
Needles: Camping sauvage sur un gros rocher plus ou moins plat, le long de la route 212 allant au parc. Nous sommes loin d’être tout seuls, le lundi est férié en l’honneur des soldats décédés au combat, et c’est le premier week end estival.
Splendide marche jusqu’à un col passant les « Needles », ces aiguilles rouges, peu de monde dès que nous nous éloignons un peu, des rochers en forme de champignons, nommés Hamburger rocks, des genévriers tortueux, des passages un peu acrobatiques, et finalement la vue sur la barrière des Needles toute proche et une grimpette pour les passer. Nous redescendons par le même chemin, avec toujours la neige sur les montagnes en arrière fonds. Cette marche était vraiment splendide, et calme (de Elephant hill à Chester park).
Pour faire des marches de plusieurs jours, les places de campement se réservent 9 mois à l’avance! Certaines sont sur les chemins 4×4 d’autres pour les randonneurs le long des sentiers.
Comme dans beaucoup de parcs nationaux, le « visitor center » en plus d’être un centre de documentation, est pour nous aussi le lieu où il y a de l’eau, et du wifi pour tenter de téléphoner par skype. Ce jour-là, nous recevons la première mouture de la thèse de master de Joseph , intéressante lecture pour la soirée. A Bretigny tout va bien, sauf des mauvaises nouvelles concernant que le zoo, maladie et mauvaise rencontre avec le renard pour les poules, hérisson non sauvé après un empoisonnement. Nous rencontrons un couple zurichois-japonaise, en route pour 2 ans avec camping car très long, qu’ils vont amener au Japon pour ensuite rentrer par la Russie. Beaucoup de va—vient au « visitor center », donc quelques visites du hanneton, d’Américains voyageant en van, toujours intrigués et enthousiasmés par notre petite taille, notre équipement (peu ou pas de panneau solaire aux US), et nos gros pneus.
Nous soupons sur place pour y être au coucher du soleil; les couleurs sont magnifiques lorsque le jour descend, mais l’astre du jour préfère se dorloter dans les nuages, comme bien d’autres fois.
Nous avons réservé une marche avec une ranger, dans la partie du parc accessible qu’accompagné ou avec permis spécial. (Fiery Furnace). Balade très ludique, passages étroits, toboggans sur les rochers, grimpette de toutes sortes.
Nous nous arrêtons dans un cercle de quelques dizaines de mètres de diamètre, entourés de rochers très élevés, formant un cône percé sur nos têtes. Lors des dépôts de couches sédimentaires par-dessus la couche de plusieurs dizaines de centimètres de sel laissé par l’évaporation de la mer intérieure, des pressions ont été si fortes par endroits que le sel a fait éclater les couches sédimentaires ailleurs. Ainsi l’eau a pu atteindre la couche de sel par ces craquelures, l’a évidemment dissoute et nous nous trouvons dans une de ces bulles d’éclatement.
Nous restons au parc pour le coucher du soleil, que c’est bien d’avoir sa cuisine et son souper avec soi pour patienter. Nous retrouvons notre place au camping, notre étiquette avec notre jour de départ est en place, les américains nous apparaissent comme un peuple incroyablement discipliné. Moyennant d’aller le plus loin possible dans le parc, à Devil’s garden, nous trouvons des sentiers moins encombrés où nous marchons en toute sérénité parmi les cactus en fleurs.

-
Le sol croûté (crust soils): tellement crucial pour cet environnement. La terre se présente comme une croûte bosselée. Un réseau de filaments composés de cyanobactéries, d’algues, de champignons ainsi que de leurs déchets fixe le sable sur les rochers, luttant contre l’érosion et permettant le développement de la vie en-dessous de cette croûte. Un sol brun, a mis déjà 100 ans à se former, une croûte dite mûre, noire, est beaucoup plus âgée. D’où l’importance de rester bien soigneusement sur les chemins!
-
Les Prickle pear cactus (donc cactus-poires?) sont en fleurs.

-
Accompagnés d’autres fleurs, comme celles du yucca à feuilles étroites par exemple.

-
Question arbustes, broussailles, voir grands arbres, le genévrier est présent partout. Ses racines peuvent aller jusqu’à 50 m. de profondeur et sur un rayon de 70 m. Les troncs sont toujours torsadés, en apparence complètement secs et pourtant du vert ça et là nous indique que l’arbre est bien vivant. Vu la longueur de ses racines, nous voyons en fait des ressurgescences du même arbre. Bois dense, de croissance lente, utilisé en construction, les spécimens que nous contemplons peuvent avoir au moins100 ans. Ce « Juniper » est toujours accompagné de pins à pignons. Très courant aussi, le « sagebrush » (Artemisia tridentata), plante médicinale des Indiens Navajo, dégage une odeur de camphre et n’est pas de la même famille que la sauge culinaire.


Balade vers Zébra canyon: trop d’eau, nous ne pourrons pas nous enfiler dans l’étroit passage.
Slot de Peek a Boo près de Zebra
En rentrant à pied, subitement, je vois nettement un puma (ou cougar) allant se mettre partiellement derrière un arbre devant nous, s’arrêter, puis repartir derrière une butte et je n’ai plus pu le suivre des yeux. Nous nous remettons en marche, en parlant fort, et en observant la petite butte des fois qu’il nous guetterait. J’ai une une énorme chance, ces félins ne se laissent pas voir facilement, je n’en reviens pas. Evidemment, pas de photos, tout est allé trop vite et j’avais d’autres pensées, je n’ai pas réussi à expliquer assez rapidement à Pierre-Olivier son emplacement. Immobile, il se confondait parfaitement à la couleur du sol, je ne l’ai vu que parce qu’il a bougé. Le lendemain, nous trouvons des panneaux d’explications claires et discutons avec un ranger expérimenté, notre attitude a été correcte, nous ajoutons juste des alarmes sonores à notre sac à dos. Le soir, nous dormons en pleine nature près de là, avec la visite de bonnes grosses vaches de leur veaux et de quelques lièvres.
Un foyer est déjà en place, c’est incroyable comme ce pays est fait pour vivre hors des structures, tout en étant propre.

-
Visite de tous les points de vue, tous plus époustouflants les uns que les autres. Après le soulèvement du plateau, les couches sédimentaires ont été érodées par le vent, l’hiver, au dégel, l’eau dissout les parties plus tendres, créant d’abord des cavités, puis séparant des pitons rocheux. Le blanc est du calcaire, les roches colorées contiennent des minéraux, fer et manganèse.
-
Dormons en forêt, à quelques centaines de mètres de l’entrée du parc, comme une dizaine de camping cars éparpillés aux alentours.
Nous rencontrons des Zurichois, en jeep, un couple en voyage pour 3 mois, l’autre pour une années, grands parents heureux d’avoir les jeunes générations les ayant rejoints pour des vacances.
-
Marche de « Bryce point », pour descendre jusqu’au fond de l’amphithéâtre de pitons, différents pins aux verts vifs splendides ressortant bien sur la couleur orange-rose saumon tellement typique de Bryce canyon.
Remontons par un autre chemin, vers « Sunrise point », plus touristique.
Bryce canyon est un endroit évoluant particulièrement vite, cela se voit que rien n’est solide! et connu pour avoir une grande obscurité et un ciel magnifique pour l’observation des astres. Pierre-Olivier fait quelques courtes sorties nocturnes, captivé par la voie lactée.