
Grand Canyon National Park: Pierre-Olivier conduit, il sait que les rives du canyon sont à plus de 2000m. d’altitude, il ne peut s’empêcher de s’étonner de ce paysage plat, de ce canyon qu’on ne voit pas jusqu’aux derniers mètres. Nous arrivons en fin d’après-midi, les couleurs sont formidables de rose, de mauve et cette grandeur! Quelques nuages en fin d’après-midi nous masquent le coucher du soleil, tant pis.

Le camping à l’intérieur du parc est plein, comme prévu. Suivant les conseils reçus dans un camping moche hors du parc où il y avait de la place (!), nous allons dormir en forêt à une encablure de l’entrée du parc. Des foyers y sont même aménagés.

Le lendemain, nous marchons le long du bord du canyon, après quelques miles, il n’y a que des attroupements aux points de vue desservis par le bus. Je prends plaisir à juste contempler les couleurs, les reliefs et l’immensité de ces couches érodées par l’eau et le vent. Le musée géologique explique la formation de ce paysage incroyable, le choc d’une chaîne de volcans et de la plaque américaine, les périodes d’accumulation de sédiments lorsque toute la région n’était que mer, les soulèvements et plissements, fractures et l’action d’érosion du Colorado.

Le jour suivant, Pierre-Olivier descend dans le canyon, …. jusqu’à Plateau Point donc plus loin que le point atteignable en une journée de marche selon les Rangers (Indian Garden).
Il rentre bien fatigué, mais aura mis que 6 heures aller et retour ! Je suis malade, les oscillations brusques entre les 32°C et la neige, en plus de la climatisation dans les bus et les casinos de Las Vegas ne m’ont pas convenu. Mais la contemplation des couleurs peut se faire magnifiquement bien par balade tranquille en-haut du canyon, quel plaisir!

Puis, après nous être mis en route à 5h. pour le lever du soleil, nous partons pour Desert view, le côté Est du parc où nous arrivons tôt (9h30) au camping et avons ainsi une place. Les départs se faisant entre 9h. et 11h., à 11h 10 il est plein! Nous sommes accueillis comme dans bien d’autres endroits par un couple charmant de volontaires, gérants. Ce sont des retraités, très motivés, souriants, prenant le temps de s’occuper de leurs hôtes, et arrondissant ainsi leur revenu. Ils logent sur place, dans un grand camping-car ou caravane, entouré de beaucoup de fantaisies décoratrices! Pour les campeurs, chaque place a une partie goudronnée pour la voiture ou le camping-car, un foyer, une table avec bancs, (manque juste un peu de chaleur….), une place plate pour une tente et un petit poteau pour marquer que la place est occupée. Ainsi, chacun peut s’absenter la journée, et retrouver sa place le soir. Pas de douche, pas de vidange des eaux et pas de grands camping-cars acceptés, mais un environnement sympa. Nous y apprécions d’avoir quelques contacts et la vue sur l’Utah, plat, et les autres canyons latéraux, sublime, est à quelques 10 minutes à pied.

Les plissements, les couleurs dorées des roches sont de véritables oeuvres d’art abstrait. En face de nous, une ruine de maison Pueblo dans la falaise comme celles que nous verrons à Mesa Verde.
Une employée charmante me demandant avec grand sourire: vous passez la nuit chez nous ce soir? Oui, cela nous semble évident,…Un peu moins quand la route continue à monter, en devenant de plus en plus blanche d’une bonne couche de neige mouillée. Le camping est à 2500 m. d’altitude, le ciel se dégage un peu, des chevreuils nous y accueillent. A l’entrée, nous recevons notre lot de consignes concernant notre comportement face aux ours, gestion de la nourriture et des déchets, usage des foyers, gestion du bois de feu. Par la tempête de neige, il paraît que les ours ne pensent pas plus aux balades que nous aux grillades! Le plan semble de redescendre au plus vite le lendemain.
Nous allons voir depuis les falaises leur faisant face les habitations troglodytes des Pueblos, peuple agricole ayant vécu sur ces terres de 400 à 1300 ap.J.-C.
Le maïs, la confection de paniers, le tissages, l’élevage du dindon entre autres nourrissaient cette civilisation prospère jusqu’au 12ième siècle (autre que celle des Indiens Navajos ou Hopi). Une période de sécheresse et de vent a fait chuter les récoltes, les clans se faisant la compétition pour survivre, d’où un besoin de défense. La population a diminué, les familles ont construit des maisons aux nombreuses pièces à plusieurs étages y compris des salles de cérémonie, dans les cavités de la falaise du canyon. L’accès se faisait par des échelles, des cordes; mais ces structures collectives n’ont été utilisées que 75 ans environ. D’un coup, tous sont partis au sud s’intégrer dans d’autres tribus indiennes. Nous passons une bonne matinée à observer avec nos jumelles parfois, tous ces hameaux et redescendons de Mesa Verde pour un délicieux repas mexicain à Corteze, agglomération qui n’en finit pas de s’étaler le long de sa « main street ».
Les paysages deviennent plus arides, des barres rocheuses aux formes et aux couleurs variées ponctuent notre route en approchant de l’Utah. Nous sommes à nouveau en territoire Navajo; leur hameaux se composent de maisons traditionnelles, Hogan,
d’habitations modernes mais très simples et de mobil-homes. Les personnes âgées vivent dans les hogans, où se déroulent aussi les cérémonies. Les hameaux sont minuscules, chaque famille ou clan vit de façon très isolée. Au milieu du plateau, où on se sent parfaitement seul, un bus scolaire part dans un chemin de terre, un écriteau indique un arrêt.
Impressionnant de voir tous ces bus rentrer vers 16h. vides, et d’imaginer les kilomètres parcourus pour ramener les quelques enfants d’une famille.


L’Utah: paysages de westerns: les « mesas » , montagnes plates très larges comme des tables, les « buttes », mesa érodées se dressant tels des cubes et les aiguilles dressant leur forme étroite érodée par le vent et le sable leur donnant des allures de personnages, de colonnes, parfois chapeautées.
L’arrivée à Monument Valley, ce sont toutes ces formes rouges dans le lointain et finalement un point de vue dominant toute une vallée où ont été tournés les premiers westerns avec John Wayne. S’éloignant du monde, nous prenons plaisir à une randonnée parmi cette végétation de broussailles, sauge « sagebrush », cactus aux fleurs roses, genévriers.
Le silence est superbe. Puis, le temps étant sec, nous décidons de descendre en fin d’après-midi la piste pour aller découvrir les reliefs rouges. Quand on visite, il faut s’intégrer aux habitudes locales, donc en avant pour la visite en voiture! L’occasion pour notre hanneton muni d’une fonction traction + et de l’option « tortue « permettant les descentes raides au ralenti de s’aventurer où les campings-cars n’ont pas le droit de batifoler.
Cette piste nous emmène vers de beaux exemples de plateaux rouges érodés. Nous sommes seuls à John Wayne point.

Le luxe de ce camping, nous explique ces 2 jeunes très sympathiques, est le droit d’y faire du feu. Ainsi, nous nous retrouvons à passer une soirée très fraîche en leur compagnie. Ils ont apprécié mon gâteau au séré, mûres, confiture de fraises et biscuits à la cannelle!
Ils sont plus que polis, respectueux à l’extrême envers nous, et viennent du sud du Texas. Très vite, ils nous présentent un autre regard de la politique actuelle aux USA. Ouverts, ayant très conscience de ce qui étonne les Européens, comme la liberté de posséder des armes par exemple, insistant sur la manipulation opérée par les média (tant CNN anti-Trump que Fox pro-Trump), leur vision est que le gouvernement ne doit s’occuper que du maintien de l’unité du pays et de sa défense. Au Texas, peu de taxes, beaucoup d’opportunités de faire fortune surtout par des métiers manuels, donc assez de travail pour tous, juste le taux de chômage nécessaire à l’innovation; mais des gros problèmes de délits liés aux Mexicains illégaux. Un pouvoir économique augmenté depuis quelques années, la liberté des armes comme manière de garantir la démocratie et de diminuer les crimes et une certaine efficacité des murs dressés déjà dans certaines villes pour empêcher l’immigration illégale de personnes ne désirant pas travailler et l’exportation de certaines usines pour une production hors taxes. D’emblée, leur recommandation tout-à-fait sérieuse: aller en Californie et vous aurez une autre version, car le contexte y est différent. Pierre-Olivier partage leur bourbon, l’ambiance était à l’échange et à l’écoute.

Le silence, la grandeur et la sérénité des ces paysages, et la constatation que beaucoup y campent nous amènent à nous nous y arrêter pour la fin de l’après-midi, la soirée et la nuit.
Je tricote un peu, en appréciant le paysage et le calme me demandant si ma laine transmettra le virus du voyage ou la passion pour la géologie à la prochaine génération. Enfin nous soupons dehors, en contemplant les changements de lumière.
Peu de cris d’oiseaux, aucune trace d’animaux le lendemain, j’ai beau chercher; la nuit a été très calme. Nous nous levons tôt pour le lever du soleil.

