la pose des mâts et des pâles d’éoliennes en mer, travaux exigeant grande précision et stabilité. Il est vrai que le paysage en est couvert. Ce sera notre apprentissage du jour avant de pédaler pour rentrer à notre Hanneton, tout en grimpant pour voir la mer de temps à autre.

L’architecture en briques de Ringkobing, les entrées surélevées, une ambiance au passé industriel.

En reprenant la route vers le nord, la flore se modifie, moins de bruyère, moins de vert, des herbes sèches, des falaises de sable nous offrant une place 5 étoiles près du phare de  Bovbjerg à Ferring avec vue sur la mer et coucher de soleil, mais soirée à l’intérieur; il vente, et nous ne sortons de toute façon pas la table sur les emplacements dans la nature.

Nous partons voir le phare et …un panneau propose un parcours vélo panoramique. Adjugé, nous pédalons à l’intérieur des terres, d’églises blanches en collines, les rouleaux de paille attendent dans les champs d’être amenés vers les fermes. Là, le tableau serein et grandiose perd de son charme ; alors que les fermes sont de belles bâtisses en briques, immenses, elles sont affublées de longs hangars à cochons, l’odeur de la mer n’arrive pas en étouffer les émanations.

Nous passons près de plages calmes, ambiance de lac mais d’eau salée, puis à Lemvig, petite station balnéaire. La boucherie y est très alléchante, le porc sous toutes ses formes ! Mais le coup d’oeil jeté dans un hangar ne nous a évidemment pas convaincu.

Il paraît que notre altitude ne dépassera pas 53mètres et pourtant que de minuscules grimpettes, raides, du gravier parfois aussi, nous rentrons bien fatigués (route 409 , 50 km), passant à nouveau vers le phare et les falaises de sable les plus élevées du Danemark. L’érosion œuvre, un bout de la piste cyclable doit être contourné car il n’existe plus, tombé en bas de cette falaise. Des panneaux parlent de naufrages, nous rappelant que l’ambiance chaude et ensoleillée n’est pas la règle, et que l’hiver doit être extrêmement rude. Pour le moment, de bonnes vagues, des pêcheurs à la ligne le soir, notre voisin ramène 4 maquereaux mais aucun baigneur ou presque, donc nous aurons à nouveau pédalé et contemplé la mer sans s’y baigner, alors qu’elle a 20°, une hérésie !

Le lendemain, avant de continuer notre route toujours vers le nord, nous nous baladons dans la dune, le long d’un des tracés balisé « Vélo ». A pied, c’est splendide, les rosiers rugueux ont des fruits mûrs, des « gratte-à-culs » gros comme de petites tomates, les argousiers sont pleins de baies orange. Mais cyclistes, choisissez l’itinéraire en deçà de la lagune et non cette piste entre mer et lagune, car nous malaxons le sable …

Rester car c’est beau, partir, découvrir plus loin, s’arrêter un peu pour flegmer, trouver de l’eau, aller en camping nous offrant quelques services utiles, comme la machine à laver ….notre vie est pleine de questions « existentielles », sans réponse correcte ou fausse  mais juste le risque d’y consacrer trop de temps!

Question courses et gastronomie, nous apprécions les tomates danoises, serres ? actives ou passives ? en tout cas moins de légumes et fruits espagnols que chez nous, moins de fruits et de salades en général et, comme nous voyageons pour apprécier les différences et les spécificités de chaque endroit, nous optons pour la cure de poissons, sans la prétendre « bien sous tout rapport, écologiquement ». Nous nous régalons, et voyons les fumoirs, les structures de tri à l’arrivée des bateaux. Nous mangeons donc du poisson local, la plupart comme le maquereau et le hareng, de source sauvage, le saumon, lui étant de production en aquaculture. Au moins, c’est clairement dit quand nous nous intéressons à la question.

Nos hésitations nous mènent à Norre Vorupor, une station balnéaire aux nombreuses résidences de vacances dispersées dans les dunes, un parking où se regroupent les surfeurs, dormant dans van, bus ou voiture, aie ! Des sanitaires publics entretenus participent clairement à ce regroupement bohème, nous admirons la propreté de l’endroit, l’ordre, l’absence de bruit le soir.  Nous sommes les vieux et les seuls sans surf ! Comme bien d’autres, nous allons admirer le coucher du soleil après notre souper, classique mais splendide, rigolote cette immersion dans une zone touristique tellement différente de ce que nous connaissons au sud. Beaucoup de glaces, dégustées en bon pull, des snacks, d’anciens bateaux de pêche rénovés grâce à un projet européen, un grand choix de poissons présentés frais encore dans les caisses remplies de glace ou déjà fumés, le fumoir jouxtant à nouveau le magasin.

Le lendemain, de fortes averses nous font apprécier notre Hanneton comme un palace, puis de magnifiques éclaircies même en ce jour le plus maussade depuis notre départ.

A la plage surnommée « cold Hawai », à Klitmoller, pas de vagues, mais du bon vent. Nous admirons le ballet des véliplanchistes dont les planches ont des dérives à foil et de surfeurs tenant une petite voile sans mât ni câbles, composée de 2 parties, leur donnant des allures de papillons volant sur l’eau. Leur position sur leur petit surf est celle d’un snowboardeur, les pieds ne changeant pas de côté suivant l’amure.

aBeau ballet mais nous décidons de changer de décor, cap sur l’île de Fur dans la lagune de Limfjorden.

Camping en terrasses avec vue, il se dégage de cette île un calme des plus sereins,…un peu farceur, son tour à vélo s’avère peu plat et passablement ensablé! Les plages de galets sont jonchées de coquillages, de coques de couteaux (coquillages allongés) et même de coques d’huîtres. Ce serait un des derniers endroits d’huîtres sauvages. Je vais me baigner le soir, le sable est argileux, nager rend l’eau opaque. Cette île a une géologie particulière, couches de sédiments et de diatomées bien visibles, son argile avait été exploité.

Nous nous rapprochons du week end et d’Hirtshals, et après quelques contacts, nous décidons d’aller passer le week end chez notre fils Joseph, à Bergen. Auparavant, nous marchons dans les dunes autour du phare de Rudbjerg Knude. L’érosion de la côte est impressionnante, il reste le cimetière, l’église a dû être détruite car elle était en mauvaise posture. Un touriste allemand me parle de maisons où il a passé ses vacances dans sa jeunesse qui sont à la mer, de splendides résidences à baie vitrée sont très près de la falaise de sable. Beaucoup de monde se promène dans cette dune, toboggan de sable fin marrant, présenté comme une curiosité naturelle. La luminosité du sable extrêmement fin, la météo splendide masque le côté dramatique de l’endroit et de cette érosion ; le réchauffement climatique augmente les tempêtes….Le phare est une telle attraction touristique, qu’il a été « sauvé » en étant déplacé de 80 mètres en 2019 malgré son poids de 700 tonnes, pour éviter qu’il ne s’effondre. Plus assez visible, trop entouré des dunes, il n’est plus en fonction.

Pour la nuit, nous sommes restés loin de la falaise …

Nous filons au nord et les plages deviennent de plus en plus idylliques, du joli sable, sans cailloux, eau claire, pas de vagues, un peu d’air rendant les 28 degrés agréables, arrêts baignades, notamment au nord de Lokken, en pensant chaque fois que ce sera le dernier de la saison. Bon, Pierre-Olivier ne demanderait pas mieux, il a la fausse impression que l’eau devient fraîche….20° selon le relevé quotidien publié.

A Hirtshals, port qui n’a pas plus d’âme que lors de nos derniers passages, nous confions notre Hanneton aux bons soins d’un parking d’hôtel rôdé à la démarche et à nous le buffet de poissons du ferry, la nuit à bord.

Le lendemain, vendredi, dîner avec Joseph sur un banc en ville pendant sa pause de midi, lunettes de soleil requises, cela mérite d’être souligné à Bergen ! Excellente soirée chez lui, Il nous héberge, c’est aussi sympathique que petit, la vue est splendide le lendemain matin, encore du soleil.

Samedi, grimpette à Ulriken, quelque 1300 marches d’escaliers, (leur descente l’après-midi demandera plus de patience à mes coéquipiers), quelques nuages, puis à nouveau du soleil avant de repasser une seconde soirée ensemble. Le lendemain dimanche, nous reprenons le ferry en milieu de journée et le laissons préparer sa semaine de travail sur le terrain.

Bergen avec le sommet d’Ulriken à droite, vers l’antenne

Départ pour le Danemark, 3 – 13 août 2022

Un mois au chalet à vivre sur la terrasse en shorts,  une grosse flegme vu la chaleur, quelques baignades à Frience, d’excellentes retrouvailles avec les copines du travail, aussi en vacances définitives, et nous voilà repartis avec notre hanneton et nos vélos pour des excursions à la journée, plus indiquées pour le moment. 

Un arrêt à Scherwiller (Alsace), histoire de dormir après une dégustation de vins bio.

Après une soirée à Göttingen, où nous y prendrions même l’habitude d’y manger au café de l’hôtel de ville, nous arrivons sur la côte ouest allemande de la mer du nord.

Bösum: charmante découverte, vent, soleil, bateaux de pêche, plages et lagunes aménagées, Strandkorb alignées sur le sable, restaurant de poissons, vente directe de maquereaux et harengs fumés, vinaigrés ou aigre-doux, tous les symboles de la mer du nord dans cette petite station touristique groupée autour de son phare rouge et blanc.

6 août:  c’est parti pour une journée vélo, vers le nord le long de l’EV12 (Eurovélo de la mer du nord), balisée à l’intérieur de la digue, mais nous reviendrons par l’extérieur, beaucoup plus intéressant. La digue est recouverte de prairie, peuplée de moutons. A l’extérieur, le terrain est drainé, de petits « murets » de branchages et de paille retiennent les sédiments déposés, des petits canaux et quelques stations de pompage permettent de maintenir ces terres non inondées, ou moins inondées à marée haute. Les moutons,   comme les échassiers et de nombreuses hirondelles, profitent de ce magnifique espace. Même si ce temps sec et la fin de l’été ne sont pas les meilleures conditions pour admirer les fleurs, nous en admirons quand même, toutes adaptées à cet environnement salé. Ambiance contemplative à souhait: une piste cyclable droite et plate, des moutons partout, parfois la mer, parfois que des polders,(ou koog, ou vasières ), une pause dans une Strandkorb  et une lumière qui varie vite, avec beaucoup de soleil, des nuages, quelques gouttes et toujours du vent. Notre but du jour sera l’embouchure de l’Eider, traversée par un tunnel routier, sorte de tuyau de béton hors de l’eau, sur lequel la piste cyclable et piétonne est aménagée. D’un côté du passage, une écluse, que la route traverse également sur un pont levis. Ces écluses le long de la côte sont fermées en tout cas lors de forts vents d’ouest, de tempêtes pour protéger l’intérieur du pays des inondations.

A Husum, nous arrivons le dernier jour de la fête du port, beaucoup de monde, quelques carrousels, « street food », musiques, il fait bon même le soir. Un théâtre de marionnettes extrêmement simple: un conteur, 3 marionnettes sur bâton, un décor et une histoire de pirates a un franc succès auprès des petits mômes; quel plaisir à l’époque des écrans! Quant à nous, soirée de musique celte.

Le lendemain, la presqu’île de Nordstrand à vélo, la piste est à l’extérieur de la digue, nous pédalons parmi des centaines de moutons, « piétinez-bien », vous solidifiez les terres gagnées sur la mer! La digue ne date que de 1980, auparavant les inondations étaient plus fréquentes. Etant en haute saison, contrairement à nos habitudes, et le long d’une côte touristique, j’avais réservé un emplacement dans un camping, ce qui s’est avéré totalement inutile. Nous avons une magnifique place car à l’abri du vent et toute proche de la mer, c’est-à-dire qu’on donne droit sur la digue!

Le parking du quai d’embarquement à Nordstrand sera une place tout aussi calme. Excursion en bateau pour l’île d’Amrum,  et sa plage de 10km de sable blanc. Nous choisissons de marcher dans les dunes, le long des sentiers bien aménagés pour préserver ce biotope si fragile. La bruyère en fleurs, la multitude de mini-collines de sable, la plage blanche tellement large, deux phares et une belle forêt, le coup de foudre pour moi.  Nous finissons par tant marcher (Norddorf -Nebel par les dunes) que je ne me suis pas baignée!  Nous avons trop chaud avec nos souliers de randonneurs! On ne se change pas, souliers, sac à dos, mini-pharmacie, eau, pic-nic,….nous avons tout! La  baignade se mériterait aussi, il faut brasser le sable hyper fin sur des centaines de mètres avant de se mouiller.  A marée basse, en fin de journée, notre reprenons le bateau à regret. Il se faufile et se tortille pour suivre le balisage, touchera une fois le fonds et excellente surprise, nous passons à côté de quatre phoques se prélassant sur un banc de sable.

Hameaux fermiers, une vingtaine d’habitants par îles

Nos tout petits pas de hanneton, nous mènent à Ribe, plus ancienne ville du Danemark. Maisons à colombages colorées,  paraissant très anciennes, d’autres toute blanches qui sont en fait les plus anciennes, épargnées par le grave incendie du 17ième siècle , comme nous l’apprend la visite nocturne à pied guidée par un veilleur de nuit. Petite ville très touristique mais au charme fou, c’était le principal port de commerce danois au Moyen-Age. Nous soupons dans une des plus anciennes auberges, biscornue à souhait.  Un parking est à disposition des camping cars pour 2 nuits tout près du centre, superbe accueil qui favorise la tentation du restaurant!

L’anneau métallique supérieur montre le niveau de la plus grande inondation de la ville (+ 6m en 1634)

Excursion en tracto-bus  à l’île de Mando. L’accès est un chemin en graviers plus ou moins inondé suivant la marée. A posteriori, faisable à vélo et en camping car , moyennant de choisir la bonne tranche horaire relativement à la marée. L’île est si petite qu’un transport collectif est de toute façon judicieux. Nous marchons dans l’eau tiède, vraiment tiède, pas juste pour moi, de la mer du Nord. Un bras de moins d’un mètre de profond nous sépare d’un banc de sable où des formes arrondies vues aux jumelles doivent être des phoques. La marée basse laisse apparaître des milliers de monticules de sable moulés, déjection de vers. Il y a des baigneurs, on se lézarde au soleil, juste un peu d’air, une météo des plus agréables à défaut d’être habituelle, et saine pour la planète.

Le centre des visiteurs de la merdes Wadden, Vadehavs centret, présente le plus grand marais d’Europe, étape lors de leur migration pour 12 millions d’oiseaux, de façon artistique et instructive, en anglais et allemand en plus du danois évidemment. Nous contemplons surtout les photos, vidéos conscients de notre capacité très limitée à retenir des noms d’espèces! N’étant pas à la saison des migrations et n’ayant pas vu les phoques de près, ce qui au moins a l’avantage de ne pas les déranger, nous complétons notre vision réelle du paysage en se détendant devant ces présentations artistiques.

Le thermomètre ayant l’abonnement au 29 degrés, nous partons nous baigner la fin de l’après-midi au sud de l’île de Romo. Après avoir marché un bon moment dans le sable parmi les chars à voiles, nous réalisons que les baigneurs sont encore plus loin, et que leurs véhicules sont parqués sur la plage. Le Hanneton s’offre donc un moment de rêve de retour aux US, à nous le sable. Ainsi nous atteignons finalement l’eau, et elle est tempérée pour ne pas dire tiède. La marche continue, c’est tout aussi plat dans l’eau que sur la plage, mais nous pouvons finalement nager, sans toutefois être parvenus à n’avoir plus pied. Nous quittons cette île très touristique pour dormir dans un camping à la ferme, à recommander aux petits enfants tellement le bac ou plutôt la parcelle de sable est grande et nombreux sont les tracteurs à pédales.

Le prétexte à ce périple au Danemark est une invitation par des amis rencontrés sur le cargo nous menant à Halifax en 2019 à leur fête de mariage. Nous nous installons donc parmi les autres invités venus avec caravane ou camping car sur leur terrain, à Dollerup (Allemagne).

Bergen, retrouvailles

Nous déménagerons le 12 août, cela nous laisse le temps de vite profiter de l’ouverture de la frontière norvégienne pour aller voir notre fils Joseph à Bergen. Départ le 15 juillet pour une halte extrêmement gourmande en Valais, à Bürchen, vive les Smartbox.

L’Allemagne le week end, c’est l’autoroute avec très peu de camions, mais un énorme trafic. Première nuit, au sud de Hambourg, arrêt au Vogelgarten de Walsrode, sorte de zoo d’oiseaux, dans une vaste forêt servant aussi de halte pour les migrateurs. La forêt est grande, nécessitant une promenade de quelques heures pour en profiter alors ce sera pour une autre fois. L’endroit calme est idéal pour une nuit d’étape. Le jour suivant, arrêt à Langballigau, près de Flensburg, la Baltique, les petits pains au poisson, l’ambiance de bord de mer, avant de retrouver nos amis Henning et Bianca qui nous font une visite de leur nouveau chantier: une ancienne ferme et ses annexes en cours de rénovation pour faire un camping à l’américaine (très grandes places avec des coins pour le feu) et des appartements de vacances. Leur camion aménagé, quasi home-made, que nous connaissions depuis notre traversée partagée de l’Atlantique, leur sert de domicile pendant les périodes de chantier.


Nous visualisons bien les futurs appartements de vacances et l’emplacement du camping. L’ambiance est dynamique,  nos amis sont architectes et charpentiers,  la famille au sens large est impliquée, complétée par un compagnon charpentier très engagé, ne se déplaçant de chantier en chantier qu’à pied ou en stop avec son minuscule bagage dont le portable est exclu. Ceci dans le but de compléter sa formation.

Le soleil et une chaleur inhabituelle baignent les bords de la Baltique depuis plusieurs semaines, mais pour notre soirée, il souffle sur la grillade.

Il n’y a pas foule pour embarquer….sur le ferry parti du Danemark. Nous nous réveillons tôt pour admirer Stavanger et la côte…..Surprise, ciel gris,  bruine, brouillard, on reprend la grasse matinée.

Nous retrouvons Joseph près du port et de son université. On transbahute dans sa voiture louée, chaises,  cadeaux de Noël encombrants et autres fins de déménagement,  la répartition des affaires familiales est un cycle perpétuel qui se ralentit ….
Installation à « Middtun motel et camping », à 10-15 km du centre, pratique pour rejoindre Bergen à vélo  après un galop d’essai assez catastrophique pour trouver le meilleur parcours. Nos monstres électriques sont bien confortables pour grimper au-dessus du centre, où habite Joseph. Première soirée, grillade dans son mini jardin à la vue panoramique sur Bergen. Excellente soirée de retrouvailles, encore absolument imprévisible il y a une dizaine de jours. Joseph va bien, après cette période si longue  d’absence de vie sociale et de télé-travail, ce démarrage d’une nouvelle activité professionnelle en étant cloîtré. Drôle de revoir certains de nos meubles, différentes  vaisselles  de nos mamans ou des objets que nous leur avions offerts.  Mélancolie, nostalgie ? Surtout joie de leur voir une nouvelle vie, dans notre famille.


Le lendemain, nous tentons une sortie avec le petit  voilier d’un de ses amis, mais le moteur boude. Souper à nouveau chez lui, dans sa cabane comme disent ses amis, boisée à l’intérieur comme à l’extérieur. Le quartier est chic, avec cette vue incroyable , la belle lumière du soir, mais l’habitation est une ancienne petite maison peu rénovée.

Excursion à Rosendal, en bateau, visite de la roseraie, splendide pendant que Joseph travaille.

Son amie Victoria est arrivée, son bagage resté à Paris. Nos soirées festives, le retour à notre Hanneton prenant quasiment une heure, le jour qui n’en finit pas, l’absence de moments de pluie,   (oui pendant la semaine de déluge en Suisse)…bien des raisons  pour lesquelles j’ai totalement négligé le blog que j’aime écrire.

Vue incroyable depuis le haut du funiculaire, Floyen.

La marche  vers Ulriken est remise à une autre année car les nuages sont bas, le temps un peu incertain. Mais en fin de journée ….baignade devant l’université, en pleine ville, l’eau n’est pas froide (20C) mais Pierre-Olivier a décidé de garder les affaires (!). Souper en terrasse dehors, c’est l’été, enfin presque .

Week end du 24-25 juillet: départ en bateau pour le Sogneford, le plus profond et le plus long des fjords, magnifique.

Arrêt à Aurland, stop incontournable à la boulangerie locale et bio, car nous suivons Joseph dans ses habitudes de terrain. Nous démarrons notre grimpette par une bonne heure de petite route bien au soleil, sous une canicule plutôt méditerranéenne que norvégienne pour continuer par un bon chemin très raide dans une forêt fort variée. Les bouleaux, parmi bien d’autres essences,  et les framboises s’estompent pour laisser l’espace aux saules de Laponie, arbustes très bas vert tendres, myrtilles, mousses et cailloux. Vers 1000m. d’altitude, nous atteignons Joasete, l’alpage où Joseph et toute l’équipe du projet de recherche ont un de leurs endroits d’étude. La vue sur le fjord 1000m. plus bas est magnifique, l’endroit est peu pentu, quelques sommets bien doux nous entourent, ainsi que quelques bons gros moutons. Une grande sérénité, beaucoup d’espace, une palette de verts et de gris, nous sommes conquis. La météo est au beau, un peu orageuse le soir. La cabane servant de logement aux petites équipes de 2-3 chercheurs séjournant sur l’alpage pour des périodes de quelques jours a été mise à disposition par le paysan possédant les moutons et une ferme située dans la montée. Petite cabane où les souvenirs familiaux du paysan ont laissé un grand nombre d’objets insolites,  meublée d’une étagère avec quelque vaisselle, 4 lits n’ayant pas tous la taille adulte, un petit poêle sur lequel Pierre-Olivier prépare notre fondue.  Nous passons une excellente soirée, sans prolongation car les 3h30 de montée directe, le lever matinal pour rejoindre le port, et la chaleur du début de la montée nous font vite bien dormir. Arrivés bien collants, nous avons dû remonter le lit du ruisseau à sec, pour trouver un filet d’eau, sommes-nous au Maroc? Le paysan est en soucis pour ses moutons, ce problème est tout-à-fait nouveau si tôt dans la saison.

Pendant ce temps, notre fille Nathalie et sa famille étrennent leur tente sous des sceaux d’eau en Suisse.
Joseph nous montre le carré de terrain expérimental et son appareillage. Leur terrain est quadrillé en petits emplacements dont les traitements varient. Par exemple, pour simuler le réchauffement climatique, des mottes de sol sont transplantées à une altitude inférieure, dans un autre terrain expérimental situé vers la ferme.  D’autres mottes proviennent, elles, du terrain situé quelque 400m. plus haut. L’effet du bétail est étudié par l’adjonction d’azote simulant le fumier et par coupage de la végétation aux ciseaux simulant l’action de brouter.  Sur chaque emplacement, une chambre le plus hermétique possible est posée les jours de mesure, la concentration en gaz carbonique et en oxygène étant suivie dans le temps par un nombre inimaginable de mesures extrêmement rapprochées permettant de dégager des courbes de simulation. La chambre est obscurcie pour pouvoir différencier l’effet de la photosynthèse de celui de la respiration.  La caractéristique vraiment impressionnante de telles études est le côté bricolage sur le terrain, couplé à une gestion informatique extrêmement complexe d’un nombre  inimaginable de mesures brutes.  C’est en tout cas, cette dualité que je ressens comme scientifique d’une autre génération, dualité qui va comme un gant à des jeunes aimant l’aventure du plein air tout en se formant à une recherche scientifique pointue très professionnelle. Maîtrise de modèles mathématiques, physique, statistiques, programmation, mesures de concentrations de gaz se mêlent et se complètent pour modéliser les échanges de carbone et prédire l’évolution de l’écosystème alpin et de son impact sur le bilan de CO2 dû aux perturbations climatiques actuelles et à venir. Mais le promeneur et  Bob le mouton foulent ces mousses et arbustes en toute rêverie, le paysan , lui, est bien intéressé de l’évolution qu’il devra donner à ses activités.

Retour par la ferme , histoire d’acheter quelques saucisses de chèvre et dîner près de LA boulangerie, avant un  retour en bateau tout aussi ensoleillé.

Moment loufoque: nous prenons un kayak de l’organisation « greenkayak » et pagayons dans Bergen pour collecter les déchets. Collecte très pauvre, pas de photos en route, nous ne nous sentions pas assez experts pour prendre du matériel sensible avec nous! Mais j’adore les manoeuvres et  demi-tour entre les voiliers amarrés du port.

Visite du charmant musée en plein air du vieux Bergen, « Glamle Bergen museum », réunissant d’anciennes maisons déplacées dans ce petit coin de Bergen nord, tout près de l’eau, pour les sauver de la démolition.

Retour à vélo par la Fjell veien (route de la montagne) revenant au centre par les hauteurs  le long d’un itinéraire piéton-cycliste très agréable, surplombant la ville.  Nous avons la chance de visiter le bateau d’un ami de Joseph, réplique d’un ancien voilier,  lieu d’habitation, comme bien d’autres bateaux de la marina.
Après cette bonne semaine, c’est le moment de partir six jours de notre  côté avec notre Hanneton.  Nous traversons quelques hauts plateaux, entre Flåm et Aurland par la route d’été aux points de vue époustouflants, et nous arrêtons à Undredal, le village de production des fromages de chèvres « blancs »,  par opposition à la spécialité norvégienne de fromage de chèvre sucré, brun, au goût de caramel nommée « brunnost » que peu d’étrangers apprécient apparemment.

A Undredal, la terrasse du camping est au bord du fjord, à raz l’eau. Par la route 50, contournant le parc du glacier d’Harvanger par l’est, nous traversons à nouveau un plateau d’altitude, l’occasion d’une magnifique balade vers des cascades, glanant quelques premières baies arctiques et myrtilles, peu de fruits sont déjà mûrs. Le vert des saules de Laponie est très doux, le sol est meuble mais un bon sentier donne envie de partir pour quelques jours. Le temps est beau, parfois nuageux.

A Hausgastol, nous prenons le train pour Finse et continuons à vélo sur le plateau le long de l’ancienne route ayant servi à la construction du train, actuellement la piste cyclable la plus populaire du pays. Névés proches, calotte glaciaire au loin, végétation basse, fraîcheur, nombreux petits lacs d’altitude, toute une ambiance nordique. Une famille repeignant sa maison de vacances nous explique qu’ils pratiquent le ski de fonds surtout et le ski sailing sur les lacs, c’est-à-dire du windsurfing à ski. Nous redescendons à Hausgastol à vélo, la gare nous offre une place calme pour la nuit, l’occasion d’échanger avec quelque autre vacancier norvégien. Le train se réserve si longtemps à l’avance que nous avons eu des billets grâce à une famille norvégienne nous faisant profiter de leurs billets non utilisés, encore un de ces coups  de chance comme seuls les voyages nous en offrent.

Nous rentrons en longeant le fjord d’Harvanger par le nord, nous arrêtant à la chute  Voringfossen avant Eidfjord, à Ulvik à  une splendide terrasse au bord du fjord  bordé par les vergers et à Oystese pour acheter du cidre. Cette côte est riche en vergers de pommiers, mais la saison débute en septembre; par contre nous nous régalons  de cerises (spécialité de Laerdal) et de framboises.

Pour notre dernière soirée norvégienne, nous campons sur l’île de Sotra, à Skogtun, avec une vue incroyable sur les îles, les rochers, les pins. Le ciel est bleu, la lumière étincelante, mais l’impression d’être au sud disparaît dès qu’on sort: il souffle et fait frais, bon pull pour nous, tenue de plage pour les locaux.

Après un dernier déjeuner chez Joseph, rentrés avec Victoria de leur trek autour du glacier d’Harvanger, nous prenons le ferry, 3 jours plus tard, nous mangeons notre traditionnelle fondue de retour. Le Hanneton  se vide, les cartons se remplissent, et moins d’une semaine après notre retour, nous emménageons dans notre nouveau logement.

Le retour: 10 – 29 août

Halifax – Hambourg:
Traversons l’Atlantique à bord de l’Atlantic Sun, un des deux plus grands navires jumeaux étant équipés pour le transport des containers, et des véhicules, plusieurs étages de garages.

Avons appareillé avec un jour de retard à cause d’une erreur de manoeuvre lors du chargement d’une machine de chantier ayant eu comme conséquence d’endommager une porte, devant être réparée pour que nous puissions partir.


Souvent du soleil, une cabine avec fenêtre, des chaises sur le pont, vent arrière de sorte que nous pouvons être dehors en ne sentant aucun courant d’air, même à une vitesse de 35 km/h, (plus de 19 noeuds), donc une belle traversée, très rapide. Seul notre capitaine est très en soucis car il a donné rendez-vous au pilote de port de Liverpool en s’engageant à rattraper le retard.

Un matin, réveil dans un brouillard épais, aussi dense que celui qui nous fait perdre l’équilibre sur les pistes de ski! Impressionnant d’être sur le pont, aucun repère, on flotte dans le coton et on continue toujours à presque 20 noeuds.

Nos co-passagers sont trois étudiants, scientifiques, intérêt respectivement pour la physique liée à l’environnement et aux conséquences économiques du réchauffement, pour l’écotoxicologie de l’’eau, et la génétique, tous ayant modifié leur façon de vivre pour diminuer leur impact CO2. C’est dire que les discussions sont d’un niveau élevé, ils rentrent très critiques face aux Américains après leur séjour dans la Silicon Valley par exemple. Tout se passe très bien, même si l’ingénieur des machines est plus enthousiaste pour nous montrer les pistons que le traitement des eaux usées, ou que le capitaine très fier de ce bateau « green », c’est-à-dire équipé d’un filtre spécial pour retenir les composés soufrés entre autres, de sorte que notre fumée est blanche, spécifie qu’évidemment le filtre est enclenché que dans les zones spécifiques où cela est requis!
Parmi les bons moments, quelques soirées de jeux comme le Quoridor,

aie….ils sont jeunes, rapides, réfléchissent avec stratégie…mais doivent quand même se mettre à deux ensemble pour battre P.-Olivier aux échecs! Nous nous retrouvons un autre soir les 3 filles devant les cartes du Dobble, Sarah aimerait trouver le schéma mathématique pour sa création. Alors si vous voulez de la gymnastique à neurones: il y a en tout 50 symboles différents, 55 cartes comportant chacune 8 symboles différents, et toute paire de cartes a exactement UN symbole commun. Comment créer les cartes, pourrait-il y en avoir plus? (en fait, 57 serait le maximum).

L’arrivée à Liverpool est impressionnante, le navire remplit l’écluse, il reste entre 20 et 40 cm de chaque côté, et on y arrive de biais! Notre paquebot fait 300 m. de long, à « enfiler » de biais et à ressortir en droite ligne; silence et concentration dans le pont de pilotage, nous sommes envoyés sur le toit, pour suivre à plus de 40m mètres au-dessus de l’eau la manoeuvre sans gêner du tout la visibilité.

Nous pouvons flâner une journée à Liverpool, où l’ancien port a été transformé en zone de promenade très agréable; décidément l’architecture industrielle aux briques rouges nous plaît énormément dans sa version rénovée, y mêlant des lignes et des matériaux modernes comme le verre.

Hambourg: arrivée complexe également puisque nous aurons pilote de mer, puis de rivière, puis finalement de port auprès de notre capitaine. Mais surtout spectaculaire, jusqu’en ville, passant tout près du nouveau bâtiment Elbharmonie, (salles de concert pour orchestre philarmonique, hôtels et….). Le public situé au-dessus de la partie en briques (7 -9 étages?) nous fait signe, nous sommes à leur hauteur, dans une position parfaite pour admirer la ville. Nous irons nous balader au centre, canaux, terrasses, un charmant tout petit bistrot indiqué par des locaux.

Après une matinée de queue et de formalités dont l’utilité et la logique nous échappent totalement, nous retrouvons notre Hanneton, cap sur Amsterdam. Visite que nous résumerons par: des kilomètres de canaux et de belles balades par une chaleur incroyable, des terrasses prises d’assaut par une foule impressionnante et en conséquence pas de billets disponibles pour le musée Van Gogh, mais bien du plaisir quand même.

Etape balnéaire le long de la mer du Nord, en Belgique. Chaleur parfois caniculaire, eau agréable, immense plage, tellement large:du linge à l‘eau, on marche…Paysage pastel à l’extrême, sable beige et brun mouillé, eau gris-bleue, ciel voilé, lumière surnaturelle. Une ligne d’horizon si peu nette, qu’un voilier tout proche, dont la voile et le génois sont bien visibles, semble flotter en l’air, largement au-dessus de l’eau. A ce paysage si spécial, s’ajoute les barres de blocs de béton, gris, surplombant la plage de leur dizaine d’étages. La brume atténue les sons, dans le silence, des pêcheurs ramassent des vers dans le sable, j’observe ce tableau pastel, silencieux mais plein de vie, en appréciant une chaleur y semblant étrangère.


Dernier souper en table d’hôtes dans une ancienne abbaye, l’abbaye du val de Choues, habité par un couple élevant une meute de chiens pour la chasse à courre. Nous nous endormons avec les hululements des chouettes, au milieu de la forêt bourguignonne.
Le lendemain,…..

Ainsi s’achèvent 24529 km, 149 jours de voyage formidable.

Traverser l’Atlantique avec son propre camping car, une bonne idée?

OUI, définitivement.
Mais voici une esquisse de réponse plus rationnelle prenant comme hypothèse que nous avons arrêté de travailler pour voyager et que le sud-ouest des USA était une des régions de nos rêves.
Esquisse de bilan CO2 pour les 5 mois, début avril-début septembre, pour nous deux
  • Trajet en cargo transportant des containers, des machines de chantier et autres camions: Le Hanneton n’a pas compté pour un millième de la charge transportée, notre cabine était une cabine non occupée par l’équipage. Nous considérons donc notre contribution CO2 comme nulle. Pour rappel, nous avons vu sur le bateau le traitement des eaux usées avec inactivation bactérienne et la gestion des déchets.
  • 23500 km avec notre Hanneton, 9.3 l de diesel/100km (valeur de l’ordinateur de bord) : 8.5 tonnes CO2 (référence site web My climate). Là, vous dites Aie,Aie….comme nous!
  • Autres consommations liées à notre vie en camping-car:
  • Environ 25 litres d’eau par jour, en restant fréquentables: 1 douche par jour et par personne) et en en consommant beaucoup sous forme de thé, tisanes et eaux de cuisson.
  • Environ 20 litres de propane par mois (un peu de chauffage, frigo, petit compartiment congélateur, eau chaude). La consommation serait doublée par des températures hivernales.
  • 40 ml de produit à vaisselle par mois. Astuce: laver sans produit, puis une goutte de produit sur la brosse, laver sans autre eau puis rincer. Produit de douche et autres utilisés avec la même parcimonie.
  • Liquide pour les toilettes: adapter les quantités au besoin selon la chaleur. En Europe, produit compatible avec les fosses septiques, ou produit biodégradable aux USA. La variante serait de passer aux toilettes sèches, ce qui est faisable si vous partez avec un camping-car fait sur mesure.
  • Electricité: autonomie complète grâce au panneau solaire: ventilation du chauffage, lumières LED, pompe à eau, recharge des téléphones, lampe anti-moustiques, appareil de photo. Ondulateur branché sur le moteur pendant que nous roulons pour recharger l’ordinateur.
  • Surface impactée pour notre logement (facteur important des bilans écologiques): nous avons quitté la maison familiale située dans un environnement propice à une famille active professionnellement au profit d’un appartement dans un endroit de vacances où les logements sont généralement vides. Notre société devrait aider financièrement les retraités pour ce genre de déménagements, vu la peine que les jeunes ont à se loger.
  • Autre consommation liée à la vie nord américaine:
  • Les aliments sont sur-emballés et la vaisselle de tous les petits restaurants et snacks est jetable. Nous avons donc généré beaucoup plus de déchets que d’habitude. Nous avons au moins utilisé nos sacs pour les courses et essayé de dialoguer à ce sujet, avec des retours positifs.
Si nous n’avions pas pris notre Hanneton,
  • Option 1: vol à San Francisco et voiture louée, impensable financièrement vu les hôtels et les repas au restaurant à ajouter.
  • Vol: 7.1 tonnes CO2.
  • Voiture: 15000 km à 7l/100km: 3.8 tonnes. Les kilomètres ont été diminués vu que nous n’aurions pas eu à traverser le continent.
  • Total : 10.9 tonnes CO2.
  • A cela s’ajoutent les impacts annexes de la vie en hôtels et aux restaurants, vaisselle jetable par exemple.
  • Option 2: vol à San Francisco et location d’un camping-car
  • Vol: 7.1 tonnes CO2.
  • Camping car américain au départ de San Francisco: 15000 km à 20l essence/100km:10.9 tonnes. C’est la consommation des plus petits camping-cars américains!
  • Total : 18 tonnes CO2.
  • Option 3: vol pour nous et son propre camping car sur le cargo.
  • Vol 7.1 tonnes CO2.
  • Camping-car: 8.5 tonnes CO2.
  • Total CO2 : 15.6 tonnes. C’est une option couramment choisie, quel dommage quand on a le temps! En plus, la traversée est une expérience intéressante.
  • Option 4: rester à la maison et ….déprimer, vu que nous ne sommes pas des artistes capables de s’évader grâce à nos compétences…. La moyenne suisse est de plus de 4.5 tonnes de CO2 par personne, sans considérer le transport international maritime et en avion (OFEV 2017). Mais en comptant les marchandises importées, elle grimpe à 14 tonnes! (OFEV, 2015) Vu notre consommation diminuée de manière globale (peu de biens de consommation) et le peu d’utilisation de la voiture en Suisse, il est difficile d’estimer si 4.25 tonnes par personne pour 5 mois (8.5/2) nous mènent en-dessous ou au-dessus de 14.5 tonnes. Disons que l’impact de notre voyage est au moins partiellement compensé par celui de notre changement de mode de vie.
Notre bilan CO2 est beaucoup trop élevé relativement aux objectifs qu’il faudrait atteindre pour la santé ou plutôt la convalescence de notre planète (1.5 t. /hab.en 2050, OFEV 2017), mais l’option de voyager en cargo avec notre camping-car permet de diminuer son impact environnemental relativement à celui engendré par les moyens de transport courants.
Alors, une question à tous les retraités voyageurs si nombreux que nous croisons: Pourquoi des voyages si souvent courts et en avion?
  • Pour gagner du temps pour….? Partir ailleurs et encore augmenter votre impact?
    Je provoque, non c’est humain. Si notre visite des USA n’avait pris qu’un mois, d’autres projets nous auraient tentés pour les autres mois.
  • 12 jours sur un bateau c’est long, mais chez vous ne vous arrive-t-il pas de flegmer une semaine entre lectures et autres activités sédentaires? Parfois d’autres considérations entrent en ligne de compte, la famille, des événements spéciaux mais pas systématiquement.
  • Des voyages longs sont plus difficiles pour la famille qui reste, et là il est vrai que chaque personne a son histoire et décidera du compromis acceptable.
  • Des voyages longs demandent plus d’organisation, paiements à distance etc…Mais nous sommes de mieux en mieux rôdés; et est-ce normal de nos jours que certaines organisations refusent un système de paiement à distance! A eux de s’adapter, pas à nous!
  • Le plus difficile, émotionnellement: s’alléger définitivement de tous « nos fils à la patte » tels que le jardin, le chat, et autre poisson rouge ainsi que des souvenirs matériels encombrants sans léser un animal évidemment… Que d’autres en profitent est aussi une satisfaction.
  • Ce mode de vie est déséquilibré, nous ne voyons pas notre entourage pendant quelques mois, sauf 24h/24h son adorable conjoint…Et ensuite c’est la grande vie d’invitations en rencontres. J’ai adoré avoir du monde chaque semaine pendant 10 semaines de la saison de ski chez nous à la montagne; on apprécie tellement mieux sa région en la faisant découvrir aux autres! Pour maintenir une bonne vie saine active et régulière, ce n’est pas top mais pour un esprit jeune et créatif, il paraît que le changement perpétuel c’est la santé!

En conclusion, n’oublions pas de nous poser les bonnes questions à chaque départ, et si nous choisissons l’avion dans certains cas, au moins payons nos compensations même si ce n’est qu’une solution très partielle, et militons au maximum pour faciliter la diminution de notre impact:
  • Pour plus de trains de nuit,
  • Pour la possibilité d’être embarqué sur les cargos sans que cela devienne des croisières de luxe déguisées,
  • Pour améliorer la prise en charge et la place des bagages dans les trains,
  • Pour plus de wagons cyclo-compatibles,
  • Pour plus de transports de voitures par le train, même en-dehors des mois d’été.
Nous, les retraités représentons une forte proportion des voyageurs de loisir avec en plus un pouvoir d’achat certain, donc nous pouvons et devons faire entendre nos revendications.
Et notre hanneton a vécu une vie de starlette pendant 3 mois et demi
Fini les:
« I love your véhicule, so cute! » reçus à la volée dans les parkings
Les visiteurs dans chaque camping, presqu’en file…
« It must be so nice to drive it » par les chauffeurs d’immenses pick up avec caravane
9.3 l/100km: Amazing! Unbelievable!
Les pouces levés et les sourires aux feux rouges, « I love it »
« No electricity required and no generator? How do you do? » A l’entrée des campings alors que la région est si généreuse en soleil

Yellowstone ou une semaine sur un couvercle de marmite à vapeur en surchauffe

La surprise de l’étape: qui est ce nageur?Nous sommes en camping au milieu du parc grâce à une colocation de place in extremis, avec un jeune couple de Bernois. Partis à 6h20 avant déjeuner, nous sommes arrivés vers 9h30, bien trop tard. Ils étaient devant nous dans la file et ont eu l’avant-dernière place, ouf! Après 2 jours, nous gardons la place pour nous, prêts à la partager, mais n’avons aucune demande dans ce sens. Ce n’est pas trop la coutume.Nous roulons de geyser en vapeur fumante, et en petits lacs bouillants de différentes couleurs. C’est magique!
En résumé: Une éruption a eu lieu il y a 640000 ans, laissant un immense cratère de plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre. Ce cratère solidifié est mince, la croûte terrestre n’a que 2 à 5 km d’épaisseur. L’eau de pluie et la neige percolent à travers cette croûte et atteignent des roches chauffées  par le magma. Sous pression par la chaleur,  et surélevé de 600 mètres par le jeu des plaques tectoniques, cette eau sort un peu partout dans ce parc. S’il y a constriction, cela fait des geysers, si le canal de sortie est plus large, des lacs fumants, des sources chaudes et des lacs de boue en ébullition continue si l’eau a dissout beaucoup de roches lors de sa montée. La vapeur , qui peut atteindre plus de 200°C,  se chargent aussi de minéraux tels que l’arsenic, le manganèse, le fer par exemple, tous colorés.
Mais la géothermie se complète par la microbiologie! Un voyage aux origines de la vie. Nous pouvons contempler les mares et lacs d’un turquoise parfait et lumineux et les ruisseaux oranges et verts d’un oeil purement artistique, ou réaliser que nous sommes devant des populations de bactéries vivant dans des conditions extrêmes, étudiées comme « modèle » du début de la vie. Des algues et des bactéries dont des thermophiles extrêmes, vivent à l’aise certaines à 70°c, d’autres à 50°C, certaines en milieu alcalin, d’autres en milieu acide. Les bactéries spécifiques à diverses températures ont des pigments différents d’où des mares vertes pour les algues (préférant le tiède), oranges ou bleues turquoises pour les bactéries. Un vrai thermomètre coloré! Certaines bactéries spécifiques se royaument dans une eau acide, transformant les oxydes de soufre en acide sulfurique dans un milieu très riche en fer. Elles sont étudiées car ce sont des conditions assez similaires à celles de la planète Mars. La palette de dame Nature peintre est donc bien odorante! Ailleurs, la silice à la blancheur de porcelaine se dépose autour de certains geysers.  

La fréquence des éruptions est très variable, les geysers connectés par leur réseaux souterrains ont des éruptions aléatoires alors que les solitaires sont plus réguliers, pour la joie des touristes qui arrivent au spectacle à la bonne heure.
Entre les groupes de geysers, sources chaudes, trous bouillonnants et rugissant comme des portes de l’enfer, nous parcourons des étendues de forêts, de prairies de sauges et de zones humides incroyables, entre 1900m. et 2700m. d’altitude. Là, c’est la traque à la faune, en voiture, assez rocambolesque. Les photographes de petites fleurs peuvent créer un attroupement, un bouchon….comme les bisons ou les wapitis décidant de traverser la route.  

Pour nous, la bonne surprise aura été un bison décidant de changer de rive de rivière. Nage tranquille, sortie de l’eau un peu lourdaude, puis il s’est ébroué la tête comme le font les chiens! Mais la tête d’un bison, c’est vraiment impressionnant!Nous optons pour des levers tôt, retour à la tombée de la nuit, histoire d’admirer les geysers sans la foule et de voir plus d’animaux le soir. 
Troupeaux de wapitisUn coyote un peu paniqué m’oblige à bien ralentir
Pour les balades, nous peinons un peu à dire vrai. Les geysers sont ce qu’il y a de plus spécial relativement aux autres parcs et pas besoin de grandes marches pour les admirer, de jolies petites balades permettent quelques beaux points de vue relativement tranquilles. Nous sommes drillés à chaque début de sentier, à chaque discussion avec les rangers, sur chaque table de chaque place de camping, lors de l’achat de….notre spray contre les ours. Nous pourrions mimer en dormant les bons gestes devant l’ours non agressif, le grizzli agressif, et celui ayant passé à l’attaque, également différencier l’ours noir et le grizzli par le profil et par les traces. Mais pour partir en longue marche, nous avons un peu d’hésitation, bien que les risques pris en roulant jusqu’ici soient bien plus importants! 

Un jour nous roulons plus de 200 km dans le parc, pique-niquant, nous arrêtant systématiquement aux bonnes clairières à la bonne heure pour admirer enfin ces fameux ours. Rentrés bredouille de nuit au camping, le voisin arrive: « Faites attention, ne sortez pas de nuit, une ourse et ses 2 rejetons étaient ici même, dans le camping, aujourd’hui ».  
Le lendemain, nous améliorons notre technique: nous nous arrêtons comme toujours lorsque nous voyons des voitures arrêtées pour apprendre qu’il ya eu des ours, qui sont maintenant partis. Schéma classique. Nous décidons de rester sur place lorsque tout le monde s’en va, et en effet les 2 ours noirs se sont remis en marche, nous les avons vus!
Nous quittons le parc par le nord est, la vallée de Lamar, vallée glaciaire magnifique. Là, de petits groupes de voitures se sont arrêtés pour différentes mères ourses noires avec leur ourson. Nous les avons manqué de peu et décidons de rester sur notre place d’évitement. L’avantage avec notre hanneton, c’est que nous avons toujours le garde manger, le tricot, la lecture, les jumelles avec nous! L’ourson revient, mais je le repère en marchant, où est la mère? Nos jumelles et nos regards bien dirigés vers cet « adorable » ourson noir au museau clair, commencent déjà à créer un début d’attroupement. Là, la mère arrive tranquillement, …et se dresse, quelle bête impressionnante, les consignes si bien répétées ne sont appliquées par personne! L’ourson choisit de brouter et fouiner le sol en se rapprochant toujours plus de nous, les 90 mètres de sécurité ont grandement rétréci, la mère ne suit pas, nous ne la verrons plus. Nous avons regagné la proximité de notre hanneton, et réalisons que cet ourson a déjà bien la taille d’un petit mouton. Perdu de vue, puis revu plus loin, l’ourson aura fait une promenade d’en tout cas 1 km le long de la route, créant un bel embouteillage. 

Nous quittons le Yellowstone, et passons le lendemain le col de Beartooth à plus de 3300m., névés, vent, grands plateaux, canyons avant de descendre dans les grandes plaines.

Départ pour le Nord: Bear lake, Jackson et Grand Teton National Park, 29 juin – 9 juillet

La question du jour: de quelle langue est issu le mot « orignal » ? Une bonne bouteille à partager sur l’Alpe est en jeu!
En route pour le Yellowstone, une découverte le « Bear lake », eau claire, nous nous baignons, campons à raz l’eau en compagnie d’un couple de pélicans.

S’ensuit un arrêt dans un vrai camping équipé, et une journée nettoyage, lessive, où tout est sorti du camping car, TOUT!! Nous retrouvons une bière qui avait filé dans les sous-sols….Par chance, nous avons pu obtenir une place pour tente et non pour camping-car: sans voisins avec générateur, avec plus d’arbres, le glouglou de la rivière et beaucoup d’espace!
Jackson:
Une petite station à 1900 m. d’altitude, des maisons en bois, style « cow-boy touristique », et surtout une poste restante supposée garder le courrier. Deux bureaux de poste, nous nous rendons dans le mauvais bureau, celui n’ayant pas la poste restante, mais nous y faisons la connaissance de Jane, venant nous proposer de nous mener au bon bureau et de nous loger dans sa cour quand nous le désirons, en tout cas pour le 4 juillet (fête de l’indépendance) qui est dans 2 jours. En attendant, nous partons pour Grand Teton NP.
Grand Teton National Park:
Une vallée glaciaire très large, verte, des prairies de sauge, des zones humides, de la forêt surtout sur les pentes et des montagnes enneigées bordant la vallée. Nous passons une journée à « traquer » l’animal sauvage en voiture….la meilleure tactique étant de s’arrêter où d’autres voitures sont stationnées. Nous admirons, souvent à l’aide de nos jumelles, quelques orignaux,

un grand troupeau de bisons (les mâles peuvent dépasser la tonne),

quelques wapitis et des antilopes américaines tellement gracieuses (la kératine de leur cornes pleines tombent chaque année, animal le plus rapide du continent américain, pointes à 86 km/h).

Nous prévoyons de marcher autour de 2 lacs, (two Ocean lake et Emma Matilda lake) moins peuplé que le lac Jenny, magnifique mais bondé. Des essaims denses de minuscules moustiques, un panneau « Etes-vous prêt à être attaqué par un ours » complétant les innombrables messages de prévention habituels nous font faire demi-tour.

Je suis piquée à travers les habits fins, c’est insupportable. Plus loin, un grand attroupement sur la route, des rangers, donc nous allons aux nouvelles. Une jeune grizzli de 2 ans, un peu perdue de vivre hors du giron maternel depuis quelques mois, fait la sieste dans la prairie. Nous voyons juste sa tête grâce à nos jumelles. C’est une bonne chasseuse qui a déjà tué plusieurs jeunes bisons mais a été rôder dans un camping tout proche. En conséquence, elle porte un collier pour être suivie. Si elle retourne trop souvent au camping, elle sera euthanasie comme d’autres de ses congénères chaque année. En attendant, il semble qu’elle n’ait pas envie de sortir de sa sieste, malgré ou à cause de l’énorme public qui la guette. L’occasion de discuter avec des rangers nous apprend que la balade que nous avions tentée se situe dans une zone réputée pour ses grizzlis mâles! Heureux d’y avoir renoncé, nous partons le lendemain autour des lacs Taggart et Bradley, site prisés des ours noirs (qui peuvent être de différentes couleurs mais sont plus peureux moins souvent agressifs).

D’ours, nous ne verrons qu’une crotte fraîche, mais une belle végétation, toujours beaucoup de fleurs, et la belle vue sur les Tetons, dominant la vallée de leur 4000m.

Retour à Jackson:
Nous nous installons dans la cour de Jane et Dick,

sommes immédiatement embarqués pour un apéro, un souper et une soirée dans un pub « cow boy », animaux empaillés, décoration de bois, grizzli empaillé ayant été tué à mains nues par un chasseur réputé, peintures de diligences, tout y est, sauf l’orchestre local pas du tout de style country.

On danse, P.-O se désespère de toute notre tablée qui a décidé de passer la soirée à l’eau du robinet avec glaçons. Il faut boire de l’eau à cause de l’altitude selon une bonne marcheuse sportive, nous transmettrons ….de retour en Suisse! Nous rentrons rapidement, mais tout de même les derniers de la tablée.

Le lendemain matin, parade du 4 juillet, Jackson est une ville réputée pour la fête nationale. Le cortège comporte beaucoup de véhicules, défilé de jeeps, de camions pompiers rutilants, voitures anciennes. A cela s’ajoute les scouts, les associations de toute sorte, et les représentations commerciales, comme les banques. peu de piétons, un seul orchestre, pas de char fleuri, mais la police à cheval.

Le soir, en route dans le vieil SUV, selon Dick cela fait partie de notre visite des US, nous sommes invités à un souper canadien extrêmement sympathique chez une de leurs amies architecte, mares dans le jardin, vue sur les montagnes. Une vingtaine de personnes, toutes plus intéressées par notre voyage les unes que les autres, nous sommes plus qu’accueillis, nous sommes attendus!

Tout ce monde est sportif, se connaît par les marches en montagne et est férocement démocrate! Jane et Dick viennent de New Jersey et ont de la parenté ayant travaillé directement pour les Clinton. La politique n’est pas un sujet favori tellement la situation de leur pays les révolte. Délicieux plats maisons, pies, mais vers 21h. la soirée est terminée.

Nous nous installons sur la terrasse du toit chez Jane et Dick pour admirer le feu d’artifice.

Jane est extrêmement chaleureuse, Dick est dans une excellente forme physique, ayant passé adulte du télémark au snow board; nous espérons les accueillir chez nous un jour.

Et retour dans le Grand Teton NP
Nous nous installons dans la partie nord cette fois, à Colter Bay, au bord du Jackson lake.
Merveilleuse marche le long des rives et dans des forêts denses, où nous progressons seuls, poussant parfois une « boêlée », selon les recommandations dans les endroits sans visibilité sur la suite de notre trajectoire, pour éviter de surprendre un ours. L’idéal serait d’en observer un de loin, ou sans qu’il nous ait vu. Ce n’est pas encore pour aujourd’hui.

Magnifiques coup d’oeil sur les montagnes, les rives et retour le long de ruisseaux, de mares. Notre seconde marche nous fera suivre le « Cascade canyon », balade le long d’une importante rivière, neige sur les hauteurs vers 2700m., magnifiques reflets dans le torrent s’élargissant parfois en se partageant en plusieurs bras séparés par des îles recouvertes d’arbustes, un délice pour l’énorme orignal mâle (ou élan) que nous contemplons en plein repas.

Ses bois, tombant à chaque automne et repoussant chaque printemps, poussent de 2.5 cm/jour, pouvant atteindre un poids de 20 kg. Au début du printemps, ses bois sont recouverts d’une peau dite de velours.

Deux jours supplémentaires de calme et repos: téléphones en Suisse pour le plaisir d’avoir d’excellentes nouvelles, (bravo à Joseph pour son excellent master, bonne humeur de Nathalie en Pleine Forme); petite trempette pour moi dans le lac, pas si froid vu la neige et les cascades alentour, bricolage et entretien après plus de 16000km., grillade, amélioration de la fabrication maison du pain, une des rares mauvaises découvertes dans ce pays, à mettre dans la même catégorie que les générateurs des gros camping-cars.
Le nouveau jouet: une seule fonction mais elle est pliable ce qui lui a valu une exemption à la règle! (Jacqueline’s rule: tout objet doit avoir au moins deux utilisations pour entrer dans un cc).
L’occasion aussi d’aller à une causerie d’un rangers nous expliquant encore et encore que nous ne devons rien laisser comme déchets ou nourriture pour que la faune sauvage le reste, que l‘ancienne attitude dans les parcs favorisant le contact avec les ours est bien terminée. Personne ne peut ignorer la différence de morphologie entre un ours noir et un grizzli, le port recommandé du spray anti-ours, de ne jamais courir, ni de laisser de la nourriture dans sa voiture. Pour le moment, nous vivons au milieu des écureuils roux ou rayés et des petits rongeurs (pika) qui sont absolument partout en nombre,

et les mini-moustiques sont ceux qui nous agressent!

San Francisco, 23 – 27 juin 2019

Le détour était de taille, quelque mille kilomètres, mais Pierre-Olivier n’ était jamais allé….Alors en route….
Rouler en Californie, atteindre la ville par le Bay bridge, être dans la bonne présélection en ville, confier notre hanneton à un chauffeur qui l’a mis dans son parking privé, et ressortir de la ville 4 jours plus tard, rien n’a été simple et ce n’est pas le conducteur qui a eu le plus de sueurs froides. Il n’y a pas de parking-camping où nous aurions pu dormir.
La circulation beaucoup plus nerveuse, la grisaille, l’humidité du Pacifique, les prix qui prennent l’ascenseur, les sans-abris sur les trottoirs, nous arrivons par Tenderloin, un quartier où les guides recommandent de ne pas aller. Où est la Californie rêvée par les colons, celle des vergers, du soleil et du mythe américain ?
Choquant de voir un aveugle mendier pour pouvoir aller se faire soigner les yeux dans le pays des technologies de pointes. Ceci est connu, mais le constat sur le terrain est prenant. Est-ce encore la ville où le crack est bon marché, est-ce les prix si élèvés en Californie qui génèrent plus de pauvreté, je ne me permettrais aucune analyse hâtive, mais force est de constater que la déchéance humaine visible dans les rues du centre, même touristiques, animées, hors de Downtown ou Tenderloin, est triste, choquante par le nombre de personnes de tout âge totalement dans leur monde, au comportement parfois hystérique, au physique également en mauvais état. Ceci en plus de la pauvreté des sans-abris.
Mais aussi quelques bonnes découvertes:
Le quartier chinois, une ville authentique de 150’000 habitants, un petit restaurant où les clients se connaissent ( Pacific str. , ) de nombreuses épiceries. Avec les conseils d’une jeune Chinoise, nous nous achetons des fruits beaux rouges, des mangues jaunes bien différentes de celles que nous connaissons, délicieuses. Mais le soir, le quartier est mort, tout est fermé. Même la journée, ce quartier populaire par bien des aspects est exempt de sans-abris ou de drogue dure visible.

Quittance de restau

En-haut, en-bas, nous montons et descendons quelques-unes des collines; incroyables par leur nombre et la pente.

Une visite sympathique, celle de la centrale des câbles auxquels les fameux funiculaires s’accrochent grâce à un système de pince pour être tiré ou retenu. Le charme de la ville est là intact.

San Francisco, ville mythique pour notre génération, capitale de la contre culture en 1967, qu’en reste-t-il?

Aucune nostalgie dans les mentions de cette période il me semble. Reste le cannabis libre, voir promus dans les brochures destinées aux touristes, avec la recommandation de le consommer en privé et non dans la rue. Alors là, on tombe dans l’hypocrisie politiquement correcte!
La petite maison en mauvais état de Jimi Hendrix, des peintures murales présentant Janis Joplin entre autres, dans ce quartier de maisons victoriennes, délaissées après la seconde guerre mondiale par ses propriétaires riches lors du développement de la communauté noire. Une aubaine pour les 50 000 hippies s’installant dans le quartier et ses parcs durant ce fameux été 1967.

Le quartier Castro, est très calme, maisons victoriennes refaites, entretenues pour la plupart, une habitante nous confie qu’actuellement c’est le quartier où acquérir une maison est mission impossible.

A deux pas de là, un quartier bien animé, quelques ruelles extrêmement étroites où les magnifiques peintures murales appellent à la lutte des classes, à la justice, parlent racisme, exclusion, souffrance, parfois de façon simpliste. Nous y rencontrons un jeune professeur ou éducateur essayant de déclencher la passion chez un groupe d’adolescents, une caricature, autant par certaines explications simplistes, que par la non-réaction de son auditoire! Je n’ai pas pu m’empêcher de l’écouter sur le chapitre « mise en bouteilles de la totalité de l’eau mondiale par Nestlé et Coca Cola ». Ces peintures restent toutefois tristement d’actualité, celle concernant l’immigration en venant du Mexique interpelle évidemment dans le contexte actuel.

Et puis, nous L’AVONS TROUVÉE!

« C’est une maison bleue accrochée à la colline….. ». verte à l origine, repeinte, mais elle est mignonne, bien tranquille dans le quartier Castro.

Ainsi que le Golden Gate bridge comme les cartes postales ne le montrent pas!

Et la suite de la chanson « San Francisco s’embrume,…. »

Las Vegas- Grand Canyon-Mesa Verde-Monument Valley-Valley of the Gods, 13 – 24 mai

Nous commençons par faire étape à Chloride, dans un petit camping au charme cow-boy home sweet home craquant, dans un paysage grandiose, collines, couleurs ocres, broussailles aux alentours. Par un soleil tapant, ciel bleu sans nuages, plusieurs machines à laver et un étendage disponible. En quelques heures, le hanneton ne contient plus que du propre, de nos armoires à la cuisine en passant par notre coin à dormir. Chloride, petite ville minière fantôme, a un second souffle baba cool.

Grand Canyon National Park: Pierre-Olivier conduit, il sait que les rives du canyon sont à plus de 2000m. d’altitude, il ne peut s’empêcher de s’étonner de ce paysage plat, de ce canyon qu’on ne voit pas jusqu’aux derniers mètres. Nous arrivons en fin d’après-midi, les couleurs sont formidables de rose, de mauve et cette grandeur! Quelques nuages en fin d’après-midi nous masquent le coucher du soleil, tant pis.

Le camping à l’intérieur du parc est plein, comme prévu. Suivant les conseils reçus dans un camping moche hors du parc où il y avait de la place (!), nous allons dormir en forêt à une encablure de l’entrée du parc. Des foyers y sont même aménagés.

Le lendemain, nous marchons le long du bord du canyon, après quelques miles, il n’y a que des attroupements aux points de vue desservis par le bus. Je prends plaisir à juste contempler les couleurs, les reliefs et l’immensité de ces couches érodées par l’eau et le vent. Le musée géologique explique la formation de ce paysage incroyable, le choc d’une chaîne de volcans et de la plaque américaine, les périodes d’accumulation de sédiments lorsque toute la région n’était que mer, les soulèvements et plissements, fractures et l’action d’érosion du Colorado.

Le jour suivant, Pierre-Olivier descend dans le canyon, …. jusqu’à Plateau Point donc plus loin que le point atteignable en une journée de marche selon les Rangers (Indian Garden).

Il rentre bien fatigué, mais aura mis que 6 heures aller et retour ! Je suis malade, les oscillations brusques entre les 32°C et la neige, en plus de la climatisation dans les bus et les casinos de Las Vegas ne m’ont pas convenu. Mais la contemplation des couleurs peut se faire magnifiquement bien par balade tranquille en-haut du canyon, quel plaisir!

Puis, après nous être mis en route à 5h. pour le lever du soleil, nous partons pour Desert view, le côté Est du parc où nous arrivons tôt (9h30) au camping et avons ainsi une place. Les départs se faisant entre 9h. et 11h., à 11h 10 il est plein! Nous sommes accueillis comme dans bien d’autres endroits par un couple charmant de volontaires, gérants. Ce sont des retraités, très motivés, souriants, prenant le temps de s’occuper de leurs hôtes, et arrondissant ainsi leur revenu. Ils logent sur place, dans un grand camping-car ou caravane, entouré de beaucoup de fantaisies décoratrices! Pour les campeurs, chaque place a une partie goudronnée pour la voiture ou le camping-car, un foyer, une table avec bancs, (manque juste un peu de chaleur….), une place plate pour une tente et un petit poteau pour marquer que la place est occupée. Ainsi, chacun peut s’absenter la journée, et retrouver sa place le soir. Pas de douche, pas de vidange des eaux et pas de grands camping-cars acceptés, mais un environnement sympa. Nous y apprécions d’avoir quelques contacts et la vue sur l’Utah, plat, et les autres canyons latéraux, sublime, est à quelques 10 minutes à pied.

Après une belle mais fraîche soirée d’anniversaire pour Pierre-Olivier avec grillade au feu de bois et pommes de terre à la braise, la pluie, le vent nous font enfin passer une journée de remise à niveau, concernant les écritures, les téléphones etc…Pour du travail avec internet, ce n’est pas facile. Imaginez des heures sur un parking de magasin….ou dans un hall, toujours avec des réseaux très lents, vous envoyant nos quelques photos progressivement…
Les prochains jours, les paysages de plaines caillouteuses, rouges, ocres ou vertes de broussailles clairsemées se suivront, coupées de barres rocheuses. L’immensité, les couleurs, les jeux de lumière, parfois quelques passages de pluie se succèderont comme un film artistique, une série de tableaux. Nous sommes juste frustrés de ne pas être capables de rendre par la photographie l’immensité et les nuances de chaque instant.

Après l’immensité du Grand Canyon, nous descendons à pied dans le canyon de Chelly, plus étroit, haut que de 300 mètres, tapissé de belles prairies au fond où des Navajos vivent encore actuellement.

Les plissements, les couleurs dorées des roches sont de véritables oeuvres d’art abstrait. En face de nous, une ruine de maison Pueblo dans la falaise comme celles que nous verrons à Mesa Verde.

Mesa Verde: tout d’abord une arrivée en fin d’après-midi à l’entrée du parc, dans une météo de brouillard et de pluie-neige.

Une employée charmante me demandant avec grand sourire: vous passez la nuit chez nous ce soir? Oui, cela nous semble évident,…Un peu moins quand la route continue à monter, en devenant de plus en plus blanche d’une bonne couche de neige mouillée. Le camping est à 2500 m. d’altitude, le ciel se dégage un peu, des chevreuils nous y accueillent. A l’entrée, nous recevons notre lot de consignes concernant notre comportement face aux ours, gestion de la nourriture et des déchets, usage des foyers, gestion du bois de feu. Par la tempête de neige, il paraît que les ours ne pensent pas plus aux balades que nous aux grillades! Le plan semble de redescendre au plus vite le lendemain.

Le jour se lève sur une bonne couche de nouvelle neige mais le ciel se dégage et les routes ont été en bonne partie ouvertes.

Nous allons voir depuis les falaises leur faisant face les habitations troglodytes des Pueblos, peuple agricole ayant vécu sur ces terres de 400 à 1300 ap.J.-C.

Le maïs, la confection de paniers, le tissages, l’élevage du dindon entre autres nourrissaient cette civilisation prospère jusqu’au 12ième siècle (autre que celle des Indiens Navajos ou Hopi). Une période de sécheresse et de vent a fait chuter les récoltes, les clans se faisant la compétition pour survivre, d’où un besoin de défense. La population a diminué, les familles ont construit des maisons aux nombreuses pièces à plusieurs étages y compris des salles de cérémonie, dans les cavités de la falaise du canyon. L’accès se faisait par des échelles, des cordes; mais ces structures collectives n’ont été utilisées que 75 ans environ. D’un coup, tous sont partis au sud s’intégrer dans d’autres tribus indiennes. Nous passons une bonne matinée à observer avec nos jumelles parfois, tous ces hameaux et redescendons de Mesa Verde pour un délicieux repas mexicain à Corteze, agglomération qui n’en finit pas de s’étaler le long de sa « main street ».

Les paysages deviennent plus arides, des barres rocheuses aux formes et aux couleurs variées ponctuent notre route en approchant de l’Utah. Nous sommes à nouveau en territoire Navajo; leur hameaux se composent de maisons traditionnelles, Hogan,

d’habitations modernes mais très simples et de mobil-homes. Les personnes âgées vivent dans les hogans, où se déroulent aussi les cérémonies. Les hameaux sont minuscules, chaque famille ou clan vit de façon très isolée. Au milieu du plateau, où on se sent parfaitement seul, un bus scolaire part dans un chemin de terre, un écriteau indique un arrêt.

Impressionnant de voir tous ces bus rentrer vers 16h. vides, et d’imaginer les kilomètres parcourus pour ramener les quelques enfants d’une famille.

L’Utah: paysages de westerns: les « mesas » , montagnes plates très larges comme des tables, les « buttes », mesa érodées se dressant tels des cubes et les aiguilles dressant leur forme étroite érodée par le vent et le sable leur donnant des allures de personnages, de colonnes, parfois chapeautées.

L’arrivée à Monument Valley, ce sont toutes ces formes rouges dans le lointain et finalement un point de vue dominant toute une vallée où ont été tournés les premiers westerns avec John Wayne. S’éloignant du monde, nous prenons plaisir à une randonnée parmi cette végétation de broussailles, sauge « sagebrush », cactus aux fleurs roses, genévriers.

Le silence est superbe. Puis, le temps étant sec, nous décidons de descendre en fin d’après-midi la piste pour aller découvrir les reliefs rouges. Quand on visite, il faut s’intégrer aux habitudes locales, donc en avant pour la visite en voiture! L’occasion pour notre hanneton muni d’une fonction traction + et de l’option « tortue « permettant les descentes raides au ralenti de s’aventurer où les campings-cars n’ont pas le droit de batifoler.

Cette piste nous emmène vers de beaux exemples de plateaux rouges érodés. Nous sommes seuls à John Wayne point.

Soirée passée avec deux frères, nos voisins campeurs; nous sommes quasi seuls dans ce « camping »: terrain vague à l’entrée du parc loué par un Indien y ayant bricolé quelques cahuttes sanitaires (que nous ignorons, évidemment).

Le luxe de ce camping, nous explique ces 2 jeunes très sympathiques, est le droit d’y faire du feu. Ainsi, nous nous retrouvons à passer une soirée très fraîche en leur compagnie. Ils ont apprécié mon gâteau au séré, mûres, confiture de fraises et biscuits à la cannelle!

Ils sont plus que polis, respectueux à l’extrême envers nous, et viennent du sud du Texas. Très vite, ils nous présentent un autre regard de la politique actuelle aux USA. Ouverts, ayant très conscience de ce qui étonne les Européens, comme la liberté de posséder des armes par exemple, insistant sur la manipulation opérée par les média (tant CNN anti-Trump que Fox pro-Trump), leur vision est que le gouvernement ne doit s’occuper que du maintien de l’unité du pays et de sa défense. Au Texas, peu de taxes, beaucoup d’opportunités de faire fortune surtout par des métiers manuels, donc assez de travail pour tous, juste le taux de chômage nécessaire à l’innovation; mais des gros problèmes de délits liés aux Mexicains illégaux. Un pouvoir économique augmenté depuis quelques années, la liberté des armes comme manière de garantir la démocratie et de diminuer les crimes et une certaine efficacité des murs dressés déjà dans certaines villes pour empêcher l’immigration illégale de personnes ne désirant pas travailler et l’exportation de certaines usines pour une production hors taxes. D’emblée, leur recommandation tout-à-fait sérieuse: aller en Californie et vous aurez une autre version, car le contexte y est différent. Pierre-Olivier partage leur bourbon, l’ambiance était à l’échange et à l’écoute.

Valley of the Gods: Continuons sur notre lancée!, autre visite d’un coin de nature sauvage en voiture! C’est 30 km quand même! Une piste en terre, avec cailloux, creux, dévers, lits de rivières, grimpette où il faut prendre de l’élan se terminant par un virage à flanc de coteau, sans aucune visibilité sur la suite mais des mesas, butes et aiguilles loin des touristes.

Le silence, la grandeur et la sérénité des ces paysages, et la constatation que beaucoup y campent nous amènent à nous nous y arrêter pour la fin de l’après-midi, la soirée et la nuit.

Je tricote un peu, en appréciant le paysage et le calme me demandant si ma laine transmettra le virus du voyage ou la passion pour la géologie à la prochaine génération. Enfin nous soupons dehors, en contemplant les changements de lumière.

Peu de cris d’oiseaux, aucune trace d’animaux le lendemain, j’ai beau chercher; la nuit a été très calme. Nous nous levons tôt pour le lever du soleil.