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Retour à l’Est et au Canada, du 16 au 31 juillet.

Nous traversons les grandes plaines vers l’est, quelques formations rocheuses, puis de l’agriculture et de l’élevage, le pays est vert!

Après la descente du col de Beartooth, nous nous mettons en route pour 2 jours et demi de route sans visite, « avalant » jusqu’à 780 km d’une journée.
Nous rendons visite à Carmen, venue quelques jours chez nous dans le cadre d’un voyage d’étude avec sa classe de français il y a une douzaine d’années. Retrouvailles dans sa belle maison de Bayfield, une petite station sur la rive sud du lac Supérieur. Ambiance de vacances, terrasses, une boutique de glaces « home made » incroyable, petites maisons blanches et beaucoup de cultures de fraises, et de vergers de pommiers et cerisiers. Le temps est bien chaud, certains se trempent même dans le lac, l’air très humide convient encore mieux que la normale aux moustiques, réputés déjà bien établis dans les état du Wisconsin et du Minnesota.

Nous nous baladons le long des rives, le sol est sablonneux et les berges s’érodent fortement malgré les arbres. La forêt est dense, une vraie jungle.

Ici les ours noirs sont chassés, l’espace est immense relativement à la présence humaine, donc les promeneurs ne les voient pas. Carmen voit par contre des coyotes depuis ses fenêtres.

Le lendemain, marché des artisans à Bayfield, la belle-famille de Carmen est là, pour vendre des petites flûtes de confection maison et quelques pendentifs en pierres fluorescentes, collectées sur les plages du lac.
Nous contournons le lac Supérieur par l’ouest, passant la frontière canadienne à temps, notre visa expire le lendemain. Nous avions comme il se doit terminé nos aliments frais mais la douanière canadienne très aimable n’est pas montée à bord et ne nous a pas posé de questions à ce sujet. Seuls les armes, les alcools et les cigarettes ont fait l’objet de ses questions et notre retour prévu en bateau. C’est à ce poste d’entrée au Canada que notre petite fiche est enlevée du passeport pour quittancer notre sortie des USA, la douane canadienne la transmettra aux douanes US. Nous pensons qu’il est important de demander que cette fiche soit enlevée du passeport à la sortie des USA, mais n’avons pas testé les conséquences d’une omission.
Une étape à dormir dans la forêt au bord d’un petit lac, la moindre place répertoriée est prise, c’est samedi soir! Mais de ce fait, nous dormons hors place, directement au bord de l’eau, bien plus joli que les emplacements enfouis dans le bois; tout aussi habité….par un choix d’insectes divers.

Nous avons beaucoup roulé ces derniers temps, s’impose une étape dans un camping près de Thunder Bay, rive nord du lac Supérieur, lessive et baignade dans la rivière, piscine naturelle de plus de 2 mètres de profond.

Le temps est changeant, brumeux d’humidité, nous dépassons plusieurs cyclistes, le tour du lac est un classique de quelque 2300 kilomètres! Beaucoup de parcs, de sentiers de ballades indiqués mais nous préférons avancer, dormant à Terrace Bay, une magnifique plage puis arrivant près de Wawa. Pour éviter les autoroutes de Montréal, Québec, nous décidons de passer par le nord, apparemment, nous avons de la peine à l’idée de retourner dans la civilisation! Mais au carrefour, une hésitation: et si nous allions juste prospecter à Wawa où il semble qu’il ait une bonne location de kayaks, histoire d’avoir des renseignements pour une autre fois…

Les deux plages de chaque côté du promontoire sont idylliques, connues des peintres naturalistes, l’eau excellente mais fraîche pour se baigner (selon moi, donc comprenez que j’étais seule à nager), le temps annoncé beau pour le lendemain. Rendez-vous pris: ce sera 3 heures avec une monitrice, puis les kayaks pour nous le reste de la journée. Nous faisons un peu d’échauffement et de théorie puis une petite sortie sur la rivière avec beaucoup d’exercices, virages longs et courts, safran à l’eau ou relevé, exercices de chavirage et remontée à bord, le plus difficile. L’après-midi, des bonnes petites vagues courtes ont corsé notre sortie sur le lac; alors nous sommes revenus admirer la hutte de castors sur la rivière.


Le soir, une des plages pour nous, et notre feu.


Enfin, nous pensions être tout seuls quand dame cane a passé….Cet espèce groupe les jeunes de plusieurs familles, une garderie? Oui, dans une stratégie de protection. La masse de canetons est plus imposante et leur chance de survie augmentée; à terre, une grosse boule, sur l’eau une ligne dense et serrée; nous peinons à compter la vingtaine de becs.

Le second soir, un jeune couple plante son gros 4X4 sur la plage bien en pente, et de sable bien profond … Je vous épargne nos commentaires et leur étonnement de s’être enlisés. Ainsi, nous savons que nos plaques de désensablement sont très efficaces sans s’être enlisés nous-mêmes!
Enchantés de nos débuts en kayak, nous filons au nord, longue route de plusieurs centaines de kilomètres dans la forêt pour Val d’Or puis Chibougamau. Le Canada des rivières, étangs, lacs, est bien présent mais se voit peu depuis la route car la forêt est très dense. En allant vers le nord, les épinettes si typiques laissent un peu plus d’espace aux marais, la canopée perd aussi de la hauteur, le paysage s’ouvre plus.

Val d’Or:

  • Des mines d’or encore en fonction, un village minier historique aux jolies maisons de rondins entièrement bâti par la compagnie dans les années 1933-34, donc relançant l’économie en pleine dépression,
  • La terrasse sympathique d’une microbrasserie où le serveur, aussi assistant social actif chez les Indiens nous parle du long chemin qu’il reste à combler entre Blancs et autochtones, du racisme encore présent, des différences de qualité entre écoles en ville et écoles en villages autochtones, de la délinquance des jeunes, de l’argent vite gagné dans les mines, mais de l’absence totale de sécurité de l’emploi.

Chibougamau:

  • Une île en quelque sorte: au bout de 400km de forêt, oû il est souvent difficile de s’écarter ne serait-ce que pour la pause de midi,
  • Une ville aux maisons proprettes, aux jardins fleuris, quelques boutiques. Malheureusement pour ma recherche d’ aiguille circulaire, ce sont les vacances et la boutique de laines est close. Je remarque que c’est également une structure sociale d’écoute pour les femmes, en cas de violence par exemple, et un centre de promotion de l’allaitement! Du social pratique, génial, non?
  • Nous dormons au bord d’un lac, sur le petit parking des employés du service des eaux, comme nous le réalisons le lendemain matin. Mais personne n’y trouve à redire quoi que ce soit.

Village Oujé Bougoumou, proche de Chibougamau:

Village Oujé Bougoumou, proche de Chibougamau:

  • Village Cri (nation indienne), architecture moderne mais inspirée par la culture cri,
  • Bâti de toutes pièces avec le support de la compagnie hydraulique ayant construit des barrages dans ce territoire pour les Cris devant se reloger. Le village est au ralenti, un week end durant les vacances, donc impossible d’essayer de sentir s’il a une âme,
  • Des affiches encourageant à garder sa culture tout en prenant son avenir professionnel en mains,

Quittons l’Ontario pour arriver au Québec, nous nous délectons de l’accent et des expressions, d’une baignade dans le lac St Jean, d’un petit arrêt à Chicoutimi où nous étions venus en hiver trouver Joseph qui y étudiait. Souvenirs, souvenirs aussi à Tadoussac et en passant devant le zoo de St Félicien, une région que nous avions visitée en famille lors d’un précédent voyage.

Visite d’une cabane à sucre familiale. L’eau d’érable est concentrée par osmose et par évaporation en sirop. La collecte ne se fait qu’au printemps, idéalement lors de températures de-5C la nuit et +5C le jour.

Nuit au joli village de Sainte Rose du Nord.

Depuis des mois que nous vivons au rythme des bonnes surprises, de notre envie de s’arrêter ou d’avancer, notre programme se construit au jour le jour, alors dans l’après-midi nous nous rendons aux Escoumins pour prendre le traversier et continuer notre périple sur la rive Sud du St Laurent.
« Pas sûr que vous embarquiez, mon traversier est plein »
« Pas de soucis nous attendrons le suivant »
« Il n’y en a plus ce soir et aucune place avant deux semaines ». Moi qui avait la réputation de l’organisation détaillée bien à l’avance et qui réservait les vacances d’été familiales à Noël, cela me semble juste impensable de m’organiser deux semaines à l’avance!!!
Après nous avoir donné de l’espoir, nous n’embarquerons pas et filerons à St Siméon (pas de réservation) où nous aurons plus de chance en étant le dernier véhicule embarqué. Mon sens de l’organisation s’est mué en plaisir de savourer l’imprévu jour après jour.


Brouillard sur le St Laurent

Départ pour le Nord: Bear lake, Jackson et Grand Teton National Park, 29 juin – 9 juillet

La question du jour: de quelle langue est issu le mot « orignal » ? Une bonne bouteille à partager sur l’Alpe est en jeu!
En route pour le Yellowstone, une découverte le « Bear lake », eau claire, nous nous baignons, campons à raz l’eau en compagnie d’un couple de pélicans.

S’ensuit un arrêt dans un vrai camping équipé, et une journée nettoyage, lessive, où tout est sorti du camping car, TOUT!! Nous retrouvons une bière qui avait filé dans les sous-sols….Par chance, nous avons pu obtenir une place pour tente et non pour camping-car: sans voisins avec générateur, avec plus d’arbres, le glouglou de la rivière et beaucoup d’espace!
Jackson:
Une petite station à 1900 m. d’altitude, des maisons en bois, style « cow-boy touristique », et surtout une poste restante supposée garder le courrier. Deux bureaux de poste, nous nous rendons dans le mauvais bureau, celui n’ayant pas la poste restante, mais nous y faisons la connaissance de Jane, venant nous proposer de nous mener au bon bureau et de nous loger dans sa cour quand nous le désirons, en tout cas pour le 4 juillet (fête de l’indépendance) qui est dans 2 jours. En attendant, nous partons pour Grand Teton NP.
Grand Teton National Park:
Une vallée glaciaire très large, verte, des prairies de sauge, des zones humides, de la forêt surtout sur les pentes et des montagnes enneigées bordant la vallée. Nous passons une journée à « traquer » l’animal sauvage en voiture….la meilleure tactique étant de s’arrêter où d’autres voitures sont stationnées. Nous admirons, souvent à l’aide de nos jumelles, quelques orignaux,

un grand troupeau de bisons (les mâles peuvent dépasser la tonne),

quelques wapitis et des antilopes américaines tellement gracieuses (la kératine de leur cornes pleines tombent chaque année, animal le plus rapide du continent américain, pointes à 86 km/h).

Nous prévoyons de marcher autour de 2 lacs, (two Ocean lake et Emma Matilda lake) moins peuplé que le lac Jenny, magnifique mais bondé. Des essaims denses de minuscules moustiques, un panneau « Etes-vous prêt à être attaqué par un ours » complétant les innombrables messages de prévention habituels nous font faire demi-tour.

Je suis piquée à travers les habits fins, c’est insupportable. Plus loin, un grand attroupement sur la route, des rangers, donc nous allons aux nouvelles. Une jeune grizzli de 2 ans, un peu perdue de vivre hors du giron maternel depuis quelques mois, fait la sieste dans la prairie. Nous voyons juste sa tête grâce à nos jumelles. C’est une bonne chasseuse qui a déjà tué plusieurs jeunes bisons mais a été rôder dans un camping tout proche. En conséquence, elle porte un collier pour être suivie. Si elle retourne trop souvent au camping, elle sera euthanasie comme d’autres de ses congénères chaque année. En attendant, il semble qu’elle n’ait pas envie de sortir de sa sieste, malgré ou à cause de l’énorme public qui la guette. L’occasion de discuter avec des rangers nous apprend que la balade que nous avions tentée se situe dans une zone réputée pour ses grizzlis mâles! Heureux d’y avoir renoncé, nous partons le lendemain autour des lacs Taggart et Bradley, site prisés des ours noirs (qui peuvent être de différentes couleurs mais sont plus peureux moins souvent agressifs).

D’ours, nous ne verrons qu’une crotte fraîche, mais une belle végétation, toujours beaucoup de fleurs, et la belle vue sur les Tetons, dominant la vallée de leur 4000m.

Retour à Jackson:
Nous nous installons dans la cour de Jane et Dick,

sommes immédiatement embarqués pour un apéro, un souper et une soirée dans un pub « cow boy », animaux empaillés, décoration de bois, grizzli empaillé ayant été tué à mains nues par un chasseur réputé, peintures de diligences, tout y est, sauf l’orchestre local pas du tout de style country.

On danse, P.-O se désespère de toute notre tablée qui a décidé de passer la soirée à l’eau du robinet avec glaçons. Il faut boire de l’eau à cause de l’altitude selon une bonne marcheuse sportive, nous transmettrons ….de retour en Suisse! Nous rentrons rapidement, mais tout de même les derniers de la tablée.

Le lendemain matin, parade du 4 juillet, Jackson est une ville réputée pour la fête nationale. Le cortège comporte beaucoup de véhicules, défilé de jeeps, de camions pompiers rutilants, voitures anciennes. A cela s’ajoute les scouts, les associations de toute sorte, et les représentations commerciales, comme les banques. peu de piétons, un seul orchestre, pas de char fleuri, mais la police à cheval.

Le soir, en route dans le vieil SUV, selon Dick cela fait partie de notre visite des US, nous sommes invités à un souper canadien extrêmement sympathique chez une de leurs amies architecte, mares dans le jardin, vue sur les montagnes. Une vingtaine de personnes, toutes plus intéressées par notre voyage les unes que les autres, nous sommes plus qu’accueillis, nous sommes attendus!

Tout ce monde est sportif, se connaît par les marches en montagne et est férocement démocrate! Jane et Dick viennent de New Jersey et ont de la parenté ayant travaillé directement pour les Clinton. La politique n’est pas un sujet favori tellement la situation de leur pays les révolte. Délicieux plats maisons, pies, mais vers 21h. la soirée est terminée.

Nous nous installons sur la terrasse du toit chez Jane et Dick pour admirer le feu d’artifice.

Jane est extrêmement chaleureuse, Dick est dans une excellente forme physique, ayant passé adulte du télémark au snow board; nous espérons les accueillir chez nous un jour.

Et retour dans le Grand Teton NP
Nous nous installons dans la partie nord cette fois, à Colter Bay, au bord du Jackson lake.
Merveilleuse marche le long des rives et dans des forêts denses, où nous progressons seuls, poussant parfois une « boêlée », selon les recommandations dans les endroits sans visibilité sur la suite de notre trajectoire, pour éviter de surprendre un ours. L’idéal serait d’en observer un de loin, ou sans qu’il nous ait vu. Ce n’est pas encore pour aujourd’hui.

Magnifiques coup d’oeil sur les montagnes, les rives et retour le long de ruisseaux, de mares. Notre seconde marche nous fera suivre le « Cascade canyon », balade le long d’une importante rivière, neige sur les hauteurs vers 2700m., magnifiques reflets dans le torrent s’élargissant parfois en se partageant en plusieurs bras séparés par des îles recouvertes d’arbustes, un délice pour l’énorme orignal mâle (ou élan) que nous contemplons en plein repas.

Ses bois, tombant à chaque automne et repoussant chaque printemps, poussent de 2.5 cm/jour, pouvant atteindre un poids de 20 kg. Au début du printemps, ses bois sont recouverts d’une peau dite de velours.

Deux jours supplémentaires de calme et repos: téléphones en Suisse pour le plaisir d’avoir d’excellentes nouvelles, (bravo à Joseph pour son excellent master, bonne humeur de Nathalie en Pleine Forme); petite trempette pour moi dans le lac, pas si froid vu la neige et les cascades alentour, bricolage et entretien après plus de 16000km., grillade, amélioration de la fabrication maison du pain, une des rares mauvaises découvertes dans ce pays, à mettre dans la même catégorie que les générateurs des gros camping-cars.
Le nouveau jouet: une seule fonction mais elle est pliable ce qui lui a valu une exemption à la règle! (Jacqueline’s rule: tout objet doit avoir au moins deux utilisations pour entrer dans un cc).
L’occasion aussi d’aller à une causerie d’un rangers nous expliquant encore et encore que nous ne devons rien laisser comme déchets ou nourriture pour que la faune sauvage le reste, que l‘ancienne attitude dans les parcs favorisant le contact avec les ours est bien terminée. Personne ne peut ignorer la différence de morphologie entre un ours noir et un grizzli, le port recommandé du spray anti-ours, de ne jamais courir, ni de laisser de la nourriture dans sa voiture. Pour le moment, nous vivons au milieu des écureuils roux ou rayés et des petits rongeurs (pika) qui sont absolument partout en nombre,

et les mini-moustiques sont ceux qui nous agressent!

Anvers-Halifax, du 8 au 19 avril 2019

Nous embarquons à bord du Grande Senegal le lundi matin 8 avril et quitterons Halifax le mardi soir.

Le grande Senegal navigue sous pavillon italien, l’équipage du poste de pilotage est essentiellement de la région de Naples alors que les ingénieurs et l’équipe des machines sont des Philippins. Grande Senegal est un cargo mixte, soit en jargon, RO-RO (roll in-roll out) ce qui signifie qu’il a un pont avant pour les containers, et des garages à l’arrière. Notre cargaison se compose de près de 300 containers et plus de 500 énormes machines de chantier, nécessitant de naviguer plus précautionneusement dans le mauvais temps;

de plus il ne mesure que 210 mètres alors que les cargos mixtes plus modernes ont une longueur de plus de 300 mètres. Fréquemment, comme la semaine passée, ce cargo effectue une liaison entre le Ghana et le Texas. Suite à la panne survenue sur un grand cargo de la même compagnie Grimaldi, il a été détourné depuis le Ghana pour venir nous chercher ainsi que la cargaison prévue pour le vaisseau mis en cale sèche. Nous sommes donc aux mains d’une équipe extrêmement chaleureuse, sur un cargo qui n’a jamais pris de passagers avec de surcroît un capitaine napolitain à 200%, soucieux de bien nous accueillir. Pratiquement, nous dégustons les spécialités napolitaines et siciliennes, à chaque repas, parfois des biscuits d’apéritifs ou des en-cas viennent encore s’ajouter.

Nous mangeons pâtes ou risotto, poisson et viande plusieurs fois par jour, visitons la cuisine et le poste de pilotage aussi souvent que nous le voulons de façon tout-à-fait libre et informelle.

Lundi nous observons le chargement des containers et des énormes machines de chantier.

L’idée est de mettre nos 4 pick up, camping cars et camion à la fin pour pouvoir sortir en premier. Au milieu du souper, nous sommes appelés et devons retourner en voiture au parking où sont nos véhicules. Chacun a un autre système pour le gaz et les autorités portuaires bloquent l’accès au bateau, n’étant pas assurées que personne n’a de gaz à bord. Pour nous, pas de soucis, nous ouvrons notre coffre pour montrer l’emplacement de nos bonbonnes, vide, nous avions laissé notre bonbonne suisse au camping à Anvers pour la récupérer au retour. Un couple a un Hymer avec bonbonnes fixes remplissables, mais vides. Il leur manque un certificat attestant le nettoyage du système, et le chef du port ne veut pas les laisser passer. Après promesse que le système sera démonté une fois le camping car chargé, par un de nos compagnons de voyage, chauffeur de camions professionnel et muni d’outils, le véhicule est autorisé à approcher du bateau. Notre cargo est plein, et il y a maintenant des discussions quant à la place. Heureusement, le second de notre bateau n’est pas d’accord avec le chef du port, et prend la responsabilité de charger nos 4 camping cars (une Land Rover avec cellule est déjà dedans depuis longtemps), le nôtre en premier car sa petitesse est à nouveau un atout! Nous bouchons un petit trou laissé entre une énorme machine et la poupe; aïe ! la grosse machine ne doit pas broncher!

Tous les véhicules sont fixés par des chaînes et des sangles accrochés dans le sol.

Après bien une heure de gros soucis pour le couple ayant l’Hymer à bonbonnes fixes, le dépôt sur le pont de la bonbonne de gaz du camion d’un autre couple, nous retournons finir de souper soulagés. Gaby et Juergen partent pour 2 ans ou plus avec leur Hymer, ils n’ont plus d’autre logement, ont les deux quittés des places de travail à haute responsabilité pour vivre à un autre rythme.

Mardi soir, c’est le départ, nous sommes tous dans la cabine de pilotage, large de plus de 30 mètres, pour le passage de l’écluse nous menant sur L’Escaut. Nous apprenons à lire les différents écrans, notre vitesse sera d’environ de 17 nœuds (26 km/h) en plein océan.

Le temps s’écoule paisiblement, l’occasion que le capitaine s’ouvre, nous parlant de son petit-fils de neuf mois qui lui manque, du bel appartement qu’il peut offrir à sa famille grâce à ce travail. Le second est croate, aussi issu d’une famille d’officiers de marine, mais heureux que son fils stoppe cette lignée. Le temps dans les ports devient très court car les marchandises sont toutes en containers, le métier perd de l’attrait et la motivation principale semble surtout pécuniaire. Les équipages italiens naviguent pendant quatre mois puis ont deux mois de repos à la maison, les philippins ont des contrats de huit mois.

Mercredi, nous nous mettons en marche…moyennant de suivre les lignées de fixation pour voitures sur le pont arrière vide, en faisant bien toutes les lignes, nous arrivons à marcher plusieurs kilomètres, matin et après-midi. Nous testons aussi la corde à sauter avec roulis, étonnamment plus facile que la course et fixons notre élastique à différents barrières et crochets pour inventer de la variété dans nos mouvements.

L’ambiance est très sympa dans le groupe, nous avons tous notre projet, des véhicules bien différents et il n’y a aucune prise de tête. Nous rions à la proposition de notre capitaine que les dames viennent voir la confection des pâtes fraîches le lendemain: pourquoi seulement nous? Parce qu’un homme ne va jamais dans une cuisine, comme une femme na va pas dans la cave où sont le bonnes bouteilles, les verres et les saucissons pour l’apéro! Nous sommes à Naples….au milieu de la Manche.

Jeudi matin, nous sommes tous, y compris le capitaine en cuisine avec Michele, le cuisinier sicilien, 8 oeufs par kilo de farine, la pâte à lasagnes est étalée en la passant par une sorte d’étau manuel de 2 rouleaux.

Michele, au vu de ses 9 passagers majoritairement germanophones a complété chaque jour le petit-déjeuner à l’italienne avec de la viande froide, des yoghourts et des spécialités telles que pâte à pizza avec des oignons, beignets au séré. Ceci en plus des repas à 3 plats à l’italienne, le poisson et la viande nous sont servis seuls dans l’assiette, la salade venant ensuite.

L’équipage des machines a un autre réfectoire et des menus adaptés à leur culture, vu qu’ils sont philippins. Notre capitaine estime important que chacun puisse manger selon ses coutumes. Nous sommes 35 en tout à bord. P.-Olivier a très vite une bonne relation avec Michele, le cuisinier, ayant repéré son choix de cafetières italiennes.

Après la cuisine, visite de la salle de contrôle et des machines avec les ingénieurs philippins.

Le moteur du bateau sert aussi de générateur pour l’électricité par temps calme. En cas de mauvaise météo, le courant n’est pas assez stable et il ya 4 autres générateurs disponibles pour produire l’électricité. Nous avançons avec une puissance de 13000 KW, le moteur a 8000 chevaux.

Nous voyons les cylindres, l’axe de transmission de la direction au safran, l’installation de désalinisation de l’eau de mer par distillation.

L’eau de refroidissement est en circuit fermé. L’eau usagée, déchets broyés, est traitée avec des bactéries aérobies puis chlorée pour les tuer avant le rejet à la mer.

La vie suit son cours, nous passons des moments agréables, émouvants, intéressants:
  • La marche sur le pont arrière est remplacée par la marche dans un garage à voiture vides (nous en avons sur 5 étages), à cause du vent trop fort. Une table de ping-pong est installée à notre intention, chaque moitié étant fixée de part et d’autre d’un pilier du garage. Le filet est remplacé par un espace de bien 20 cm entre les deux moitiés! Intéressant, nous arrivons à bien jouer malgré le roulis. Le sol est ponctué de trous donnant sur l’étage d’en-dessous, probablement pour évacuer l’eau si nécessaire. Un challenge supplémentaire est donc de garder notre balle sans la perdre au niveau inférieur auquel nous n’avons pas accès.

  • L’équipe des machines est tellement enthousiaste de nous expliquer leur travail. Ils n’ont jamais eu de visiteurs et demandent à nous photographier dans leur salle de contrôle. Un jeune ingénieur nous montre des exemples d’écran, le niveau de tous les réservoirs du bateau, fuel, eau, toujours équilibrés et le niveau des réservoirs d’eau de mer servant uniquement de ballast aussi équilibrés en permanence, pendant le chargement de la cargaison et pendant le transport. Il a 26 ans, est déjà second car il a étudié très vite, a deux petites filles et lors d’une autre discussion, nous confie que son salaire est 8 fois supérieur à celui qu’il aurait aux Philippines. Son anglais et ses explications sont claires, précises. La plupart des marins du monde entier sont philippins, en tout cas dans les salles de machines. Grimaldi engage par ailleurs surtout des Italiens comme marins de pont. Dans les entrailles du navire, voir l’axe bouger, côtoyer dans le roulis les générateurs, les cylindres est assez impressionnant.
  • Nous passons de longues heures dans le poste de pilotage, regardons les cartes sur écran ou papier, les instruments, apprenons à lire notre vitesse, notre cap et contemplons l’océan ou le brouillard parfois, les jets des baleine au large des Açores. Le dernier jour, nous avons la chance de voir plusieurs groupes de dauphins, sautant hors de l’eau, parfois plusieurs en même temps, un magnifique ballet. La cabine est un espace aéré, plus frais, le seul avec fenêtres et les 2 “chaises de capitaine” surélevées, jamais utilisées par ce dernier, sont l’endroit idéal pour tricoter avec un oeil sur l’eau. Le capitaine vient parfois aux nouvelles, suis-je Pénélope?

    Mais non, après le corps, la première puis la seconde manche; donc parfois la pièce de tricot est plus petite que celle de la veille!

  • Pierre-Olivier joue aux échecs avec Henning. Avec son amie Bianca, architecte comme lui, ils ont dessiné, fait construire et cherché sur internet les différents éléments de leur « boîte habitable» posée sur un ancien camion de l’armée autrichienne. Leur véhicule de 10 tonnes est très impressionnant, et nous nous réjouissons de le visiter, Bianca a cousu elle-même les tissus des meubles et le cuir des sièges. Les toilettes sèches ont été testées dans leur cave avant d’entrer dans “la boîte”.
  • Les matchs de Zim Zim (Baby foot) permettent d’attendre l’heure des « pasta ».

  • Nous apprenons et participons à la confection des Canollos, ces rouleaux siciliens en pâte à beignets fourrés de crème au séré ou au chocolat.

    Nous suivons aussi la confection des Arancine, grosses boulettes de riz fourrées à la viande hachée, au fromage et aux petits pois. Le nombre d’ingrédients différents par repas est très important, parfois pâtes, fromage, viande, poisson, salade, lentilles voir pommes de terre répartis entre nos 3 plats. Tout est servi avec beaucoup de gentillesse, Michele est un cuisinier passionné. Ce voyage n’est toutefois pas à comparer avec un séjour touristique, il n’ya pas de chaises sur les ponts, nous avons parfois des tripes, le vin est plus apprécié pour le sourire avec lequel il est offert que pour sa qualité! Il fait aussi parfois très chaud à l’intérieur, j’adore le roulis la nuit mais nous manquons d’air frais.

  • Comme partout, la buanderie est aussi un endroit où papoter avec l’équipage, une machine nous y est réservée, mais la température des différents programmes reste un mystère, très chaud!

  • Tout le monde est heureux de se sentir loin de tout, mais lorsque nous passons au sud des Açores, chacun profite du réseau pour téléphoner, voir ses mails.

    L’équipage est aussi dehors, téléphone collé à l’oreille, une effervescence de quelques heures, nous manquons même le moment de confectionner nos pizzas! Cet après-midi, soleil, et ciel bleu remplacent la grisaille, la bruine et le brouillard.

    Nous participons à un exercice, « feu à la buanderie » destiné à l’équipage et évacuation en bateau de sauvetage pour nous, ce qui nous donne l’occasion d’en voir l’intérieur.

    Mais les canots ne sont pas descendus à la mer, nous jetons juste un oeil dedans.

    Les vagues ont jusqu’à 6 mètres de haut, ce qui est difficile à croire depuis l’étage 12, le plus élevé, celui de la cabine de pilotage, environ 38 mètres au-dessus de l’eau.

  • Nous croisons très peu d’autres navires, quelques voiliers, très grands (35 mètres selon les caractéristiques données par le radar), les jumelles sont aussi à disposition.
  • En traversant le Gulf stream, l’air est agréable, l’océan vraiment bleu mais couvert de moutons brillants au soleil. Moments de détente au soleil à l’extérieur, mais pour la balade, il faut lutter pour aller droit, et parfois abandonner.

  • Le dernier jeudi, l’équipage nous prépare un apéro surprise et nous offre différents objets souvenirs, une casquette de protection, T-shirt Grimaldi, une ancienne carte marine et un certificat pour nos plus de 3000 miles nautiques, et nos acquis culinaires tels que la confection des lasagnes! Nous avons aussi des attentions sonnantes pour notre cuisinier, notre serveur et homme de ménage, et pour le prochain barbecue de l’équipage.

    J’ai aussi tricoté des moufles pour le petit-fils du capitaine, il nous en a tellement parlé!

    Nous arrivons à Halifax samedi matin 19 avril, ayant dû ralentir notre allure pour arriver à la bonne heure au rendez-vous avec le pilote de port. Notre route très au sud nous aura permis d’éviter 3 dépressions sérieuses, des vagues de 12 mètres, infranchissables avec notre cargaison. L’océan est calme pour l’arrivée mais il souffle un fort vent très froid dans la grisaille d’Halifax.
    C’est vendredi Saint et nous devons attendre lundi pour que les douanes inspectent nos camping car.